Montgomery, de Daniel Feldmann & Cédric Mas

Après avoir lu la biographie de trois maréchaux allemands de la seconde guerre mondiale (Von Rundstedt, Model et Rommel), je fais une pause dans ce défilé pour m’intéresser à celle du plus célèbre commandant britannique de la même période : Montgomery. Une biographie produite par Daniel Feldmann et Cédric Mas. Un duo dont j’ai déjà chroniqué un ouvrage sur les combats de la fin de la guerre sur le front ouest.

Après une brève introduction, les auteurs présentent les origines de Bernard Montgomery et son enfance. On voit ensuite son entrée et sa progression dans l’armée avant la première guerre mondiale, avec notamment un détour par l’armée des Indes. Puis la Grande Guerre arrive et le jeune Montgomery est précipité dans l’action, avec notamment une blessure et une convalescence avant de retourner sur le front. L’entre-deux-guerres est une période que le futur maréchal ne laisse pas improductive. Et c’est à la tête d’une division qu’il se retrouve en France à attendre l’attaque des allemands. Après un rembarquement à Dunkerque, il se retrouve dans des postes éloignés du front. Mais ce n’est qu’un interlude avant qu’arrive pour lui l’heure de gloire avec le commandement de la 8e armée et la victoire d’El-Alamein. On suit ensuite son parcours, de l’Afrique à l’Italie puis au débarquement en Normandie et enfin tous les combats menant jusqu’à la chute du troisième Reich. On termine avec sa carrière d’après-guerre, notamment son poste de chef d’état-major des armées britanniques, sa carrière au sein de l’Otan et enfin une retraite qui lui permettra d’écrire, notamment des mémoires.

L’ouvrage est assez court mais bien dense. Il donne l’impression de ne faire l’impasse sur aucun aspect de la carrière de Montgomery. La partie militaire de son existence représente la très grande majorité du contenu et cela ne tient pas qu’au fait que les auteurs auraient décidé de délaisser le reste. C’est surtout qu’il semble que Montgomery n’ait pas vraiment eu d’autre vie en dehors de sa carrière professionnelle. Le reste est pourtant bien évoqué et on voit se dessiner le portrait d’un enfant qui aura toute sa vie été à la recherche d’une reconnaissance de la part de sa mère. On voit aussi un homme qui aura connu un bref bonheur conjugal avant que sa femme ne décède et qu’il semble abandonner tout intérêt pour une vie personnelle.

Le caractère du personnage est abondamment commenté, ce qui parait indispensable vu la réputation que la plupart de ses interlocuteurs lui ont forgé. Car sa relation avec les militaires et politiques fut houleuse pendant toute sa carrière et en particulier pendant la seconde guerre mondiale. Les auteurs montrent bien les difficultés que cela a pu provoquer à plus d’une occasion. Notamment son absence complète de compréhension de la politique qui faillit lui couter plus d’une fois sa carrière. Seul ses états de service exceptionnels et l’image dont il réussi à profiter dans les médias lui permirent de survivre à ce caractère rugueux et sa myopie sévère sur les rapports de pouvoir en dehors de l’armée.

Feldmann et Mas détaille bien les différentes opérations militaires auquelles Montgomery a été partie prenante. L’ouvrage dispose de quelques cartes bienvenues pour celleux qui ne connaissent pas par cœur la géographie des batailles en question. Il est bien sûr question d’El-Alamein, la grande victoire qui met un coup d’arrêt définitif aux ambitions africaines de Rommel. Mais on voit aussi l’implication de Montgomery dans la modification des plans pour le débarquement, le ratage Market-Garden (le fameux Un pont trop loin), le nettoyage de la rive gauche du Rhin puis son franchissement, etc.

Les auteurs montrent bien que le personnage n’a pas une recette préférée qu’il applique ad nauseum – tacle peut-être pas complètement involontaire contre certains généraux allemands dont on a fait des légendes. Au contraire, il s’adapte aux circonstances et utilise ce qui lui semble le plus adapté sur le moment. Par contre, on peut voir qu’il accorde un soin particulier à la préparation des opérations, ainsi qu’à forger un lien avec la troupe, ayant compris l’importance du moral.

Ce livre réussit donc en moins de deux cents pages à dresser un portrait détaillé d’un personnage qui prête encore aujourd’hui à la controverse sur ses méthodes et ses résultats. Et ils sont convaincants dans leur propos, notamment dans la défense des qualités de Bernard Montgomery, sans jamais masquer ses défauts, à commencer par son caractère très particulier.

Montgomery
de Daniel Feldmann & Cédric Mas
éditions Economica
170 pages, plus bibliographie (grand format)

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