La pointe d’argent, de Glen Cook

Petit à petit, je poursuis ma relecture de La Compagnie Noire, la série phare de Glen Cook. Après Jeux d’ombres, je passe donc à La pointe d’argent, un volume un petit peu à part dans la série.

Dans ce volume, on va changer de narrateur, puisqu’il ne sera pas vraiment question de la Compagnie elle-même et de Toubib, mais plutôt de s’intéresser aux quelques membres qui ne l’ont pas suivi et sont restés dans le nord. En commençant par Casier, le nouveau narrateur.

Cet épisode est un peu à part de la série, au point que tout le monde ne le place pas au même endroit dans l’ordre de lecture. L’éditeur français le place après Rêves d’acier, d’autre préconisent de le lire avant Jeux d’ombres. Personnellement, je m’en suis tenu à l’ordre de publication d’origine et je l’ai donc relu entre les deux titres sus-nommés. Et ça me parait une bonne place. Sa grande particularité est donc que l’objet central de la série, la Compagnie Noire, en est absente. Et bien que l’Atalante ait regroupé l’ouvrage dans un omnibus intitulé Les livres du Sud, La pointe d’argent est plutôt un épilogue aux Livres du Nord.

L’ouvrage est à tel point à part du reste que son narrateur, Casier, ne fait pas vraiment partie de la Compagnie. Il n’est d’ailleurs présent que de façon occasionnelle, une bonne partie de l’intrigue suivant d’autres personnages dans un récit à la troisième personne. Casier représente aussi une rupture avec Toubib dans le fait qu’il n’est pas du tout au centre des événements. Il n’intervient jamais qu’en marge de l’intrigue et en est bien plus spectateur qu’acteur.

Géographiquement, on se promène pas mal même si une bonne partie de l’intrigue se déroule dans deux endroits, tous deux faisant partie de l’ancien empire de la Dame. Je trouve intéressant de voir que cet empire perdure justement au départ de sa fondatrice, ça montre bien que les états ne disparaissent pas forcément d’un coup de baguette magique après un événement particulier. J’ai aussi apprécié la façon dont la tension monte petit à petit dans la ville où se passe une partie de l’intrigue. On voit bien comment la situation évolue vers de plus en plus de violence et de problèmes, de façon inextricable.

J’ai aussi retrouvé dans ce volume une chose que j’avais bien aimé dans Le château noir : un personnage qui part à la dérive, graduellement. Glen Cook sait vraiment rendre compte des changements dans un protagoniste et en particulier comment quelqu’un peut arriver à faire des choses qu’il réprouve, d’abord avec réticence puis de plus en plus facilement. S’il y a des similitudes sur ce plan avec le deuxième volume de la série, la trajectoire est cependant différente, ce que j’apprécie grandement.

Avec cette Pointe d’argent, on a donc un épilogue aux trois premiers volumes de la série. On retrouve avec plaisir quelques personnages déjà connus mais surtout Glen Cook nous proposent quelques nouveaux protagonistes dont certains sont intéressants à suivre. L’auteur sait toujours bien peindre les situations de stress et de tension et il continue de gérer agréablement le rythme, l’ouvrage n’étant pas trop épais et les événements s’enchaînant assez bien. Cette relecture se passe donc toujours bien et je passerai un de ces prochains jours au volume suivant : Rêve d’acier.

La pointe d’argent (The Silver Spike)
de Glen Cook
traduit par Alain Robert
illustration de Didier Graffet / Slava Gerj
éditions L’Atalante / J’ai Lu
380 pages (format moyen) 410 pages (poche)

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