Arche, de Stephen Baxter

Dans son Déluge, l’anglais Stephen Baxter nous contait l’inéluctable montée des eaux, qui poussait l’humanité dans ses derniers retranchements. Mais l’être humain n’étant pas du genre à abandonner sans combattre, plusieurs projets d’Arche ont vu le jour. Les dernières parties de Déluge se focalisaient sur la troisième Arche. La deuxième était très vaguement évoquée. Ce nouveau roman de Baxter se concentre lui sur la première, celle qui doit franchir le vide séparant les étoiles.
Le récit fait un retour en arrière par rapport à la fin de Déluge. On revient à l’année 2025, au moment où le projet de la première Arche commence à prendre forme. Baxter nous expose la conception du vaisseau, les solutions techniques envisagées pour le propulser au-delà du système solaire et les modèles de vie envisagés à son bord. On voit aussi la sélection et l’entraînement de son équipage, avec les inévitables tractations politiques, les nécessaires corruptions et les choix cornéliens qui doivent être fait.
En toile de fond, on continue de voir les eaux monter, les nations se désagréger, la société humaine se déliter alors que son vernis de civilisation se craquèle. Tout comme dans Déluge, Baxter n’épargne pas au lecteur certaines scènes à première vue inhumaines, et pourtant effroyablement logiques. Ce qu’il advient lorsque l’humanité n’a plus le choix et doit se résigner à ce que tout un chacun aurait cru ne jamais devoir accepter.
Puis c’est l’odyssée dans l’espace interstellaire, tant pour l’Arche que pour ses passagers. La hiérarchie de l’équipage se modifie au fur et à mesure du temps qui passe et des crises qui se succèdent. Les enfants nés à bord remettent en cause les choix de leurs géniteurs. L’usure, la frustration et l’entropie prélèvent leurs tribus. Et au bout du chemin, peut-être, un nouveau départ pour l’espèce humaine.
Le voyage au-delà de l’orbite terrestre reste un thème majeur chez Baxter. On retrouve dans la partie sur la préparation de l’Arche un peu de ce passionné de la conquête spatiale qui écrivit Voyage ou Poussière de Lune. Le livre est aussi empreint de cet étrange mélange de pessimisme et d’espoir, comme une sorte d’optimisme sombre. Le voyage de l’Arche est un condensé des thématiques du vaisseau semeur. On y retrouve aussi, entre les lignes, le grand intérêt pour l’évolution des espèces, dont l’auteur a déjà traité dans Evolution ou Origine.
Côté reproches, on ne pourra pas éviter de parler du volume de texte conséquent. On trouve quelques répétitions inutiles au fil des presque six cents pages du livre. Néanmoins, et tout comme dans Déluge, Baxter a su faire pas mal de bonds en avant là où il aurait pu en écrire deux cents pages de plus. Et même lorsqu’il rédige des pavés, le britannique a une fluidité dans son récit qui permet finalement d’en venir à bout rapidement.
Arche n’est certes pas une suite indispensable à Déluge, mais reste une agréable continuation, qui est elle-même prolongée par deux novellas parues en anglais dans la revue Asimov’s Science Fiction. Un livre dans la lignée du précédent.
arche
Arche (Ark)
de Stephen Baxter
traduction de David Camus et Dominique Haas
illustration de Atelier Didier Thimonier
éditions Presses de la Cité (grand format) Pocket (poche)
598 pages (grand format) 764 pages (poche)
Choisissez la taille de votre arche : paquebot ou canot de sauvetage

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