Conqueror, de Stephen Baxter

Il n’y a pas très longtemps, j’ai parlé de Emperor, le premier volume de la tétralogie Time’s Tapestry de Stephen Baxter. L’ouvrage m’avait bien plu et j’étais assez curieux de voir vers quoi l’auteur se dirigeait dans la suite de sa série. Je n’ai donc pas trop tardé avant de lire le deuxième volume, intitulé Conqueror.

Après un premier volume qui s’intéressait à la conquête romaine de l’île de Bretagne, puis à son histoire comme province de l’empire, on se penche maintenant sur la période suivante. Cet opus couvre donc une période qui va du septième siècle, avec le déferlement d’invasions et de raids de toutes sortes, jusqu’à l’an 1066, année de la bataille de Hastings qui marque la mainmise sur l’île par Guillaume le Conquérant.

Comme précédemment, ce volume est divisé en plusieurs parties, ici quatre, qui se passent à différentes époques. On y retrouve à chaque fois des personnages qui ont un lien, généralement familial, avec ceux de l’époque précédente. C’est l’occasion pour l’auteur de proposer des événements historiques plus ou moins connus. Et dans ce volume, il s’agit clairement d’une période de l’histoire britannique très mal connu du public français. C’est notamment l’occasion de rappeler que cette île a connu plusieurs rois danois (chose que l’on voit d’ailleurs dans le sympathique manga Vinland de Makoto Yukimura).

Dans l’ensemble, je trouve que Baxter apporte un certain soin à la description de chaque époque. On voit aussi l’évolution des noms de lieux au fur et à mesure des siècles, le fait que parfois les villes se recréent à proximité d’une version précédente. Certains personnages ont l’occasion de contempler les restes du mur d’Hadrien, dont il est question dans Emperor, ou d’autres vestiges des époques passées. J’ai bien aimé cette évocation du fait qu’en tout temps les humains ont été confronté aux restes de leurs prédécesseurs. La contemplation des ruines de temps révolus n’est pas l’apanage d’aujourd’hui.

L’ensemble de la période couverte par Conqueror est intéressante par le croisement historique qu’elle propose. En effet, l’île de Bretagne, majoritairement celte à la sortie de l’empire romain, voit arriver des populations venues du continent : les angles (dont vient le mot anglais), les saxons, qui s’imposent peu à peu en maîtres. Puis vient le tour des normands, dont les danois, qui commencent par piller régulièrement puis colonisent à leur tour l’île. On voit aussi la superposition culturelle et religieuse, la concurrence entre la foi chrétienne et les cultes germains ou normands. Et même la rivalité entre chrétien « romain » et chrétien « breton ». Baxter parle aussi un peu des raisons derrière les « invasions barbares », notamment l’aspect démographique ou économique, de façon moins développé que chez Parker certes, mais le simple fait que ce genre de données soit évoquée montre le sérieux du travail de l’auteur. On voit parfois la trace de grands événements dans des éléments anodins, comme par exemple la popularisation du port (et donc de la vente) de bijoux comme conséquence de l’évolution de la structure sociale provoquée par l’arrivée des danois.

J’avais déjà apprécié dans le précédent volume le fait que certains personnages s’interrogent sur l’origine de la prophétie à laquelle ils s’intéressent, voire se demandent s’ils sont dans la « bonne » version de l’histoire. Baxter répète un peu l’effet et je trouve ça toujours intéressant à voir.

J’ai pris bien du plaisir à lire ce Conqueror. J’y ai retrouvé les éléments qui m’avaient plus dans Emperor et Baxter a réussi à entretenir ma curiosité à propos du mystérieux tisseur qui serait à l’origine des prophéties qui sont au cœur de ces romans. Je compte bien ne pas trop attendre avant de m’attaquer au prochain volume, intitulé Navigator.

Conqueror
de Stephen Baxter
éditions Gollancz
302 pages (format moyen)

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