ATG #64 : Un petit tour dans les étoiles…

La fiche de l’émission

Avant les propositions de lecture, j’ai fait un petit aparté à propos d’une vidéo datant de 1988 : un entretien télévisé entre Carl Sagan, Arthur C. Clarke et Stephen Hawking. Une telle discussion entre ces stars de la science et de la SF a de quoi faire rêver. Pour les anglophones, c’est visible par ici.

Le thème des ovnis devrait faire partie des thèmes majeures de la littérature de SF. Mais curieusement, ce n’est pas le cas. On trouve évidemment quantité de films et de séries télévisées qui traitent du sujet, notamment X-Files qui est de retour cette année. Mais du côté des livres, c’est nettement plus pauvre. Du moins dans le champ de la SF. Je suppose que l’affaire de Roswell et les délires conspirationnistes que cela a inspiré ont du rentre la chose un peu trop sulfureuse pour la plupart des auteurs de  SF, qui auront donc préféré s’intéresser à d’autres thèmes (et ce n’est pas ce qui manque dans le genre). L’approche conspirationniste du sujet a d’ailleurs permis à ce sujet de se retrouver dans quelques thrillers. J’ai ainsi lu il y a quelques temps La conspiration de Roswell de Boyd Morrison qui tente des approches rationnelles aux mystères qu’il explore. On n’a néanmoins en France un sorte de star en matière d’ouvrages consacrés aux ovnis : Jimmy Guieu. N’ayant rien lu du bonhomme je ne peux pas en dire grand chose si ce n’est que sa réputation est assez sulfureuse.

Je peux par contre proposer un ouvrage britannique d’Adam Roberts intitulé Yellow Blue Tibia. Dans ce roman Staline réuni à la fin de la seconde guerre mondiale les écrivains de SF soviétique en leur confiant une mission : créer de toutes pièces la nouvelle menace qui permettra de maintenir l’union de la nation après l’écrasement des nazis. Cette nouvelle menace doit venir du ciel. Mais après quelques semaines de boulots, le projet est abandonné et ses participants renvoyés chez eux avec pour ordre de tout oublier. Quelques décennies plus tard, l’un des écrivains reprend contact avec un de ses anciens collègues et lui annonce que quelqu’un est en train de réaliser le plan qu’ils avaient mis au point.

Par extension, au-delà des ovnis on peut parler du thème du premier contact, qui est lui nettement plus récurrent dans la littérature de SF. J’en ai déjà parlé par le passé en évoquant notamment Contact de Carl Sagan, La paille dans l’œil de Dieu de Larry Niven & Jerry Pournelle, L’œuf du dragon de Robert Forward, Martiens go home de Fredric Brown et L.G.M. de Roland C. Wagner. Mais je peux enrichir ces précédents conseils de quelques ouvrages supplémentaires.

2001, l’odyssée de l’espace, d’Arthur C. Clarke, est évidemment l’un des grands classiques du genre. Écrit en même temps que le film du même nom, le roman propose une forme de premier contact dans lequel on ne voit pourtant jamais directement d’espèce extra-terrestre. Les plus curieux pourront aussi se pencher sur la nouvelle La sentinelle, du même auteur, qui est à l’origine du roman et du film. Ce thème du premier contact est l’une des marottes d’Arthur C. Clarke et c’est donc le thème central d’un autre de ses grands classiques : Rendez-vous avec Rama, l’histoire de l’exploration d’un vaisseau extra-terrestre qui vient croiser du côté de la Terre.

– Je parle essentiellement de littérature anglophone, mais on trouve aussi quelques bons exemples venus de l’est. Tout d’abord Solaris de Stanilas Lem, un autre classique du genre, que je qualifierai un peu comme le pendant polonais de 2001. Tout comme son homologue britannique, ce roman a un rythme assez lent et a lui aussi fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Andreï Tarkovski.

– Du côté soviétique, on trouve un autre classique sur le thème du premier contact : Stalker d’Arkady et Boris Strougatski. Ou plutôt du non contact en l’occurrence. Des extra-terrestres sont passés sur Terre et on abandonné derrière eux les restes de leur expédition. Des aventuriers bravent régulièrement les dangers de la Zone pour essayer de mettre la main sur les objets les plus intéressants. Avec ce livre, les frères Strougatski ont réussi à produire un ouvrage intemporel et dont on peut difficilement placer géographiquement l’action. Là aussi le rythme est un peu particulier mais Stalker offre une réflexion intéressante sur ces possibles visiteurs de l’espace et sur leur éventuel manque d’intérêt à notre égard. A noter que ce livre a lui aussi été adapté à l’écran par Tarkovski, dans ce qui est peut-être le film le plus ennuyeux qu’il m’ait été donné de voir (quoique magnifique sur le plan visuel). Les amateurs de jeux vidéos connaissent peut-être la saga S.T.A.L.K.E.R. elle aussi inspirée par ce roman.

– Du côté nouvelles on peut explorer un peu la question du paradoxe de Fermi (pourquoi les extra-terrestres ne nous ont-ils pas déjà rendu visite ?) grâce au recueil Les sphères de cristal, de David Brin. L’auteur y propose quelques solutions. Les anglophones pourront poursuivre la réflexion avec son dernier roman, Existence, pur ouvrage de premier contact dans lequel l’auteur explore plusieurs pistes sur la multiplicité ou au contraire l’absence de vie dans l’espace.

– On trouve aussi matière à lecture sur le sujet chez l’un des comparses de Brin avec la série du Centre Galactique de Gregory Benford et en particulier les deux premiers volumes : Dans l’océan de la nuit et A travers la mer des soleils. On y assiste à un premier contact mais on explore aussi le pourquoi de la rareté apparente de la vie dans l’univers.

– Pour ceux qui s’intéresse un peu à la religion, à la foi et à leur rapport à la science, je conseille vivement Le moineau de Dieu, de Mary Doria Russell. On y suit une expédition dirigée par des jésuites dont le but est de rencontrer la première civilisation extra-terrestre découvre par ses émissions radios. On sait dès le début que l’expédition a mal tourné, le livre va nous apprendre pourquoi.

– Les amateurs d’idées tordues et de concepts barrés peuvent se pencher sur Vision aveugle, de Peter Watts. L’auteur raconte sa version du premier contact entre l’humanité et une intelligence extra-terrestre. Et comme Watts n’est jamais en panne d’idée loufoque, il nous propose entre autres sa version du vampire, avec des explications rationnelles à la clé. Le roman est parfois un peu étouffant par sa densité mais très intéressant.

La Grande Porte, de Frederik Pohl, est l’un des rares romans à avoir gagné les prix Hugo, Nebula et Locus. On y voit comment l’humanité fait usage d’un vestige d’une autre civilisation extra-terrestre pour explorer un peu au hasard le reste de la galaxie. Les diverses suites ne présentent pas un grand intérêt, mais ce premier volume a une certaine originalité.

– Je vais m’autoriser une petite once d’autopromotion en disant quelques mots sur L’invasion de Vénus, de Stephen Baxter, nouvelle parue dans le numéro 70 de la revue Bifrost. Auto-promo car je suis co-traducteur du texte. Par cette nouvelle, Baxter nous propose une sorte de non-contact avec une intelligence extra-terrestre, ou comment l’humanité va assister à l’arrivée d’extra-terrestres qui ne semblent pas vouloir communiquer et on comprendra très vite pourquoi il vaudra mieux ne pas insister. Du même auteur, et disponible uniquement en anglais, je conseille aussi son récent Proxima, premier volume d’un diptyque consacré à la colonisation de la première exoplanète autour de Proxima du Centaure.

– Enfin, du côté de la xénoarchéologie on peut jeter un œil sur Les machines de Dieu, de Jack McDevitt. Ce roman est le premier d’une série qui s’intéresse aux restes de civilisations extra-terrestres que l’humanité découvre au fil de son exploration des étoiles. Ce thème se retrouve d’ailleurs dans plusieurs séries télévisées dont Babylon 5 et Star Trek, et dans le domaine du jeu vidéo, notamment The Dig (merci Lord Ton Père pour ce rappel), vieux point & click de chez Lucasart, et les sagas vidéoludiques Halo et Mass Effect.

– Et pour terminer, grâce au rappel du reste de l’équipe, Points chauds de Laurent Genefort, un très sympathique roman dans lequel les extra-terrestres utilisent la Terre comme une zone de transit. Un bon roman qui parle finalement beaucoup de l’humain.