Lectures abandonnées

Jusqu’ici je n’ai fait que des articles sur des livres que j’avais intégralement lu. Mais dans la mesure où je ne fais pas que des chroniques sur des livres que j’ai apprécié, voire parfois sur des livres que j’ai carrément détesté (ça peut être assez facile à écrire comme chronique), j’ai fini par me dire qu’il pourrait être pas mal de causer un petit peu des ouvrages que j’abandonne. Cependant, je ne vois pas trop l’intérêt d’en faire une chronique complète, surtout que pour certains ouvrages ma lecture s’est arrêté rapidement. Je me propose donc de faire une page où je vais lister ces titres et essayer pour chacun d’expliquer la raison qui m’en a fait arrêter la lecture. Et je mettrai à jour cette page au fur et à mesure que j’abandonnerai d’autres lectures. Le moins possible, tant qu’à faire.

La liste suivante est présentée en ordre antéchronologique. Chaque nouvelle lecture abandonnée y sera donc ajoutée en première place.

Le dragon ne dort jamais, de Glen Cook. J’aime beaucoup ce qu’a fait l’auteur avec La Compagnie Noire, ainsi qu’avec sa série Garrett. C’est donc sans hésiter que je me suis lancé dans un autre de ses romans : un one-shot de space-opera avec en prime une belle couverture de Manchu. Et c’est une belle déception. L’univers semble assez riche, il y a pas mal d’enjeux et de personnages, répartis en différentes factions. Bref, j’y retrouve des choses que j’apprécie chez Cook. Le problème c’est qu’il y a aussi certains de ses défauts : une intrigue pas toujours très claire, des enchaînements d’actions dont je peinais à comprendre la logique. Et puis il y a aussi ce truc qui me freine parfois dans les bouquins d’imaginaires : une foison de titres différents pour désigner des personnages (maître-guetteur, BélliGérant, etc.), des véhicules, des institutions ou autres. En soi, ce n’est pas forcément un frein pour autant qu’il y ait une minimum d’explications. Ou alors que ça semble avoir un sens assez évident. Or, ici j’ai trouvé qu’il y avait un empilage trop important d’éléments de ce style. Après cent quatre-vingt pages je ne comprenais toujours pas vraiment qui s’opposait à qui, ni quel était le périmètre du récit. Je ne saisissais pas les enjeux. Bref, les règles du jeu m’échappaient presque complètement. Donc j’ai préféré laisser tomber.

Vestiges, de Laurence Suhner. J’avais l’espoir de quelque chose qui m’emballerait, vu que je percevais l’ouvrage comme s’inscrivant dans la xeno-archéologie. Quelque chose dans la lignée de Les machines de Dieu, de Jack McDevitt, par exemple. Mais après deux cents pages, soit un bon tiers de l’ouvrage, j’ai eu la sensation que ça ne décollait pas. Je n’avais pas avancé d’un pas vers le mystère proposé au début du bouquin et vu qu’il s’agit du premier volume d’une trilogie, j’ai commencé à suspecter qu’on apprendrait rien d’intéressant dans ce premier volume. De plus, je n’ai trouvé aucun intérêt aux personnages, un poil caricaturaux par moment. Le contexte proposé, avec une sorte d’opposition entre une autorité locale et des indépendantistes, ne m’a pas convaincu. La milice du coin semble incapable de trouver le repère des indépendantistes… alors qu’on semble y entrer et sortir comme d’un moulin. Bref, j’ai vu s’empiler trop d’obstacles pour que je puisse continuer à lire sans m’agacer sur les défauts et sans espoir d’avoir des réponses satisfaisantes.

La cité à la fin des temps, de Greg Bear. J’ai une affinité un peu particulière avec Greg Bear. J’ai bien apprécié La musique du sang, Éon, La reine des anges ou encore le diptyque L’échelle de Darwin/Les enfants de Darwin. Mais je suis ressorti de L’envol de Mars et En quête d’éternité sans être convaincu. Je me suis carrément ennuyé dans Cryptum, premier volume d’une trilogie dans l’univers des jeux vidéos Halo. Et j’ai carrément abandonné Hull Zero Three à mi-parcours. Cette fois, j’ai tenu à peine une cinquantaine de pages. Rien ne m’a emballé d’emblée et j’ai bien senti que ça allait rester comme ça pendant tout le reste de l’ouvrage. J’ai donc décidé d’arrêter rapidement les frais.

Suprématie, de Laurent McAllister. Sur le papier, ce livre avait de bons atouts pour me plaire : du space opera avec de la guerre parmi les étoiles. Et j’y ai trouvé des choses intéressantes. L’univers proposé m’a paru assez bien construit, l’idée de la Suprématie faisait un bon antagoniste, l’utilisation de mot provenant de l’allemand ajoutait une petite touche d’originalité et on avait une dose de technobabillage digne de Peter F. Hamilton. Mais les périodes d’interruption dans la lecture de ce roman (je lis souvent plusieurs ouvrages en parallèle) ont été de plus en plus longues. Jusqu’à ce que je n’ai tout simplement plus l’envie de continuer, après deux cents pages soit un petit tiers. Certains éléments de l’intrigue me semblait un peu trop gros. Le fonctionnement du vaisseau, élément au cœur du récit, et de son équipage ont toujours été trop opaque pour moi. Et le personnage principal n’a jamais réussi à m’intéresser. La mayonnaise n’a donc jamais prise.

A deux pas du néant, de Tim Powers. J’ai eu de très bonnes lectures avec Tim Powers : Les voies d’Anubis, Sur des mers plus ignorées et Poker d’âmes. J’avais par contre un peu peiné avec Les puissances de l’invisible que j’avais trouvé un peu trop long, environ sept cents pages. J’espérai que A deux pas du néant avec ces « seulement » cinq cents pages passerait plus facilement. C’est raté, bien que j’ai tenu trois cent cinquante pages avant de lâché l’affaire. Certaines idées étaient pas mal mais d’autres ont été un peu loin pour ma suspension d’incrédulité. Et j’ai eu beau faire, je n’ai jamais eu grand intérêt pour les personnages. J’ai donc fini par décider de mettre fin à l’expérience.

La mort blanche, de Frank Herbert. Si j’ai beaucoup aimé Dune et assez diversement supporté ses suites, j’ai toujours eu un peu de mal avec les autres titres de Herbert que j’ai lu. J’ai laissé tomber le Programme Conscience après deux volumes et si je suis arrivé au bout de L’étoile et le fouet c’est en partie dû au fait que l’ouvrage est vraiment peu épais. J’ai fait une nouvelle tentative avec ce roman nettement plus épais, sept cents pages. Un livre qui s’approche du thriller de sf et du roman-catastrophe, plutôt que du space-opera des autres titres que j’ai lu de l’auteur. On y suit donc un personnage dont la femme et les enfants sont tués lors d’un attentat terroriste en Irlande. Pour se venger, il met donc au point un virus qui va punir les irlandais, les anglais et quelques autres… en ne tuant que les femmes. Pour punir des coupables (supposés) on décide donc déclencher un féminicide mondial, bien que dans la tête du type en question les femmes semblent bien innocentes dans cette affaire. Magnifique. J’ai tenu deux cents pages avant d’arrêter. Je suis incapable d’éprouver de l’empathie pour un personnage pareil. J’ai d’ailleurs eu un peu l’impression que la disparition de ses deux gosses n’était pas une grosse affaire. Le reste des personnages ne brillait pas particulièrement et au moment où j’ai abandonné le rythme commençait à ralentir sérieusement. Bref, l’ouvrage est indéfendable pour moi.

Les seigneurs de la guerre, de Gérard Klein. Abandonné après cinquante pages. Je trouvais ça trop vieux, trop daté et j’avais lu quelques mois auparavant un autre roman de l’auteur avec le même genre de défaut. Même si le roman n’est pas épais et aurait été rapidement lu, je sentais bien que je n’en retirerai aucune satisfaction, j’ai donc laissé tomber.

La voie terrestre, de Robert Reed. L’idée de départ est intéressante : il existe une infinité de Terre parallèles et un groupe d’individus qui passe régulièrement d’un monde à l’autre. Si l’auteur propose un peu de mystère sur les origines de ce groupe et son but, ça n’a pas suffit pour que j’aille jusqu’au bout. Le personnage principal ne m’a jamais plu et les autres protagonistes ne m’ont pas particulièrement emballé. Ça se lisait bien mais finalement ça ne provoquait pas grand chose en moi. J’ai donc arrêté les frais à la moitié.

La cité des permutants, de Greg Egan. Jusqu’ici, j’ai aimé ce que je lisais de l’auteur. Que ce soit le roman Isolation, le recueil de nouvelles Axiomatique ou la novella Cérès & Vesta, j’y trouvais de l’intérêt à chaque fois. Mais cette fois, ça n’a pas été le cas. L’idée principale m’a fait l’effet d’une martingale foireuse, l’un des personnages principaux m’agaçait profondément et l’histoire n’a jamais su m’entrainer. Arrivé à cent pages de la fin, j’ai décidé que j’avais perdu assez de temps avec ce livre et je suis passé à autre chose.

S.O.S. Antarctica, de Kim Stanley Robinson. J’ai eu de très bonnes lectures avec cet auteur, notamment la Trilogie Martienne et Les menhirs de glace. Mais j’avais aussi été un peu déçu par la Trilogie Climatique qui se perdait un peu dans la présentation d’idées et avait un côté un peu trop « facile » dans la résolution des problèmes. Cette fois, ça a carrément été un ratage pour moi. J’ai laissé tomber après un peu moins de deux cents pages. Les explications que donne l’auteur sur le continent gelé sont intéressantes, mais les personnages le sont moins et surtout il y a une absence à peu près complète d’histoire. Qu’un récit mette un peu de temps à décoller, je veux bien, mais qu’après deux cents pages il ne se soit toujours rien passé de notable, ça m’use.

Mycroft Holmes, de Kareem Abdul-Jabbar et Anna Waterhouse. L’univers de Sherlock Holmes a été réutilisé à toutes les sauces par une myriade d’auteurs. De nouvelles enquêtes du célèbre détective au développement de tous les autres personnages, des plus connus au plus obscurs, à peu près tout aura été fait. L’idée d’un livre consacré au frère ainé de Sherlock m’intéressait vivement. Le problème quand on vient se servir dans un univers déjà existant, c’est de respecter un minimum le matériel d’origine et de faire de son mieux. Et là, c’est franchement raté. Le principe de revenir sur la jeunesse d’un personnage pour montrer qu’il n’a pas toujours été tel qu’on le connait et expliquer pourquoi il est devenu ainsi est tout à fait louable. Mais je ne peux pas y adhérer quand ce qu’on me montre est totalement aux antipodes de ce que deviendra le personnage. S’il n’y a pas déjà un minimum de ce que sera le futur protagoniste, j’ai beaucoup de mal à y croire. Là, on est limite dans une version totalement inversée du Mycroft connu. Ajoutons à cela une intrigue bourré de très grosses ficelles avec des facilités de partout. J’ai trouvé le résultat franchement indécent et j’ai abandonné après cent cinquante pages. Pour ceux qui veulent quelque chose explorant l’univers holmesien je conseillerai plutôt le Moriarty de Kim Newman ou bien la série de BD Les quatre de Baker Street de Legrand, Djian & Etien.