ATG#90 : Le Grand Livre des IndieGames

La fiche de l’émission

J’ai déjà eu l’occasion de parler deux fois des jeux dans l’imaginaire, lors des missions 58 et 85. Je vais donc cette fois essayer de parler de jeux vidéos, plutôt indés, auxquels j’ai eu l’occasion de jouer et qui m’ont fait bonne impression.

Tout d’abord, deux jeux cités au cours de l’émission. FTL (Faster Than Light), qui a connu un certain succès et inspiré d’autres jeux du même type. On y dirige un vaisseau appartement à une fédération spatiale dont le gouvernement a été renversé par des rebelles. L’objectif est de fuir les rebelles lancés à nos trousses et de parvenir à retrouver des troupes fidèles au régime. Tout ça avec un parcours semé d’embûches. On navigue donc de système en système, en se ravitaillant, en réparant à l’occasion les dégâts subis et en essayant d’éviter les embûches. Car l’espace est dangereux de façon très diverses : bandits, espèces hostiles, menaces environnementales, les problèmes ne manquent. C’est un jeu où l’on va perdre souvent. Mais chaque tentative permet d’accumuler des moyens permettent d’augmenter ses chances la fois suivante. Il faut clairement disposer des outils adéquats et les employer de la bonne façon pour réussir.

L’autre jeu évoqué dans l’émission est Papers Please. On se trouve dans une dictature d’Europe de l’Est imaginaire qui évoque assez fortement le monde soviétique. Et l’on y occupe un poste de contrôleur à la frontière. La mission : s’assurer que n’entre sur le territoire du pays que ceux qui disposent des bons papiers. C’est donc un jeu où l’on voit défiler les gens, avec divers types de papiers et où l’on doit comparer les documents produits avec les règles définis par le pays. Or, les règles changent régulièrement, allant en se complexifiant. Il devient donc de plus en plus difficile de ne pas se tromper. D’autant plus que le temps joue : plus on met de temps à valider un dossier et moins on peut en faire en une journée. Et comme on est payé à la tâche et que de l’autre côté il faut avoir les moyens de payer le loyer, le chauffage, etc. la tentation est grande de bâcler le travail. Ou d’accepter des pots de vins pour laisser passer des gens qui n’ont pas les bons documents. Cependant, les erreurs peuvent aussi être sanctionner financièrement. Et si on ne peut plus payer le chauffage, les enfants tombent malade. Si on n’a pas les moyens de les soigner, ils meurent, etc. Bref, le joueur est confronté à un défi qui va en se complexifiant tout en devant faire un numéro d’équilibriste. Notons que la taille du « bureau » où l’on contrôle les documents ne permet pas de tout étaler dessus en même temps, ça oblige à jongler pas mal. Et l’on sent bien que l’on n’est qu’un tout petit rouage dans une grande machine. Tout ça est servi avec un graphisme aussi moche et atroce que l’ancienne Europe de l’Est. La mise en ambiance est très bonne. Une légende dit que parmi les fins possibles, l’une serait heureuse. Je n’ai pas réussi à la trouver à ce jour.

Enfin, le troisième jeu que je proposerai s’intitule Gods will be watching. Il s’agit d’une sorte de point & click pour masochiste. On débute le jeu aux commande d’un groupe de preneur d’otage, dans une société futuriste qui ne respire pas le bonheur. L’objectif de cette équipe est de pénétrer un système de sécurité, avant que les forces anti-terroristes ne donnent l’assaut. Certaines actions sont répétables sans problème, mais d’autres font avancer le temps. Il faut donc arriver à faire reculer les flics, calmer les otages (en les rassurant ou en tapant l’un d’eux, voire en tuer un), hacker le système (qui résiste aussi), etc. La tension monte au fur et à mesure et on échoue facilement plusieurs fois avant d’arriver à termine ce premier tableau et encore, pas forcément de façon très satisfaisante, car il y a plusieurs façons de terminer chaque tableau. Le jeu en compte six en tout. Chaque scène va proposer des choix moraux difficiles et il est compliqué, voire impossible, de trouver une voie qui n’impose pas de salir sa conscience. C’est donc un jeu qui demande non seulement pas mal de tentatives pour arriver à finir un tableau, mais encore plus d’essai pour arriver à le finir d’une façon pas trop insatisfaisante sur le plan moral. Personnellement, j’ai tendance à ne pas aimer les jeux où il faut recommencer de nombreuses fois une phase de jeu. Mais ici, c’est vraiment bien passé, notamment parce que je trouve que les choix moraux à faire sont intéressant.

Enfin, j’ai terminé par une petite recommandation lecture : La vie de Norman, de Stan Silas. Une bande-dessinée qui aurait presque l’air de pouvoir être lue par les enfants… alors qu’il s’agit d’une série trash. Norman est un petit garçon de huit ans avec une grande passion : les serial killers. Et je ne parle pas d’une petite obsession malsaine qui se résumerait à collectionner les coupures de presse de faits sordides. Je parle d’un gamin qui adore se promener avec son masque de Jason, qui affute des couteaux aussi long que lui et qui trucide ses camarades de classe. Le reste est à l’avenant : l’institutrice est une alcoolique finie, les camarades de classe vont de la gamine insupportable et pourrie à la gosse élevée dans une pauvreté crasse. Bref, c’est de l’humour noir qui demande de laisser le côté obscur des lecteurices s’exprimer un peu. La série compte cinq albums ainsi qu’un spin-off, Sylvaine – itinéraire d’une enfant pauvre, dans lequel la gamine pauvre par excellence (ses camarades de classe refusent de l’approcher, de peur que la pauvreté soit contagieuse) décide de profiter des vacances pour essayer d’aller voir la mer. Une histoire de voyage, avec des rencontres, encore de l’humour très grinçant mais aussi des moments très touchants, voire qui font mal.