Xeelee : Endurance, de Stephen Baxter

Stephen Baxter fait partie de ces auteurices qui ont tendance à produire pas mal de nouvelles dans le même univers que leurs romans. C’est particulièrement vraiment concernant son univers des Xeelees, qui compte grosso-modo trois cycles constitués chacun de plusieurs romans et d’un recueil de nouvelles. Ayant déjà lu les recueils de ses deux premiers cycles (Vacuum Diagrams et Resplendent), je me lance dans celui faisait partie du troisième cycle, Xeelee : Endurance.

Comme toujours, les textes sont organisés dans l’ordre chronologique des événements. L’auteur a aussi revu les textes qui étaient parus précédemment dans d’autres ouvrages. Ayant des éditions antérieures à ce recueil de certains de ces textes, j’ai vu faire la comparaison et constater qu’il y a effectivement de petits détails en plus qui accroissent la cohérence de l’ensemble.

On commence avec Return to Titan, une novella disponible aussi en français sous le titre Retour sur Titan et que j’ai déjà lu et chroniqué ici. C’est avec plaisir que j’ai relu le texte et j’aime toujours autant le foisonnement de vie que propose l’auteur, ainsi que sa vision pas très enthousiasmante de la nature humaine.

La novella suivante est aussi une relecture pour moi. Starfall a été publié comme texte indépendant et je l’avais lu à l’époque. Là aussi, ça passe toujours bien. Baxter propose une version de conflit entre systèmes stellaires dans un contexte où l’on n’arrive pas encore à dépasser la vitesse de la lumière. Les solutions employées sont multiples et intéressantes.

On passe à un texte plus court avec Remembrance où il est question de la mémoire historique. Et où l’on voit que l’on s’intéresse un minimum au passé, grâce à ceux qui ont su en conserver et transmettre des souvenirs, pour prendre des décisions pour l’avenir. Un texte qui passe assez bien.

Dans Endurance, on retrouve l’une des figures récurrentes de la période d’occupation Qax : Jasoft Parz. Ce texte, le seul inédit du recueil, se rapproche du roman Timelike Infinity (Singularité en VF) et se passe en parallèle de ses événements. L’auteur y met aussi en scène un personnage qui occulte beaucoup de choses, en étant centré sur son obsession et sa vision du monde, une chose un peu récurrente dans son œuvre.

On retrouve alors la période où l’humanité est en guerre contre les Silver Ghosts. Dans The Seer and the Silverman, on voit une communauté humaine qui tente une coexistence pacifique avec cette espèce, pendant que la majeure partie de l’humanité vit sous la direction d’une Coalition qui vise à imposer son hégémonie dans la galaxie. Et comme souvent chez Baxter, il y a toujours quelques merveilles à découvrir dans les endroits les plus improbables.

L’auteur fait à nouveau le lien avec un autre roman précédent, dans Gravity Dreams. On retrouve donc l’univers de Raft (Gravité en VF) mais aussi le notre puisqu’il va s’agir d’une affaire de communications entre ces deux univers. J’ai bien apprécié de retrouver cet environnement étrange, où la gravitation diffère et représente un sens accessible à l’être humain. Et quand des humains sont un peu décidés à se creuser les méninges, ils peuvent faire des choses assez incroyables. En tout cas, chez Baxter.

Les cinq derniers textes de ce recueil sont reliés plus étroitement que les autres, alors que d’un point de vue temporel ils semblent séparés par des gouffres infranchissables : plusieurs centaines de milliers d’années.

Le premier, PeriAndry’s Quest, permet de faire connaissance avec cet étrange Old Earth qui donne son titre à ce cycle. Une fraction de l’humanité a survécu et la défaite contre les Xeelees et à la métamorphose de notre univers les oiseaux photino, réfugiée sur une Terre qui semble à l’écart du reste de l’univers et où le temps ne s’écoule pas de façon uniforme. En effet, plus on gagne en altitude et plus le temps s’accélère. Dans ce premier texte, on suit un personnage qui se lance dans une quête idiote et franchement futile, de jeune homme un peu con, mais ça permet de bien présenter cet univers et les effets de cet écoulement temporel non uniforme. Et si le protagoniste ne brille pas trop, on voit que tout le monde ne se plie pas aux attendus de cette société étrange.

Dans Climbing the Blue, on voit cette fois quelqu’un qui tente d’exploiter ces différences en grimpant en altitude pour tenter de trouver un remède à une maladie avant qu’elle n’emporte ses victimes. Si l’idée semble bonne, elle a cependant un prix. Et surtout, l’auteur montre à la fin le corolaire qui rend finalement cette démarche un peu vaine.

Les règles de cet univers font qu’une chute un peu haute peut avoir des conséquences dramatiques. C’est ce qu’il se passe dans The Time Pit. On continue aussi de voir les différences importantes en terme de vie et de société entre des endroits qui spatialement ne sont en fait pas très éloignés.

Si l’on peut descendre par accident, on peut aussi le faire volontairement et par curiosité. C’est ainsi que dans The Lowland Expedition on suit une sorte d’expédition d’exploration avec un poil de prétention scientifique, visant à découvrir et comprendre ce qu’il y a « en bas ». Là Baxter va rappeler qu’il ne manque pas d’idées sur les formes de vie et j’apprécie toujours ça.

Enfin, dans Formidable Caress, on voit des personnages s’intéresser à la nature de leur environnement, avec la forte suspicion qu’il est de nature artificielle. Les personnages qui essaient de comprendre le monde et son fonctionnement sont une récurrence chez l’auteur et j’aime toujours suivre leurs réflexions et leurs conclusions.

Avec ce troisième recueil dans l’univers Xeelee, Stephen Baxter propose encore quelques très bons textes. On parcourt toujours différentes époques, parfois très éloignées dans le temps et on croise son lot d’idées intéressantes. Si je trouve les textes du cycle Old Earth parfois un peu faible individuellement, l’ensemble tient en revanche très bien la route. Je vais maintenant pouvoir m’attaquer au diptyque de romans qu’a produit l’auteur après, en commençant par Xeelee : Vengeance.

Xeelee : Endurance
de Stephen Baxter
éditions Gollancz
438 pages (format moyen)

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