La moitié d’un monde, de Joe Abercrombie

J’ai déjà parlé à plusieurs reprises de Joe Abercrombie sur ce blog. La dernière fois il s’agissait du premier volume de sa trilogie young adult La mer éclatée. Ce premier épisode constituait une bonne adaptation d’Abercrombie à ce nouveau public tout en conservant ce qui fait son identité. Voyons donc si La moitié d’un monde, deuxième volume de la trilogie, est à la hauteur du premier.

Quelques années ont passé depuis les événements de La moitié d’un roi et Yarvi essaie de conseiller tant bien que mal son roi. Mais les manigances de la cour du Haut-Roi et de sa conseillère grand-mère Wexen amènent la guerre aux portes du royaume, qui n’a pas les moyens d’y faire face. Yarvi part alors en expédition à la recherche d’alliés. Et dans sa besace il emmène deux apprentis guerriers, Épine qui tente de se faire un chemin en tant que femme dans un domaine presque totalement masculin et Brand dont la force physique et les ambitions ne sont pas forcément compatibles avec son caractère et sa morale.

Si Yarvi est toujours présent dans ce deuxième volume, le récit change de point de vue puisque l’on suit ceux de Épine et Brand. La perspective est donc différente et doublée par rapport à La moitié d’un roi. Le côté young adult de la série se sent toujours un peu car Abercrombie reste un peu plus léger dans la violence mais elle reste bien présente et l’intrigue avance toujours assez rapidement. Tout comme dans le premier volume, on ne perd pas trop de temps sur des digressions sans trop d’intérêt et ça offre un roman assez complet en un peu plus de trois cents pages (en grand format tout de même). La fin de l’ouvrage incite évidemment le lecteur à s’intéresser au troisième et dernier épisode, mais on peut aussi décider de s’arrêter là un moment, voire définitivement, sans trop en souffrir.

Le changement de point de vue offre un éclairage différent sur le personnage de Yarvi. Brand et Épine n’ont bien sûr pas la même vision du jeune homme que celle que le lecteur a pu avoir dans le premier volume. De plus, quelques années ont passé, Yarvi a dû s’adapter à son nouveau rôle et s’impliquer pleinement dans les intrigues diplomatiques entre nations voisines. Tout cela produit un personnage différent, plus adulte, plus sage mais aussi plus cynique et sombre. De leur côté, Épine et Brand offrent deux variantes sur le thème des personnages qui ne trouvent pas leur place. Ce thème est d’ailleurs très récurrent chez Abercrombie, qui l’exploite un peu partout dans son univers de la première loi. Chacun de ses livres contient des personnages qui projettent une image d’eux-mêmes qu’ils ne reconnaissent ou n’acceptent pas. On peut aussi coupler cela avec une autre idée assez fréquente chez Abercrombie : la violence comme principale moyen d’expression. Je suis d’ailleurs assez curieux de voir si ces points se retrouveront à nouveau dans les futurs ouvrages de l’auteur.

Avec La moitié d’un monde, Abercrombie propose une suite intéressante à La moitié d’un roi. Le changement de point de vue permet de changer un peu les choses, ainsi que se projeter quelques années après le premier volume tout en restant avec des points de vue d’ado. Cet épisode élargit un peu le spectre géopolitique de l’univers de la Mer Éclatée et dessine les contours du conflit que l’on suivra probablement dans le troisième et dernier volet intitulé justement La moitié d’une guerre. Que je lirai évidemment avec plaisir.

La mer éclatéeLa moitié d’un monde (Half a World)
de Joe Abercrombie
traduit par Juliette Parichet
illustration de Didier Graffet
éditions Bragelonne
360 pages (grand format)

disponible en numérique chez 7switch

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