Et si Napoléon avait gagné à Waterloo ?, d’Antoine Reverchon

L’uchronie a des événements et des individus qui concentrent une part importante des hypothèses qui sont formulées. Napoléon en fait partie, tant le personnage a marqué l’histoire du continent européen et les propositions de point de divergence le concernant sont nombreuses. La possibilité d’une victoire plutôt qu’une défaite à Waterloo en fait partie et c’est sur la base de cette hypothèse qu’Antoine Reverchon propose un ouvrage s’intéressant à la suite des événements.

J’ai déjà chroniqué plusieurs ouvrages de la collection Mystères de guerre et les approches sont assez variées. Ceux sur Hitler et la bombe atomique et Hannibal face à Rome expliquaient pourquoi les hypothèses alternatives n’ont pas eu lieu et montraient parfois que les conditions à remplir pour obtenir des chemins uchroniques étaient difficiles à réaliser. Celui sur l’assaut par l’Axe de l’île de Malte faisait le choix de montrer un déroulement alternatif des événements, le fameux point de divergence. L’ouvrage de Reverchon se rapproche de ce dernier, puisque l’auteur démarre par le point de divergence, mais il pousse l’exploration de ses conséquences nettement plus loin.

L’auteur propose donc un déroulement alternatif de la bataille de Waterloo, principalement par un positionnement un peu différent des forces de Napoléon, ainsi qu’une meilleure communication avec Grouchy, l’éternel bouc émissaire de cette défaite. Ceci représente à peine un cinquième de l’ouvrage. Une fois la victoire remportée par l’Empereur dans la célèbre morne plaine, Reverchon explore un récit alternatif, avec un enchaînement de campagnes militaires, jusqu’au début de l’automne 1815, qui permet à Napoléon de battre en détail les différentes armées coalisées qui se présentaient aux portes du pays.

Ces événements sont racontés en détail. L’auteur propose régulièrement l’état des forces des différentes armées au fur et à mesure des campagnes, il décrit les actions puis analyse les décisions prises par les différents commandants. Bien que l’ensemble soit purement fictif, tout est organisé comme un ouvrage historique. Le récit ne concerne pas que les batailles et les mouvements d’armées mais aussi les actions diplomatiques. Car vu le déséquilibre dans le rapport de force, Napoléon ne peut espérer conserver son poste à l’issue de l’été que s’il réalise aussi des prodiges sur le plan des négociations avec les différents pays ligués contre lui.

C’est sur ce dernier point que je ne suis que très moyennement convaincu par les hypothèses que propose Reverchon. Je ne connais pas assez Napoléon pour savoir s’il aurait vraiment été capable d’envisager certaines des idées proposées, ni ses adversaires pour savoir si les rivalités entre les différentes puissances pouvaient à ce point prendre le pas sur la détestation de l’empereur français. Mais je peine un peu à adhérer aux évolutions que décrit l’auteur.

L’autre point gênant, pour moi, de l’ouvrage ce sont les cartes. Certes, on en trouve plusieurs en fin de volume qui permettent de cerner le théâtre des différentes campagnes. Cependant, ce ne sont que des cartes précisant la localisation des villes et des cours d’eau. Aucune ne contient d’informations sur les mouvements de troupe. Il faut donc faire des aller-retours entre le texte et les cartes en fin de volume pour comprendre comment se déroule l’action. Et même comme ça, ce n’est pas évident. Pour moi, tout bon ouvrage décrivant une campagne militaire se doit de contenir une ou plusieurs cartes montrant les mouvements des unités. Ce n’est pas le cas ici et c’est bien dommage. D’autant plus que dans le cas de la bataille alternative de Waterloo proposée ici, les lecteurices ne connaissant pas déjà bien l’affrontement seront incapables de comprendre ce qui fait la différence dans cette hypothèse.

Bref, l’idée de départ est intéressante mais je suis mi-figue mi-raisin au niveau du résultat. Je trouve que l’auteur va un peu loin dans l’exploration de son chemin alternatif et je ne suis pas tout à fait sûr de la crédibilité de certaines actions diplomatiques. Et puis l’absence de carte avec les mouvements des unités n’aide pas trop à la compréhension de certaines manœuvres, c’est bien dommage.

Et si Napoléon avait gagné à Waterloo ?
d’Antoine Reverchon
collection Mystères de guerre
éditions Economica
171 pages, dont cartes et bibliographie (grand format)

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