Janus, d’Alastair Reynolds

Si Alastair Reynolds est surtout connu pour sa série des Inhibiteurs et ses jolies pavés, il est aussi l’auteur de plusieurs romans indépendants. Nombre d’entre eux ne sont pas disponibles en français, mais deux titres ont tout de même connu les honneurs de la traduction dans notre langue : La pluie du siècle et Janus. Nous allons nous intéresser au dernier.

Nous sommes en 2057 et l’équipage du Rockhopper, plus d’une centaine de personnes, est aux confins du système solaire pour y miner des comètes. Mais sa mission va changer radicalement lorsque Janus, l’une des lunes de Saturne, va subitement quitter son orbite et commencer à sortir du système solaire. Le Rockhopper est le seul vaisseau en position de l’intercepter et d’observer ce qui est visiblement le premier objet extra-terrestre rencontré.

Le roman a un démarrage plus nerveux que ceux de la série des Inhibiteurs. Dans ces derniers l’intrigue met généralement un certain temps à se mettre en place. Ici, les éléments principaux et l’objectif sont exposés assez rapidement. Et le reste de l’ouvrage sera assez rythmé mais pas forcément avec un crescendo final, comme ce fut le cas sur la plupart des volumes de la série des Inhibiteurs. Ici, la cadence est plus régulière et m’a permis de lire ce pavé assez rapidement. S’il n’est pas le plus épais des romans de Reynolds, Janus pèse quand même plus de cinq cent cinquante pages en grand format.

Si le début du roman évoque un peu le classique Rendez-vous avec Rama d’Arthur C. Clarke, la suite m’a fait un peu penser à la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson, avec cet équipage assez nombreux pour se diviser en factions. Cela m’a aussi rappelé Arche de Stephen Baxter. Dans Janus, l’opposition entre les deux principaux camps est représentée par deux personnages, Bella et Svetlana dont la relation forme en fait le centre du récit. Ceci a pour effet de réduire pas mal de protagonistes à de simples noms, même si Reynolds a tout de même réussi à en développer suffisamment quelques-uns au-delà du duo central et à leur donner vie proprement.

La vision du futur que propose Reynolds nous montre une humanité qui n’a toujours pas réglé certains problèmes majeurs, et qui est toujours capable de se déchirer pour des “broutilles”. Au-delà de notre espèce, on fait évidemment quantité de découvertes intéressantes sur l’univers qui nous entoure et l’auteur a suffisamment d’imagination pour faire plaisir au lecteur féru de rencontre avec des civilisations extraterrestres. Reynolds peuple aussi son récit d’idées techniques et technologiques sur la façon de vivre à plus ou moins long terme dans l’espace.

Janus est un roman que j’ai lu rapidement et avec beaucoup de plaisir. J’y ai bien retrouvé la patte de Reynolds mais on sent quand même qu’il explore un univers différent de celui des Inhibiteurs, ce qui est bien plaisant. Je m’étais lancé dans cette lecture après celle d’un autre space-opera que j’ai trouvé assez décevant, en espérant que Reynolds saurait relancer mon enthousiasme pour le genre : mission accomplie. Et si je ne doutais pas trop de mon envie de continuer à parcourir l’œuvre de l’auteur, Janus a su renforcer ma conviction sur la qualité de ses écrits. Il me reste maintenant à choisir le prochain Reynolds que je lirai, parmi les deux dont je dispose déjà, La pluie du siècle et Blue remembered Earth (sorti récemment en français sous le titre La Terre bleue de nos souvenirs).

JanusJanus (Pushing ice)
d’Alastair Reynolds
traduit par Florence Dolisi
illustration de Chris Moore
éditions Presses de la Cité / Pocket
578 pages (grand format) 889 pages (poche)

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