Rêves d’acier, de Glen Cook

Patiemment, je continue ma relecture des Annales de la Compagnie Noire, de Glen Cook. Après La pointe d’argent, qui se passait un peu en marge de la compagnie elle-même, on revient au centre du sujet avec Rêves d’acier, sixième volume de la série.

Après le désastre survenu à la fin de Jeux d’ombres, la Compagnie est éclatée en plusieurs entités et tous ses membres les plus anciens n’ont pas survécu. Ce qui motive un changement d’annaliste pour ce volume qui est donc écrit par Madame elle-même.

Pour l’instant, j’ai eu beaucoup de plaisir à relire cette série, que ce soit pour la partie narrée par Toubib ou bien pour le volume raconté par Casier. Et c’est la même chose avec Madame. Elle a une voix différente des deux autres avec évidemment un regard personnel sur le monde, les gens et les événements. Si elle ne s’étend pas trop sur son passé de Dame à la tête d’un empire expansionniste, elle y fait tout de même référence quelques fois, notamment pour rappeler à certains de ses interlocuteurs à qui ils parlent. Car la région du monde où se trouve la compagnie n’a pas une culture très favorable à l’indépendance des femmes ni à leur accès au pouvoir. Mais il en faut plus pour mettre des bâtons dans les roues de Madame, qui saura à l’occasion faire preuve de la dureté nécessaire pour affermir son emprise sur la Compagnie Noire.

On retrouve donc une région déjà évoquée dans Jeux d’ombres et on explore un peu plus profondément les différents pouvoirs qui s’y affrontent, que ce soit du côté des commanditaires de la Compagnie Noire qui continuent de cacher un savoir sur le passé de cette compagnie de mercenaire, ou bien du côté de leurs adversaires dont l’identité réelle ne fait plus grand doute et qui sont autant en lutte contre la Compagnie qu’entre eux-mêmes. Cook décrit toujours ce genre de panier de crabes avec ce qu’il faut pour bien ressentir les peurs et les haines de chacun et chacune. Dans l’ensemble, on voit bien que la région est une transposition du sous-continent indien, avec son système de caste, ses panthéons protéiformes, etc.

L’auteur fait aussi encore preuve de sa bonne capacité à retranscrire la vie d’une unité militaire. Madame réorganise les troupes dont elle dispose. Elle cherche de nouvelles recrues. Elle fait pratiquer des exercices, impose une discipline, s’inquiète du moral de la troupe, essaye de prévenir les pertes par désertion, tente de se former un état-major, etc. C’est toujours bien vu sur ce plan et ça reste au-dessus de la plupart des œuvres de fantasy que j’ai lu après (il n’y a guère que chez K. J. Parker que je retrouve certains détails ou bien chez Steven Erikson).

L’ouvrage est bien rythmé, le chapitrage court pousse à enchaîner les chapitres. Ces derniers alternent entre les séquences écrites par Madame et des points de vues externes suivant d’autres personnages, un schéma déjà aperçu dans les volumes précédents. Et si je me souvenais de quelques éléments en particulier, notamment la fin de l’ouvrage qui marque bien notamment par son côté abrupt, j’ai eu plaisir à redécouvrir un certain nombre de choses.

Sans surprise, la relecture de ce volume c’est très bien passé. J’aime beaucoup le point de vue de Madame et les éléments qui se passent en marge de son récit sont toujours intéressant et ont clairement leur place. La Compagnie Noire a adoptée une forme nouvelle mais elle est toujours vivante et j’ai apprécié de bien ressentir la motivation de Madame à la maintenir en cet état. Je vais maintenant passer à un nouveau point de vue avec le volume suivant, Saisons funestes.

Rêves d’acier (Dreams of Steel)
de Glen Cook
traduit par Alain Robert
illustration de Didier Graffet / Slava Gerj
éditions L’Atalante / J’ai Lu
395 pages (format moyen) 410 pages (poche)

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