The Second Collected Tales of Bauchelain & Korbal Broach, de Steven Erikson

Au fil de mon exploration des écrits de Steven Erikson dans l’univers malazéen, j’ai lu le premier recueil de novellas consacrées à Bauchelain & Korbal Broach. Et j’avais bien aimé ça. C’est donc sans surprise que je me suis lancé dans le deuxième recueil de novellas centrées sur les mêmes personnages.

Ce deuxième recueil contient à nouveau trois novellas, proposées dans l’ordre des événements plutôt que dans l’ordre de parution.

La première novella s’intitule The Wurms of Blearmouth. On y retrouve les deux nécromants mais aussi Emancipor Reese, leurs serviteur. Ce dernier n’est pas dans le titre de la série mais il est pourtant le seul membre du trio dont on a régulièrement le point de vue. Ce texte se passent entre les deuxième et troisième novella du recueil précédent. On y retrouve nos trois comparses, juste après le naufrage du Suncurl, navire sur lequel se passait l’intrigue de The Lees of Laughter’s End. Si la majeure partie de l’équipage n’a pas survécu, eux-mêmes semblent plutôt indemne et vont donc chercher le gite dans la cité voisine. C’est là que les ennuis commencent vraiment.

La riante bourgade de Spendrugle of Blearmouth vit sous la direction avisée de Lord Fangatooth Claw the Render. Rien que ça. En réalité, il s’agit d’un village de naufrageurs vivotant sous la férule d’un tyran qui n’est que le dernier d’une longue série de dirigeants ayant généralement obtenu le poste en éliminant le prédécesseur. Et les sujets de Lord Fangatooth ne semblent pas plus ouverts aux étrangers que leur dirigeant. Bref, le trio va être fort bienvenue à Spendrugle.

Les personnages sont assez nombreux et Erikson s’amuse proprement à empiler les situations improbables. Korbal Broach et Bauchelain sont égaux à eux-mêmes, imperturbables. Je trouve qu’Emancipor Reese a un peu gagné en flegme, par rapport à son entrée au service des deux nécromants. Comme souvent dans l’univers malazéen, on trouve des choses improbables en soulevant les pierres et de ce côté, les surprises sont bien là.

Dans cette série de novellas, Erikson a un ton plus humoristique que dans la série principale, même si l’humour n’y est pas absent. C’est toujours le cas dans cette novella, où l’on voit des situations improbables, des personnages qui ont des échanges verbaux qui font sourire et quelques protagonistes à l’égo bien boursoufflé. A ce niveau, petite mention pour Lord Fangatooth qui réussi à être affreux tout en étant totalement ridicule. J’apprécie aussi les points de vue proposés et la façon dont les pensées des personnages se mettent parfois à dériver.

On retrouve aussi dans ce texte quelques personnages croisés précédemment : Korbal Broach & Bauchelain n’ont pas laissé de bons souvenirs chez tout le monde et certaines personnes semblent vouloir s’expliquer avec eux. On a donc par moment l’impression que tout le monde défile dans ce bled perdu.

La deuxième novella s’intitule Crack’d Pot Trail et semble se passer après The Healthy Dead. Contrairement aux autres textes, on n’y voit quasiment pas les deux nécromants et leur serviteur. Le texte a aussi la particularité d’être essentiellement à la première personne. On y suit donc une caravane traversant une zone désertique et dont les membres sont soit en pèlerinage soit à la poursuite des deux nécromants. Tout le long du récit, certains des membres de la caravane, des artistes, se mesurent l’un à l’autre en présentant récits et chansons qui visent à divertir l’auditeur. Enfin, pas tout à fait.

Comme dans les autres textes de cette série, cette novella contient pas mal d’humour, notamment noir. Si Korbal Broach, Bauchelain et Emancipor Reese sont quasiment absents du récit, la galerie de personnages que propose Erikson est haute en couleur : artistes plus ou moins ratés et vaniteux, chevaliers, fratrie improbable, etc. On retrouve d’ailleurs quelques personnages croisés dans le texte précédent.

Une des choses qui m’ont beaucoup amusé dans ce texte, c’est le décalage entre les artistes et leur audience. Les performances sont régulièrement interrompues par des questions très terre à terre vis à vis d’éléments relevant de la licence poétique. Tout ça crée des dialogues parfois assez absurdes et ça m’amuse beaucoup.

J’ai aussi trouvé intéressant de voir comment évoluaient les récits que racontent les artistes, essayant de les adapter à leur situation actuelle. Enfin, le tout étant raconté à la première personne par un membre de la caravane, on ne peut que s’interroger sur la sincérité de ce qu’il raconte, tant certaines choses semblent se passer un peu trop facilement.

Le troisième texte s’intitule The Fiends of Nightmaria. On y retrouve cette fois Bauchelain et brièvement Korbal Broach, ainsi que l’inusable Emancipor Reese, toujours présent au côté de ses maîtres. Le récit se passe dans la cité de Farrog, capitale d’un petit royaume dont le roi a été récemment exécuté par un usurpateur qui depuis a déclenché des frictions avec l’empire voisin de Nightmaria.

Comme d’habitude, on croise une palette de personnages improbables, notamment une bande de voleurs dont je me demande parfois comment ils peuvent arriver à voler quoi que ce soit. J’ai aussi eu plaisir à retrouver certains des personnages de la novella précédente (l’action se passe après ce texte), la brochette est tellement improbable et succulente que ça aurait été dommage de ne pas en profiter.

Une bonne partie de l’intrigue se passe dans les couloirs du château de Forrag. J’ai trouvé fort sympathique de voir tous ces groupes de personnages se promener, s’éviter ou au contraire se croiser dans les méandres du bâtiment.

Erikson s’amuse avec ses personnages dans ces textes, mais il sait aussi ménager un peu de surprise de temps à autre et c’est ce qu’il fait dans cette novella, où l’on verra que finalement pas grand monde n’arrive à atteindre l’objectif qu’il se fixe ou alors de façon inattendue. Et c’est fort plaisant à voir.

Au fil des trois textes de ce recueil, j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver les deux nécromants et leur serviteur, ainsi qu’à voir les brochettes de personnages improbables que servait Erikson à chaque texte. Les situations et les dialogues m’ont souvent fait sourire et j’espère bien que les prochaines novellas de la série auront droit à un troisième recueil, que je lirai avec plaisir.

The Second Collected Tales of Bauchelain & Korbal Broach
de Steven Erikson
illustration de Steve Stone
éditions Bantam
483 pages (format moyen)

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