Sharps, de K. J. Parker

Une nouvelle fois je me lance dans un roman de K. J. Parker sans vraiment savoir de quoi il retourne. Le précédent opus, The Hammer, m’avait bien plu entre autre par son côté colonie façon britannique en Amérique du Nord. Je suis naturellement curieux de voir ce que l’auteur propose avec Sharps.

Quand, après avoir fait la guerre pendant des décennies avec son voisin, on veut engager des relations plus cordiales et cimenter la paix, on peut se tourner vers le sport. Quoi de mieux que d’organiser une compétition, où l’on envoie les meilleurs éléments locaux faire une tournoi chez le voisin ? Il faut juste que le hasard ne s’en mêle pas trop et que de chaque côté personne ne profite de l’occasion pour raviver les flammes.

Comme d’habitude avec les bouquins de Parker, je ne savais rien de l’ouvrage avant de l’entamer. Et comme d’habitude, j’ai retrouvé avec grand plaisir sa plume. L’auteur continue de manier les éléments habituels : politique, économie, finance, culture, guerre, etc. Je retrouve toujours ce soucis du détail que j’apprécie beaucoup. Parker a souvent le chic pour mettre en évidence quelque chose que la plupart des auteurs du genre évitent ou ignorent. Ici, par exemple, on verra un personnage mettre de côté une feuille après avoir tenter d’écrire une lettre : on ne gâche pas le papier pour quelques lignes noircies, c’est cher il faut donc le rentabiliser un minimum.

J’ai régulièrement l’impression avec les ouvrages de l’auteur de parcourir différents endroits d’un même univers de fantasy, sans que ce soit clairement énoncé dans aucun. Cette fois, je n’ai plus aucun doute. Il y a trop d’éléments dans Sharps qui rappellent certains autres titres de Parker, en particulier sa Engineer Trilogy mais aussi The Hammer. J’ai donc la certitude qu’au moins une partie de son œuvre s’inscrit dans un cadre commun. En soi, ça n’a rien d’important mais ça me fait plaisir de voir que mon intuition confirmée.

Sharps parle régulièrement d’un conflit que l’on ne verra pas puisqu’il appartient au passé mais qui reste au centre du récit. Le parcours de la plupart des personnages a été influencé par cet événement et on sent bien que la possibilité qu’il se relance est présent dans l’esprit de tous. Parker montre comme d’habitude une connaissance des raisons d’une guerre qui ne se limite pas à une simple ambition territoriale. On voit entre autres les raisons économiques qui peuvent pousser au conflit. Bref, c’est plus complexe et subtil que dans pas mal d’autres bouquins, sans pour autant que l’auteur esquive les aspects triviaux. Parker maîtrise aussi assez bien l’ambivalence entre complexité et simplicité dans la cause des différents problèmes qui se mettent en travers de la route des protagonistes. Tout n’est pas toujours l’effet d’un gros complot et l’auteur met bien scène les ratages ordinaires et les malheurs provoqués par le hasard. Sans jamais oublier les subtilités de la politique et son aspect non binaire.

Comme dans d’autres romans de l’auteur, la fin de Sharps va voir son lot de surprises et de situations qui ne se terminent pas comme l’imaginaient les protagonistes. Parker a vraiment une capacité à faire partir les choses en quenouille qui me réjouit. Je sens vraiment quand le hasard décide de contrarier les personnages.

Ce n’est donc toujours pas cette fois que K. J. Parker me déçoit. Avec ce Sharps l’auteur réussi encore à me surprendre un peu, à me faire plaisir à voir les personnages se débattre face aux ennuis et aux contrariétés de toutes sortes. Il y a toujours un soucis du détail et une utilisation intelligente de la géopolitique. Je vais donc évidemment continuer à explorer son œuvre. Par contre, je ne sais pas encore si je vais m’occuper d’abord d’une de ses novella que j’ai en stock, The Devil you know, de son premier recueil de nouvelles, Academic Exercices, ou bien directement de sa série publiée après Sharps : The Two of Swords.

Sharps
de K. J. Parker
illustration de Larry Rostant
éditions Orbit
449 pages (format moyen)

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