Shadow Captain, d’Alastair Reynolds

L’un des derniers romans publiés par Alastair Reynolds, Revenger (Vengeresse en VF), se présentait comme le premier d’une série, même s’il concluait son intrigue principale. Le volume suivant étant sorti, j’ai fini par me décider à m’y intéresser. Voyons donc ce que vaut Shadow Captain.

Fura a retrouvé sa sœur Adrana et pris le contrôle du vaisseau de la redoutable Bosa Sennen. Mais les ennuis ne sont pas finis pour les deux sœurs. D’une part, il faut faire accepter au reste de la Congrégation que la sinistre pirate n’est plus et qu’il ne s’agit pas d’un nouveau subterfuge de sa part. D’autre part, il faut que la confiance se restaure entre Fura et Adrana. Deux défis qui n’ont rien de simple.

Ce deuxième volume est toujours raconté à la première personne, mais pas par la même narratrice. Cette fois, c’est Adrana qui nous présente l’histoire. On va donc avoir un point de vue différent sur le présent mais aussi sur quelques événements passés. Les retrouvailles entre les deux sœurs vont aussi modifier leur relation. On sent que le temps passé éloignées l’une de l’autre et les événements qui ont marqué chacune de son côté ont laissé des traces. Et la confiance autrefois évidente est devenue bien fragile. On va voir la tension entre Adrana et Fura monter et descendre au fil des événements. Car les deux sœurs et le reste de l’équipage du vaisseau vont être soumis à une certaine pression. Convaincre le reste du système solaire que Bosa Sennen n’est plus s’annonce particulièrement difficile, surtout quand on tente de le faire aux commandes de son vaisseau. Et puis, il y a peut-être un vaisseau qui les suit. Peut-être. L’auteur fait bien sentir la tension qu’entraîne cette possibilité, sans certitude vu la difficulté de localiser un vaisseau sans dévoiler sa propre présence.

Reynolds va aussi développer un autre axe du récit, autour de révélations qu’a faite la pirate à la fin du volume précédent. Fura vit alors habitée par une véritable obsession à ce sujet. Ceci aura d’ailleurs des conséquences sur ses relations avec les autres personnages, dont bien évidemment sa sœur. Dans Shadow Captain, l’auteur apporte des éléments de réponse autour de quelques-uns des mystères proposés dans Revenger, mais il pose aussi de nouvelles questions, qui permettent d’enrichir un peu son univers.

Si le changement de narratrice modifie un peu le récit, on retrouve cependant le jeu sur la langue qu’a entamé Reynolds dans le précédent volume. Les personnages continuent d’employer des mots un peu différents des nôtres pour désigner certains concepts. L’auteur nous propose aussi de visiter quelques nouveaux lieux et de rencontrer de nouveaux personnages. Tout ça, fait avec le talent qui le caractérise.

Shadow Captain se lit tout aussi bien que Revenger. Reynolds remet les choses en place aisément et si on n’a plus la découverte complet d’un nouvel univers, il offre quand même assez de nouveautés pour ne pas avoir l’impression de tourner en rond. J’ai apprécié le changement de tonalité, avec une narratrice différente et une tension palpable entre les deux sœurs. L’auteur a aussi réussi à ajouter quelques mystères supplémentaires qui m’intriguent. Je suis fort curieux de voir à quoi nous aurons réponse dans le prochain volume, ainsi que du choix qui sera fait pour le récit : narration à la première personne par une nouvelle narratrice, retour sur le point de vue de Fura, etc. Réponse quand j’aurais lu Bone Silence.

Shadow Captain
d’Alastair Reynolds
éditions Gollancz
426 pages (format moyen)

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2 réflexions sur « Shadow Captain, d’Alastair Reynolds »

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