ATG #80 : Bienvenue dans le monde PP

La fiche de l’émission

N’ayant pas d’idée précise à associer à l’invité de l’émission, j’ai décidé de parler un peu d’ouvrages que je n’avais pas encore eu l’occasion de présenter (ou alors il y a bien longtemps).

Je commence avec la dernière œuvre de David Gemmell : la trilogie Troie. L’annonce de ce projet m’avait fort enthousiasmé. L’idée que David Gemmell, grand auteur de fantasy d’action, s’attaque à ce monument qu’est le mythe troyen avait tout pour plaire. Et donc aussi tout pour décevoir si le résultat n’était pas à la hauteur. Fort heureusement, le britannique s’en est magnifiquement sorti et s’il n’a pas pu terminer le dernier volume, qui sera conclu par son épouse, je crois qu’il a pu finir sa carrière avec l’une de ses meilleures œuvres. Contrairement au classement que l’on peut fréquemment trouver pour cette série, ce n’est pas de la fantasy mais du roman historique. Gemmell replace la guerre de Troie dans son contexte historique supposé. C’est l’époque de Ramsès II et de Moïse, des empires égyptien et hittite et c’est le début de l’âge du fer. L’auteur réécrit à sa sauce un certain nombre des grands événements du siège de Troie mais parvient toujours à garder l’essence des personnages et livre un résultat tout aussi épique que la production d’Homère. J’invite donc les amateurs du mythe troyen à se plonger dans Le seigneur de l’arc d’argent, Le bouclier du tonnerre et La chute des rois (chez Bragelonne et Milady).

Ensuite, je vous propose un manga, lui aussi historique et parlant d’un autre conflit antique moins mythique mais plus réel et documenté. Écrit et dessiné par Mihachi Kagano, Ad Astra (chez Ki-Oon) raconte la deuxième guerre punique à travers la vie d’Hannibal Barca et de Scipion l’Africain. Si l’histoire est un peu romancée et que l’auteur se permet quelques libertés par rapport à la réalité historique, Ad Astra est un manga bien documenté et dont le scénario suit assez fidèlement l’histoire telle que nous la connaissons.

Je touche aussi deux mots d’une saga vidéo-ludique que j’aime beaucoup : Mass Effect . La première trilogie de jeux a été accompagnée d’une série de romans, dont les trois premiers sont écrits par Drew Karpyshyn, scénariste principal des jeux, et disponibles en français (chez Milady). Ces romans ne sont certes pas de grands romans de SF, mais j’ai pris pas mal de plaisir à replonger dans l’univers Mass Effect et à en découvrir de nouveaux coins. Le nouvel épisode, Andromeda, est lui aussi accompagné d’une série de romans dont je pense lire au moins le premier, histoire de voir un peu ce que l’on nous propose à ce sujet.

Parlons maintenant un peu de comics avec deux séries. La première s’intitule Gotham Academy (chez Urban Comics) et comme son nom l’indique elle se passe dans une institution scolaire dans la ville où officie Batman. Créée par Becky Cloonan, Brenden Fletcher & Karl Kerschl, cette série est une sorte de croisement du Club des Cinq et Scoubidou. En effet, les protagonistes de cette série sont des ados et ils sont régulièrement confrontés aux événements surnaturels (ou pas) qui émaillent la vie de leur campus. La petite bande compte des personnages sympathiques et au caractère assez marqué et c’est dessiné de façon très plaisante.

L’autre comics, c’est Lumberjanes (chez Urban Comics). Créée par Shannon Watters, Grace Ellis, Brooke A. Allen & Noelle Stevenson, cette série met en scène une troupe de scoutes féminines. Et c’est complètement barré. Car la forêt où campe la joyeuse troupe, encadrée par une chef régulièrement au bord de la crise de nerfs devant les turpitudes des scoutes, est bourrée de loup-garous, de trucs indiens chelous et autres bizarreries. Tout cela est prétexte à des aventures délirantes, servies par un dessin assez frais. Un cross-over avec Gotham Academy a été publié en anglais. Je ne sais pas s’il sera traduit en français, mais je gage que la rencontre entre les deux groupes doit produire toutes sortes d’étincelles intéressantes.

Passons à une BD franco-belge. Scénarisé par Wilfrid Lupano et dessinée par Jérémie Moreau, Le singe de Hartlepool (chez Delcourt) se passe pendant l’ère napoléonienne. Un navire s’échoue sur la côté britannique et le rescapé du naufrage est la mascotte du bateau : un singe habillé d’un uniforme. Capturé par les villageois qui ne le comprennent pas et qui l’assimilent à un espion français, le pauvre singe est traduit en justice. Inspiré par une légende locale, ce récit est un conte cruel qui peint la cruauté humaine.

Revenons brièvement aux romans avec un livre qui m’a fait forte impression lorsque je l’ai lu. Avance rapide (chez Milady) est le premier roman du britannique Michael Marshall Smith. Stark est une sorte de détective privé qui possède un don un peu particulier. Il est chargé de retrouver un homme important qui a mystérieusement disparu. Mais dans l’immense ville où vit Stark, rien n’est simple, d’autant plus que chacun des quartiers qui la compose a ses spécificités. Ce roman démarre comme un polar de SF avec une pointe de cyberpunk. Mais le chemin que va faire le lecteur à travers l’ouvrage n’a rien à envier au périple de son principal protagoniste. Avance rapide est un livre surprenant et qui bien longtemps après sa lecture me laisse encore des images particulières en tête, comme une étrange façon de traverser la mer par exemple.

Enfin, terminons par une série de BD. Si on sort des univers de l’imaginaire, la série Spoon & White (chez Vents d’Ouest) a un côté référentiel qui peut parler au public geek. Scénarisée par Jean Léturgie & Yann et dessinée par Simon Léturgie & Franck Isard, cette série conte les aventures des deux plus mauvais flics de New-York (et probablement de tout le pays, voire du monde). Spoon est un nabot qui ne se sépare jamais de son flingue et qui se fait des intégrales Inspecteur Harry dans son mobile-home, entouré de ses peluches. White est un dragueur minable persuadé de descendre des migrants du Mayflower. Et ces deux abrutis prétendent s’attirer les faveurs de Courtney Balconi, reporter vedette qui ne sait jamais comment se débarrasser de ces boulets. Les huit albums de la série sont bourrés de références et de gags et m’ont offert de beaux moments de détente entre deux lectures plus sérieuses.