Horizons lointains, dirigée par Robert Silverberg

J’ai récemment parlé de l’anthologie Destination 3001 et de mon avis très mitigé. Peu après cette lecture, je me suis lancé dans une autre anthologie sur laquelle Robert Silverberg a travaillé : Horizons lointains. Le concept est cette fois différent. Il s’agit de demander à chaque auteur de produire un texte dans un univers qu’il/elle a déjà exploré dans un ou plusieurs romans. L’exercice est similaire aux anthologie Légendes et Légendes de la fantasy, dirigées elles aussi par Silverberg, qui appliquaient le même principe à des univers de fantasy.

Légèrement plus épais que Destination 3001, cette antho ne compte que onze textes, ce qui donne des nouvelles en général assez longues. Chaque texte est précédé d’une introduction par l’auteur à l’univers qui sera exploré dans la nouvelle. Ceci permet ainsi à ceux qui ne connaissent pas tous les auteurs et leurs œuvres de ne pas se perdre d’entrée de jeu. Et cela peut éventuellement inciter à s’intéresser un peu plus à l’univers en question. C’est d’ailleurs la lecture de l’antho Légendes qui m’avait poussé ensuite à creuser des séries comme Le Trône de Fer, La Tour Sombre ou Alvin le Faiseur. Je connaissais déjà six des univers explorés dans cette nouvelle antho, et ai-je eu envie d’en découvrir de nouveaux ?

Passons rapidement sur Card, dont la plume est toujours aussi fluide, mais dont le texte consacré à Ender est assez anecdotique. Même qualificatif pour Pohl, dont la nouvelle semble d’ailleurs être la première partie du dernier roman (inédit en français) qu’il a consacré à l’univers de la Grande Porte. J’ai un léger doute sur le fait que Greg Bear donne envie de s’intéresser à son Univers de l’Hexamone, tant le texte m’a paru abscons par moment.

Chez Benford, on repart dans la série du Centre Galactique, avec une nouvelle où l’auteur en profite pour creuser un peu un élément particulier de son univers. C’est assez intéressant et pas désagréable. Du côté de Simmons, c’est évidemment des Cantos d’Hypérion qu’il est question. On est sur quelque chose qui est bien évidemment en-dessous des romans, mais on voit que l’auteur sait toujours utiliser les ingrédients qui le composent et arrange plutôt bien l’ensemble. Enfin, Brin retourne dans l’univers de l’Élévation en nous éclairant un peu sur le destin de certains personnages. Si le texte est surtout un petit bonus pour ceux qui ont déjà lu la série, l’auteur sait tout de même offrir quelques bricoles en plus du côté « waouh » tout en proposant un peu de réflexion sur les concepts d’élévation et de rédemption. Ce fut un grand plaisir de retrouver quelques uns des protagonistes de cette série et ça m’a fournit une bien plaisante friandise en attendant le possible retour de l’auteur sur le sujet dans son prochain roman. C’est d’ailleurs en constatant le plaisir que j’ai eu à lire ce texte que je mesure le bon souvenir que j’ai de la série Élévation.

Voyons maintenant ce qu’il en est des découvertes. Haldeman parle à nouveau de sa Guerre éternelle. Certaines idées m’interpellent et il faudra bien que je m’intéresse un jour à ce classique, par contre le texte en lui-même a des allures de bouche-trou entre deux volumes. La nouvelle de McCaffrey est consacrée au cycle des Partenaires et à son vaisseau qui chante. Ça se lit sans soucis, mais ça a un sacré air de vieille SF qui n’a pas très bien vieilli. On aurait pu imaginer mieux pour nous vendre la série. Pour ce qui est de Silverberg, c’est un peu comme avec ses nouvelles sur Majipoor : pas mauvais, mais pas particulièrement emballant. En tout cas, pas vraiment de quoi me donner envie d’aller lire Roma Æterna.

Il reste enfin deux textes. D’abord celui de Le Guin, où j’ai fait mes premiers pas dans l’Ekumen et où je pense retourner un jour prochain pour en voir un peu plus. Enfin, la série Sleepless de Nancy Kress, qui m’incite vraiment à lire Beggars in Spain pour creuser un peu plus les conséquences de son postulat – ce qui tombe bien puisque j’ai le premier roman quelque part dans ma bibliothèque.

Bilan : sur cinq univers que je ne connaissais pas encore, j’ai envie d’en explorer deux et sur les six que je connaissais déjà, trois textes m’ont vraiment fait plaisir. Une mention spéciale pour Brin dont le Tentation a réveillé en moi le souvenir des bons moments passés dans la série  et attise un peu l’envie de voir ce que l’auteur fera dans son prochain roman. Enfin, aucun texte n’étant franchement mauvais, je peux dire que l’ensemble est pas mal et peut intéresser ceux qui veulent picorer dans plusieurs univers de SF qu’ils pourront éventuellement explorer par la suite.

Horizons lointainsHorizons lointains (Far Horizons)
anthologie dirigée par Robert Silverberg
illustration de Jean Vouillon
éditions J’ai Lu
639 pages (poche)

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