Sauvez Hamlet !, de Jasper Fforde

Ma relecture de la série Thursday Next avance tranquillement et nous voilà déjà au quatrième volume. Voyons un peu ce qu’a bricolé Jasper Fforde dans cet épisode qui d’une certaine façon clôt un premier cycle des aventures de la détective littéraire.

On débute cet opus en retrouvant Thursday Next toujours en exil dans le monde des livres, toujours à la tête de la jurifiction et maintenant mère d’un petit Friday au vocabulaire assez particulier. Et si la direction de la jurifiction a offert quantité d’aventures fantastiques à Thursday, cette dernière se languit de son monde d’origine et de son mari éradiqué. Elle décide donc de mettre les voiles et de rentrer au bercail. Mais il s’est passé pas mal de chose de l’autre côté de la barrière séparant la réalité de la fiction et il semblerait qu’un dénommé Yorrick Kaine n’ait pas dit son dernier mot.

C’est toujours un plaisir de retrouver Thursday Next et ses univers, tant le réel que celui de la jurifiction. Fforde commence d’ailleurs par nous rappeler un peu ce qu’est la vie de notre narratrice dans cet endroit étrange où les personnages tentent régulièrement de réécrire l’œuvre dont ils font partie quand ils n’essayent pas carrément de s’en échapper. Et ça fourmille toujours autant d’idées plaisantes et originales. Du côté du monde « réel », j’avoue assez bien ressentir la joie de Thursday à retrouver un univers familier un moment délaissé. Toutes les petites bizarreries de ce monde sont toujours là et l’auteur sait nous apporter de la nouveauté. Après la lecture de l’ouvrage, on ne peut que regarder différemment le croquet.

Le plaisir de la série Thursday Next ne tient pas seulement dans ces mondes bien particuliers bourrés de petites détails étranges, mais aussi dans des intrigues sympathiques qui font lire le livre à toute vitesse. Sauvez Hamlet ! n’y échappe pas et si j’ai relu l’ouvrage plus lentement que la première fois, c’est en partie pour bien en savourer le contenu. Sinon je l’aurai probablement lu une nouvelle fois à toute vitesse pour savoir comment s’en sortent les personnages et quelle est la réponse aux divers mystères, parfois aberrants en apparence, que sème Fforde dans son récit.

Parmi les thèmes avec lesquels joue l’auteur dans ce volume, il y a la politique et la communication. Et on est bien servi avec de beaux exemples sur la façon de noyer le poisson ou de créer des boucs émissaires. Par les temps qui courent, certaines scènes résonnent étrangement avec l’actualité. Et parfois je me dis qu’on aurait bien besoin de Thursday Next.

Fforde joue encore un peu avec la forme. On verra ainsi l’intérêt pour un personnage de bien négocier les termes de son contrat. On touche aussi parfois du doigt le côté fictif de cet univers qui en a peut-être légèrement conscience.

L’ouvrage est évidemment riche en référence et on y croisera effectivement le prince de Danemark évoqué dans le titre français de l’ouvrage. Je trouve d’ailleurs un peu dommage ce titre qui n’est pas une traduction fidèle du titre original. Ce dernier est « something rotten » que l’on pourrait traduire par « quelque chose de pourri », ce qui fait évidemment référence à la réplique « Il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark ». Pour moi, c’est toujours embêtant de perdre ce genre de référence un peu plus subtil, surtout pour un ouvrage qui regorge justement de ce genre de choses. Les traductions des titres des volumes suivants ne m’enchantent d’ailleurs guère plus.

Avec ce quatrième volume, Jasper Fforde termine une sorte de premier cycle des aventures de Thursday Next. C’est une joie de constater que ces livres supportent bien la relecture. J’ai probablement repéré plus d’allusions et références qu’à ma première lecture. Par contre, je sens aussi les limites de la traduction française. Il me reste encore un volume à relire en français et ensuite je pourrais enchainer avec les épisodes encore inédits pour moi, que j’attaquerais directement en anglais.

Sauvez HamletSauvez Hamlet ! (Something Rotten)
de Jasper Fforde
traduit par Roxane Azimi
éditions Fleuve Noir/10-18
487 pages (grand format) 480 pages (poche)

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