La route de la conquête, de Lionel Davoust

Le roman La Volonté du Dragon avait été une bonne première expérience avec la plume de Lionel Davoust. L’auteur ayant continué à explorer le même univers, je poursuis donc avec le recueil La route de la conquête.

Le recueil contient six textes, de taille assez variable. Le premier texte, éponyme, est une novella. On y retrouve Stannir Korvosa, personnage secondaire de La Volonté du Dragon. Devenue généralissime, elle conduit les armées de l’empire d’Asreth à la conquête du monde. On retrouve dans ce texte un peu le même schéma que dans le roman : les armées de l’empire tentent de soumettre un nouveau peuple, dont la culture est à angle droit avec celle d’Asreth. L’affaire va cependant se jouer différemment. Les différences de culture et les incompréhension qui en résultent sont bien mises en scène. J’ai aussi apprécié de retrouver Korvosa, dans une version un peu plus sage et moins impulsive. On sent bien que la vie lui a amené une expérience riche et qu’elle a su en retenir quelque chose. Son dilemme se suit avec intérêt. Et l’auteur parvient à conclure tout ça de façon assez satisfaisante.

Le texte suivant est une nouvelle. Dans Au-delà des murs on s’intéresse à un soldat en convalescence après une expérience qui lui a fait perdre la mémoire. On suit son parcours et ses entretiens avec son thérapeute, pour essayer de faire revenir à la surface les souvenirs enfouis. On nous propose donc un mystère qui va se dévoiler peu à peu, avec en parallèle une présentation l’une des conséquences de la guerre : les traumas. Un texte intéressant avec quelques éléments originaux.

La nouvelle suivante s’intitule La fin de l’histoire. On retourne sur le terrain de la conquête en suivant cette fois un personnage dont la tâche consiste à comprendre la culture qui va être absorbée par l’empire, afin d’en conserver la mémoire. On voit comment ce conservateur découvre cette nouvelle culture, alors que l’armée de l’empire se démène à travers une jungle, et le défi que représente pour lui la compréhension de cette culture. Les idées sont intéressantes mais j’ai été un peu moins emballé par ce texte que par les autres.

Dans Bataille pour un souvenir, on a le pendant de Au-delà des murs puisque l’on suit certains événements qui conduisent à la nouvelle précédente, mais vu de l’autre côté. Même s’il y a un petit côté de déjà vu, la plongée dans la culture présentée est vraiment intéressante. Et c’est assez émouvant aussi, vu la façon dont les membres de cette culture doivent procéder pour résister aux armées de l’empire. Lionel Davoust retranscrit ça admirablement.

Changement d’ambiance avec Le guerrier au bord de la glace. On a cette fois bien avancé dans le temps puisque l’empire ne semble plus préoccupé par la conquête du monde mais par sa propre survie face aux divergences internes. Et la technologie a clairement progressé. Ce texte fait la part belle à l’action façon mecha japonais avec un côté assez jouissif. La cohérence de ce choix avec la maîtrise de la magie qui caractérise l’empire est plutôt bonne. Et ça fait plaisir de voir un auteur faire véritablement évoluer son univers.

Enfin, le recueil se termine sur Quelques grammes d’oubli sur la neige. Un texte qui semble se passer longtemps après la disparition de l’empire, où certains rêvent encore de ce passé plein de merveilles. La base du texte est assez classique : une sorcière à qui un homme pouvoir impose un marché pour obtenir ce dont il rêve et qui s’en mordra les doigts à la fin. Mais l’exécution est bonne, on ressent bien l’emprise qu’ont les visions sur le seigneur, son envie d’en avoir toujours plus et la résignation de la sorcière qui sait que tout ça ne finira pas bien. Par moment, la nouvelle m’a aussi un peu fait penser à Rhialto le merveilleux, dernier roman du cycle de La Terre mourante de Jack Vance.

Ce recueil fut une lecture agréable. J’ai eu le plaisir de retrouver un univers qui m’avait déjà intéressé la première fois et que l’auteur a su enrichir de façon intéressante. Les textes sont assez variés dans leur approche et le fait de voir différentes époques permet de bien noter l’évolution des choses, le dernière texte ayant même un petit côté « sautons un peu au-delà de la fin de l’histoire ». Ce sera donc avec toujours autant d’intérêt et de curiosité que je me pencherais sur l’ouvrage suivant explorant cet univers : le roman Port d’âmes.

La route de la conquête
de Lionel Davoust
illustration de François Baranger
éditions Critic
348 pages (format moyen)

Disponible en numérique chez 7switch

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