J’ai déjà causé ici de quelques volumes de la collection Mystères de guerre des éditions Economica, qui explorent des options uchroniques de l’histoire militaire ou essaient de répondre à des questions. On y causait notamment d’Hannibal et de Rome, de Malte en 1942, de Napoléon l’emportant à Waterloo ou encore d’Hitler et de la bombe atomique. Cette fois, il est question de la guerre franco-allemande de 1870.
L’auteur propose de découper le conflit en deux périodes et d’étudier pour chacune quelques options uchroniques : du déclenchement des hostilités jusqu’à la chute du Second Empire et de la proclamation de la Troisième République jusqu’à la fin du conflit.
Dans les deux cas, il commence par faire le point sur les forces en présence, les effectifs, l’encadrement, l’équipement, etc. Il fait ensuite un résumé des opérations telles qu’elles ont historiquement eu lieu. Enfin, il propose deux scénarii uchroniques pour chaque partie.
L’ensemble est plutôt intéressant. Le point sur la situation de départ en particulier, car si l’on y voit clairement que la Prusse et ses alliés disposent d’avantages assez net sur la France, cette dernière n’est pas pour autant dénuée de quelques atouts qui utilisés correctement auraient pu faire pencher la balance différemment.
C’est en partie sur ces éléments que l’auteur s’appuie pour construire ses scénarii uchroniques. Il précise dans certains cas l’historicité de divers événements qui apparaissent au début de ses versions alternatives, permettant ainsi de bien constater la base historique à partir de laquelle il élabore ses hypothèses.
J’avais trouvé Reverchon un peu trop optimiste dans son déroulement alternatif des événements dans son ouvrage sur les suites d’une victoire de Napoléon à Waterloo. Je le trouve ici encore un poil optimiste dans l’enchaînement des situations… mais en même temps, on ne peut pas envisager une uchronie sur ce sujet si on ne considère pas un minimum que les choses ont moins merdé que dans la réalité.
Ce livre est aussi l’occasion de plonger un peu dans un conflit que je ne connais pas très bien, sorti des très grandes lignes et de quelques probables mythes. J’ai entre autres noté le point où l’auteur fait remarquer que les victoires allemandes du début de la guerre coûte plus de pertes (hors prisonniers) aux gagnants allemands qu’aux perdants français, signe que les assauts des premiers n’ont rien eu d’une promenade de santé. La capacité de la nouvelle Troisième République à reconstituer des armées entières est aussi un très bon exemple de ce qui se révélera pleinement pendant les grands conflits du vingtième siècle : une élimination d’une armée en une bataille d’anéantissement n’est absolument pas une garantie de victoire immédiate dans un conflit entre puissances industrialisées.
Bref, si j’ai quelques petites réserves sur certains points, je trouve l’ouvrage très intéressant et ça aiguise vraiment mon intérêt pour ce conflit. Ça tombe bien, j’ai depuis un moment dans ma bibliothèque La guerre de 1870 de François Roth, un ouvrage qui a bonne presse.

La France pouvait-elle gagner en 1870 ?
d’Antoine Reverchon
éditions Economica
171 pages, plus annexe et sources (grand format)