The Labyrinth Index, de Charles Stross

On lit un roman qui semble présenter une certaine originalité. Puis quelques temps plus tard, voyant un nouvel opus du même auteur semblant poursuivre l’aventure, on continue. Et puis un jour, bien des années plus tard, on réalise qu’on en est au neuvième volume de la série. Dans le cas présent, il s’agit de The Labyrinth Index, neuvième roman de la série The Laundry de Charles Stross.

Les choses ne se sont pas précisément bien terminées dans The Delirium Debrief. Certes, la tentative de prise de contrôle des îles britanniques par un prédicateur américain et l’entité surnaturelle qu’il représente a échoué. Mais pour le contrer, les instances de la Laundry n’ont finalement pas eu d’autres choix que de confier les clés du pays à un autre maître. C’est donc la fin de la Laundry et la Grande-Bretagne passe sous le contrôle d’un New Management.

Ce neuvième volume propose une nouvelle narratrice : Mhari Murphy. C’est la deuxième narratrice de la série, après Mo, et aussi le deuxième PHANG dans ce rôle, après Alex. Mhari se distingue de ce dernier par son côté pragmatique et le regard lucide, voire cynique, qu’elle a sur sa condition non-humaine. Le simple fait de se maintenir en vie a un coût humain, au sens propre, dont elle a parfaitement conscience. Elle n’a pas non plus la même fonction puisqu’elle se voit confier la tâche de former sa propre équipe pour réaliser une mission outre-Atlantique. En effet, l’équivalent américain de la Laundry, la Black Chamber alias les Nazgûls, semble avoir des plans que le New Management ne regarde pas d’un très bon œil.

Stross sait bien mettre en scène son univers. Dans cet épisode, on voit en particulier les changements radicaux imposés par la nouvelle direction du pays. La société britannique ne vit plus sur le même mode. Les changements sont aussi perceptibles du côté des agents de l’ex-Laundry. La question de la loyauté au nouveau régime est forcément présente et on voit bien de quelle façon chaque personnage tente de s’accommoder de ce nouvel état de fait. Un problème auquel Mhari est confrontée dans les choix qu’elle fait pour constituer son équipe : à qui peut-elle faire confiance ? Les divers protagonistes seront parfois un peu maltraité par l’auteur, ce qui est une évidence vu l’ambiance une fois arrivé à ce neuvième volume de la série, mais c’est toujours appréciable de voir un auteur être cohérent avec ce qu’il écrit. En dehors du Royaume-Uni, Stross propose aussi des petits détails intéressants sur la façon dont les choses évoluent. J’apprécie justement de repérer ce genre de petits changements, comme celui concernant le drapeau américain.

L’auteur est aussi toujours au point sur l’aspect techno de son univers. Les agents des différents bords disposent évidemment d’une panoplie de moyens à laquelle on s’attend un peu. Mais il parvient aussi à surprendre, notamment avec une magnifique séquence concernant le Concorde qui m’a rappelé Tom Clancy à son meilleur niveau. Il sait aussi continuer à utiliser des éléments fantastiques connus en les réinterprétant à sa sauce.

Cette série baigne dans une ambiance qui n’est pas très positive, car on voit rapidement après quelques volumes qu’il parait difficile de proposer une fin pleine de bonheur et de joie pour tous. Ce volume n’échappe pas à cette ambiance, encore plus que d’habitude puisqu’en plus de s’inquiéter des diverses menaces extérieures, les protagonistes sont aussi inquiets par rapport à ce leur nouveau maître leur impose. De plus, l’auteur ajoute une angoisse supplémentaire par rapport aux entités d’outre-dimension, le genre de nouvelle dont tout le monde se serait bien passé.

Avec ce neuvième roman, Charles Stross poursuit son exploration de cet univers parallèle dont l’évolution n’est pas signe de bonne humeur mais est justement assez logique. J’apprécie beaucoup que l’auteur nous ait proposé une nouveau point de vue féminin sur les événements. On retrouve l’ensemble de ce qui fait le charme de cette série et j’avoue que la plongée dans ce pays sous domination d’un New Management m’a autant plu en tant que lecteur qu’elle me révulserait comme citoyen de cet univers fictif. Aux dernières nouvelles, l’auteur prévoirait encore deux volumes pour terminer cette série. Ce ne sera cependant pas pour tout de suite, puisqu’il va d’abord en démarrer une nouvelle se passant dans le même univers. Ceci m’intrigue pas mal et ce sera donc avec grand intérêt que je lirai le premier volume de cette possible trilogie, Dead Lies Dreaming.

The Labyrinth Index
de Charles Stross
éditions Orbit
350 pages (format moyen)

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