House of Suns, d’Alastair Reynolds

Je ne surprendrai personne en disant que je continue de faire le tour des romans d’Alastair Reynolds qui ne sont pas encore traduits en français. Après Aurora Rising qui se passait dans le même univers que L’espace de la révélation, je m’occupe cette fois d’un roman isolé, House of Suns.

Purslane et Campion font partie de la Lignée Gentian et sont sensiblement en retard pour la prochaine réunion de cette sorte de famille. Campion veut changer son vaisseau pour tenter de combler ce retard, mais les négociations ne s’engagent pas très bien. Ce n’est que le début des ennuis.

Alastair Reynolds fait partie des auteurs de space opera capables de procurer un certain vertige à travers ses œuvres. House of Suns ne va pas contredire cette affirmation bien au contraire. Nous sommes dans un futur lointain où l’humanité a colonisé la Voie Lactée et où les civilisations apparaissent, se développent puis périclitent et disparaissent les unes après les autres. Tout ça, en concordance avec la majeure partie des écrits de l’auteur, dans un univers où l’on ne peut pas se déplacer plus vite que la lumière.

Les membres de la Lignée Gentian ont justement pour particularité de faire le tour de la galaxie encore et encore, en se réunissant à l’issue de chaque voyage. Soit à un intervalle dépassant la centaine de milliers d’années. Le nombre de réunion ayant largement dépassé la dizaine, ces individus ont donc un âge qui dépasse nettement le million d’années. A chaque réunion, ils comparent et s’échangent les informations qui ont accumulé au cours du dernier voyage. C’est un aspect intéressant de cet univers, que Reynolds traite fort bien. Du fait de la limitation de la vitesse de déplacement et des distances à parcourir, les informations sur une planète ou une civilisation sont très vite dépassées et il importe à la Lignée de mettre en commun un maximum de données pour essayer d’être le plus à jour possible. Même de cette façon, les choses prennent vite un tour probabiliste : considérant que telle civilisation est à tel stade de développement un certain nombre de milliers d’années auparavant, il y a telle probabilité qu’elle existe encore à l’heure actuelle. Cette façon d’utiliser l’information est intéressante et pas sans impact sur le récit.

Le récit a lui aussi une particularité : il s’agit d’un double récit à la première personne. Les deux personnages principaux, Purslane et Campion, vivent une partie de l’histoire ensemble mais le récit alterne entre les deux comme narrateur d’un chapitre à l’autre. Cette mécanique fonctionne assez bien. On trouve aussi un troisième récit, toujours à la première personne, en prélude de chaque partie du roman. Ce troisième fil narratif se passe dans un passé lointain par rapport au reste de l’intrigue et va permettre de plonger dans les racines de la Lignée Gentian. Non seulement ce récit éclaire assez bien le reste de l’intrigue mais en plus il constituerait à lui seul une assez bonne nouvelle si on l’extrayait du roman.

Reynolds faisant assez bien les choses, il parvient à rendre le côté vertigineux des échelles de temps et d’espace qu’il manipule. Je retrouve bien là une des choses que j’apprécie chez des auteurs comme lui ou Stephen Baxter : une capacité à vraiment faire sentir l’immensité de l’univers. On ressent assez bien que les personnages ont une perception du temps qui n’est plus la même que la notre et un voyage qui dure quelques centaines ou milliers d’années n’est pas grand chose pour eux. L’auteur s’intéresse d’ailleurs à l’une des conséquences de cette durée de vie : la mémoire et son nécessaire élagage. Il n’est pas possible pour un être humain, même augmenté, de stocker des souvenirs pendant des millions d’années. Et même les supports artificiels ont leur limite. Il faut alors se décider à nettoyer régulièrement sa mémoire et faire le tri dans ses souvenirs : ce que l’on conserve et ce que l’on efface sans trop de remords. Le croisement de ce mécanisme avec celui évoqué plus haut sur les partages de données offre des possibilités intéressantes que Reynolds ne se prive pas d’explorer. L’aspect vertigineux se ressent aussi toujours par la variété de civilisation, de vie, etc. que l’auteur propose pour remplir sa galaxie, en n’oubliant pas quelques restes d’une civilisation disparue qui aurait précédé les humains dans l’espace. On sent que c’est très varié et qu’on n’aperçoit même pas la partie émergée de l’iceberg, tout au plus le sommet de cette dernière. Pas de doute, c’est bien un roman de Reynolds.

En attaquant House of Suns, j’ignorai globalement de quoi parlait le bouquin. Je l’avais acquis sur la seule bonne image que j’ai des écrits de l’auteur. Je n’ai pas été déçu du tout. Reynolds livre un space opera qui a réussi à m’arracher quelques exclamations d’étonnement. J’ai aussi eu pas mal d’empathie pour les personnages principaux, en particulier Hesperus qui s’est trouvé très attachant. L’auteur avait déjà exploré cet univers dans une novella, Thousandth Night, qu’il est tout à fait possible que je lise. Il a aussi affirmé qu’il espère un jour écrire à nouveau dans ce contexte. Je lirai ça avait intérêt. En attendant, je vais déjà m’occuper des deux ou trois livres de sa plume que j’ai en stock.

House of Suns
de Alastair Reynolds
illustration de Chris Moore
éditions Gollancz
500 pages (format moyen)

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3 réflexions sur « House of Suns, d’Alastair Reynolds »

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