J’ai déjà lu beaucoup de livres sur la seconde guerre mondiale et j’en ai même chroniqué un certain nombre ici. La plupart sont cependant des ouvrages couvrant des aspects précis du conflit. Je n’ai pas lu beaucoup de livres qui s’intéressaient au sujet dans sa globalité. Ado, j’ai bien lu l’ouvrage de Pierre Miquel et joyeusement poncé un autre dirigé par Philippe Masson. Mais ça reste des lectures lointaines et pas forcément à jour au niveau des travaux sur pas mal de sujets. Aussi, l’arrivée d’une histoire globale de ce conflit, sous la plume d’un historien reconnu, a forcément attiré mon attention. Voyons donc ce qu’il y a dans ce très gros pavé.
L’ouvrage est très épais, près de neuf cents pages de texte sans compter les notes, index, etc. et d’un grand format. Cela fait beaucoup de choses à lire mais le sujet est très vaste. Et c’est le paradoxe de ce livre : il est énorme et pourtant il « survole » beaucoup de choses. J’ai vu traité en dix pages des sujets sur lesquels j’ai pu lire des ouvrages de quatre cents pages. Est-ce un problème ? Je ne crois pas. L’ambition de l’auteur n’est pas de faire un livre qui couvrirait tout dans le moindre détail. Ce serait humainement impossible à produire et tout aussi compliqué à lire. Le travail de Wieviorka est celui d’une synthèse. D’une synthèse énorme, puisqu’elle occupe plus de huit cents pages, mais une synthèse à la hauteur de son sujet.
Car la seconde guerre mondiale est un objet historique extrêmement riche. Non seulement il contient une quantité incroyable d’opérations militaires, des plus célèbres aux plus obscures, mais aussi par tous ses autres aspects : adaptation de la société, adaptation économique, politique d’occupation, résistance, flux logistiques, diplomatie tout azimut, changement de belligérants, traitement des civils, crimes de guerre, etc. Et c’est justement cette richesse que veut transmettre l’auteur.
Pour les sujets que je connais déjà pas mal, je trouve que Wieviorka réussit de bonnes synthèses. Je n’ai pas de raison de croire qu’il ait pu accorder moins de soins aux sujets que je maîtrise moins et lui fait donc confiance à ce niveau. J’ai apprécié de voir qu’il est bien à jour et qu’il rappelle le caractère mythique ou légendaire de certains éléments (la guerre-éclair en prend évidemment un coup).
Comme tout le reste, la montée vers la guerre aurait pu bénéficier de centaines de pages mais se retrouve résumée à un chapitre, qui parvient pourtant à présenter tous les éléments importants.
J’ai trouvé cet ouvrage très accessible. Je pense que les néophytes qui veulent se confronter un peu à l’ampleur du sujet, sans être assommé de détails, pourront se lancer dans l’aventure. Le texte a de nombreuses notes, mais elles sont réunies en fin d’ouvrage et concernent essentiellement des références bibliographiques. Elles ne cachent pas des informations supplémentaires, comme c’est le cas dans d’autres ouvrages. L’écriture de Wieviorka est agréable, les chapitres et sous-chapitres ne sont pas trop longs. Bref, malgré son volume et sa densité, je trouve que ce livre se lit assez rapidement (tout est relatif).
S’il offre une bonne porte d’entrée sur la seconde guerre mondiale, ce livre présente-t-il un intérêt pour ceux qui la connaisse déjà assez bien ? Je pense que oui. D’une part parce que l’aspect synthèse globale permet de recoller ensemble toutes les pièces d’un immense puzzle dont on oublie parfois les dimensions et la richesse à force de se concentrer sur certains motifs particuliers. D’autre part parce qu’on maîtrise difficilement la totalité du sujet et que la riche bibliographie finale propose de nombreuses pistes pour creuser en détail les aspects qui piqueraient l’intérêt des lecteurices. J’ai ainsi compté dix-sept ouvrages que j’avais déjà lu et dix autres qui attendent dans ma bibliothèque que je m’intéresse à eux un jour.
L’objectif de l’auteur était très ambitieux et je trouve que le résultat est à la hauteur. Bien que très épais, ce livre se lit bien. Il parvient à ne rien oublier d’essentiel sans se perdre dans les anecdotes tout en essayant d’être au plus proche de la recherche historique et en balayant quelques mythes et légendes. Accessible aux néophytes et intéressant pour les connaisseureuses. Merci d’avoir abattu un tel travail.
Histoire totale de la seconde guerre mondiale
d’Olivier Wieviorka
éditions Perrin / Ministère des Armées
896 pages, plus notes, bibliographie et index (grand format)
disponible en numérique chez 7switch
Je l’avais repéré et je suis contente de lire ton avis positif. Du coup, je l’ai commencé en audio (bon, je n’aurai pas les cartes…).
Par curiosité, tu te classerais comment avant ta lecture, à propos de la seconde guerre mondiale : néophyte, connaisseuse, férue… ? 🙂
Néophyte, mes connaissances n’excédant pas ce que j’ai pu apprendre au cours de ma scolarité et au travers, ensuite, de quelques documentaires.
Du coup, je serai très curieux d’avoir ton retour une fois que tu auras fini le livre. 🙂
Sa lecture s’étalera sur de (très) nombreuses semaines, car elle se fera en parallèle à d’autres (fiction). Et je ne sais pas si j’irai jusqu’au bout, on verra bien !