Il y a quelques années, la SF anglophone a connu un petit bouleversement : pour la première fois, l’œuvre remportant le prix Hugo du meilleur roman fut un ouvrage traduit, qui plus est depuis le chinois. Cet événement n’a pas manqué d’attirer mon attention et l’ouvrage, ainsi que ses deux suites, a fini par être traduit en français. Après avoir passé quelques années à me dire que je lirai prochainement l’ouvrage, j’ai fini par passer à l’acte.
Wang Miao, chercheur en nanotechnologie, est contacté par les autorités chinoises pour les assister dans leurs investigations à propos d’une série de décès suspects dans les milieux scientifiques. Peu après, il commence à être témoin de phénomènes qui dépassent complètement sa compréhension.
Le problème à trois corps est un livre au rythme parfois un peu lent. L’ouvrage aurait pu être un peu plus dense en événement ou un peu moins long, mais il se lit quand même assez rapidement. Cette légère lenteur n’est d’ailleurs pas sans un certain charme. Le contexte historique et géographique change de la majorité de la SF que j’ai lu et c’est toujours agréable. On goûte un petit échantillon de l’absurde violence de la Révolution Culturelle et qui pourra surprendre un peu ceux qui ne la connaissent pas.
Le mystère que propose Cixin Liu est assez intriguant et son ampleur est impressionnante. Par contre, sa résolution me paraisse un peu tirée par les cheveux. De son côté, la présentation du fameux problème à trois corps est intéressante et me paraît assez abordable pour ceux qui ne le connaissent pas. L’utilisation du jeu vidéo comme élément de l’intrigue est d’ailleurs assez bien fichue. Cet environnement est aussi l’occasion de proposer quelques scènes assez spectaculaires ainsi que des méthodes assez artisanales pour réaliser l’équivalent d’un ordinateur sans disposer d’une technologie sophistiquée.
Je trouve que les personnages manquent un peu de saveur, il n’y a guère que les deux principaux qui sont un peu étoffés. C’est un peu dommage. J’ai aussi eu quelques problèmes de suspension d’incrédulité, certains des éléments hard science du bouquin me paraissant un peu trop abracadabrant. Enfin, je ne suis pas convaincu par la façon dont quelques éléments des derniers chapitres arrivent à la connaissance de certains personnages. Les éléments que présentaient l’auteur étaient très intéressants, mais il ne paraissait pas crédible et surtout pas nécessaire que d’autres personnages puissent en avoir connaissance.
Avec Le problème à trois corps, on dispose d’un spécimen de science-fiction chinoise, ce qui est assez rare parmi nous. L’ouvrage n’est pas exempt de défauts, mais rien qui ne surpasse la curiosité qu’arrive à générer Cixin Liu, ce qui fait que j’ai lu ce roman rapidement et avec plaisir. Il s’agit du premier volume d’une trilogie, qui appelle donc la lecture de la suite, mais je trouve que l’on pourrait presque arrêter là la lecture et se garder du mystère. Mais je ne le ferai pas, ma curiosité l’emporte et je lirai donc le volume suivant.
Petite note de fin : ne lisez sous aucun prétexte le quatrième de couverture de l’ouvrage. Elle raconte tout le récit d’un bout à l’autre. C’est une véritable honte, particulièrement de la part d’un gros éditeur dont on pourrait attendre un travail professionnel.
Le problème à trois corps (三体)
de Cixin Liu
traduit par Gwennaël Gaffric
éditions Actes Sud
424 pages (grand format) 496 pages (poche)
Merci pour la critique, j’ai eu un ressenti assez proche sur le livre.
Sinon, concernant les méthodes artisanales pour réaliser un ordinateur c’est l’un des thèmes principaux du livre ‘les âmes dans la grande machine ‘ de Sean Mc Mullen : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Les_Âmes_dans_la_grande_machine
Effectivement, j’ai entendu dire qu’il y avait une sorte d’ordinateur analogique un peu du même genre chez McMullen. J’ai d’ailleurs eu un temps le premier volume de sa série en stock. Mais la suite n’étant jamais traduite et ayant eu des avis très mitigés sur le premier volume, j’ai décidé de m’en débarrasser (pas assez de temps, trop de livres à lire). 🙂