Navigator, de Stephen Baxter

Après avoir fini Conqueror, je m’étais dis que je n’attendrais pas trop avant de lire le volume suivant de la Time’s Tapestry de Stephen Baxter. Et c’est bien ce que j’ai fait. Voyons donc un peu quelles périodes historiques sont couvertes par Navigator et si le mystère qui se cache derrière les prophéties s’éclaircit un peu.

Après deux volumes centrés sur la Grande-Bretagne, on change de cadre géographique et on part vers la péninsule ibérique à la fin du onzième siècle. Et une nouvelle fois, une prophétie va guider le destin de plusieurs branches d’une même famille sur plusieurs siècles.

Le changement de cadre géographique est très appréciable. On verra encore quelques passages en Angleterre, ainsi qu’un peu de Proche-Orient, mais l’essentiel de l’intrigue se passe dans la péninsule ibérique. Baxter a montré dans les deux précédents volumes qu’il sait faire ressentir l’empilement de culture qui donne sa particularité à un endroit. Le cadre de ce volume lui permet une nouvelle fois d’en faire la preuve, en faisant bien l’illustration de la façon dont chaque culture dominante de la péninsule ibérique vient s’ajouter aux précédentes. Le fait que l’ouvrage couvre à nouveau plusieurs siècles d’histoire permet aussi de bien faire sentir l’effet. Baxter apporte aussi toujours autant de soin à la description de chaque époque, les villes et les campagnes, le mode de vie, l’économie, etc.

L’auteur continue aussi d’utiliser la même recette que précédemment, puisque la majeure partie de l’histoire tourne autour de deux branches d’une même famille et qui se fait dans la continuité du précédent volume. On retrouve en particulier des personnages qui se laissent séduire par les prophéties au point d’en faire une véritable obsession et de tout sacrifier pour en assurer la réalisation ou au contraire s’y opposer. J’ai d’ailleurs remarqué que dans certains cas, Baxter fait preuve d’un peu de subtilité puisque pour certains personnages, il n’importe pas tant de tout faire pour faire gagner sa cause que d’être celui ou celle qui permettra cette victoire. En regard de ces protagonistes, d’autres au contraire essayent de ne pas se laisser entrainer par ces obsessions et tentent de vivre un minimum leur propre existence. Le fait que le récit couvre plusieurs années à chaque période représentée permet d’ailleurs de bien voir les évolutions de chacun.

J’apprécie beaucoup le rythme des ouvrages de cette série. Les chapitres sont relativement courts et Baxter sait avancer dans le temps sans trop se perdre dans des sous-intrigues sans intérêt. Sans avoir la « minceur » en volume de texte des écrits de l’âge d’or de la SF anglophone, l’auteur en approche quand même la concision par moment, sans pour autant perdre en intérêt ni en émerveillement.

L’aspect SF de cette série se fait plus présent dans ce troisième volume. Dans les deux précédents, l’idée d’un observateur futur qui serait source des prophéties du présent était déjà présente et il était intéressant de voir comment les personnages des différentes époques se confrontaient à ce concept. Cette fois, Baxter monte d’un cran. Il devient clair pour certains personnages que la source de prophétie n’est pas unique. On les voit donc cette fois s’intéresser à la notion d’uchronie. J’aime beaucoup cette vision qu’offre Baxter dans cette série : des gens de différentes époques passées qui se questionnent sur des concepts de science-fiction.

Avec ce troisième volume de la Time’s Tapestry, Stephen Baxter maintient le niveau de sa série. Le contexte historique est tout aussi intéressant que les précédents et bien rendu, son affaire de prophétie m’intrigue toujours autant. De plus, il a commencé à faire monter un peu la pression sur l’aspect SF du récit, ce que j’apprécie beaucoup. Il ne me reste plus qu’à me lancer dans Weaver, ultime volume de la tétralogie, pour voir comment tout ça s’agence.

Navigator
de Stephen Baxter
éditions Gollancz
323 pages (format moyen)

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