Gettysburg 1863, de Vincent Bernard

J’ai déjà parlé ici de la grande guerre civile qui déchira les États-Unis dans le seconde moitié du 19e siècle. Notamment par le biais du (très bon) ouvrage de Vincent Bernard sur le sujet. L’historien, par ailleurs interviewé sur le blog, remet le couvert cette année avec un ouvrage consacré à l’une des plus célèbres bataille de ce conflit : Gettysburg.

Ce livre fait partie de la collection Champs de bataille des éditions Perrin, dont j’ai déjà eu l’occasion de chronique deux volumes : Kharkov 1942 et Verdun 1916. On retrouve donc la forme habituelle de cette collection, avec un marque page chronologique et un cahier de belles cartes en couleur au milieu.

On reste toujours sur un format pas trop long, trois cents pages en comptant les annexes, ce qui permet d’offrir un ouvrage qui ne vous cassera pas trois orteils s’il tombe par mégarde tout en explorant bien son sujet. Et l’auteur a beaucoup à dire à ce propos.

Classiquement, on a une étude en trois temps : l’avant, le pendant et l’après. Et si l’avant d’une bataille est toujours intéressant, c’est particulièrement vrai dans le cas de Gettysburg. La bataille a lieu loin du théâtre d’action habituel des armées de Virginie du Nord et du Potomac. Vincent Bernard explique très bien comment on en arrive là. On voit les intentions et les hésitations des deux camps, ainsi que la série de manœuvres qui amène plus de cent mille soldats à s’affronter dans une petite ville de Pennsylvanie. L’auteur pointe notamment que l’encadrement de l’Union a clairement gagné en capacité depuis le début de la guerre, notamment sa cavalerie qui commence enfin à faire jeu égal avec celle de la Confédération.

Vient ensuite le temps de la bataille proprement dite. Cette dernière s’étale sur trois jours, avec beaucoup de changements d’une journée à l’autre. Tout ça est très clair, l’auteur explique bien les mouvements de troupes, les assauts, etc. et les cartes permettent d’y voir clair quand on se sent un peu perdu. L’un des marqueurs de cette collection est de représenter les batailles non seulement vu d’en haut mais aussi au niveau du simple soldat. Ce volume n’y fait pas défaut, puisque Vincent Bernard propose de nombreux extraits de témoignages. Cependant, on n’y trouve pas que des écrits de simple soldat mais aussi pas mal provenant d’officiers, parfois supérieurs. Ce qui ne rend pas moins intéressante la vision de cette bataille au ras du sol. Car Gettysburg a lieu à une époque où le commandement se fait encore en direct sur le terrain et nombre d’officiers, jusqu’aux généraux, sont tués ou blessés au cours de la bataille. On peut même littéralement parler d’hécatombe pour certaines unités.

C’est un point sur lequel l’auteur ne masque clairement pas la brutalité de l’action, avec de nombreux exemples des pertes encaissées par les unités qui se sont retrouvées sur les points les plus disputés du champ de bataille. Du côté de l’Union, entre l’arrivée progressive des troupes au début de la bataille et les pertes, le commandement des forces sur le terrain va changer plusieurs fois de mains au cours de la première journée. Si cet enchaînement fait peut-être perdre des occasions aux unionistes, il n’empêche pourtant pas l’armée du Potomac de s’accrocher et d’empêcher l’armée de Virginie du Nord de prendre le dessus dès le début. Une preuve que les troupes et le commandement du Nord ont bel et bien progressé après deux années de conflit meurtrier.

Une fois la troisième et dernière journée de bataille terminée, on bascule dans l’après. Là aussi l’auteur arrive à être synthétique. On ne loupe pas un épisode de la retraite réussie de l’armée confédérée, avec le pourquoi du comment. Puis on passe aux controverses, très présentes du côté confédérés, sur la responsabilité de la défaite. Vincent Bernard termine avec un rapide aperçu de l’aspect mémoriel, avec la transformation du terrain de bataille en parc, les reconstitutions, etc.

Voici donc un très bon ouvrage sur une bataille très marquante de l’histoire américaine et pas forcément très connue chez nous, à part chez les amateurs du sujet. Le livre se conclu avec quelques annexes intéressantes, notamment un ordre de bataille et quelques textes dont celui du célèbre discours d’Abraham Lincoln, prononcé quelques mois plus tard sur les lieux de la bataille et qui se termine avec une formule devenue un grand classique, avec le fameux « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».

Gettysburg 1863
de Vincent Bernard
éditions Perrin / Ministère des Armées
305 pages, dont annexes, bibliographie et index (format moyen)

disponible en numérique chez 7switch

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