Antiphon, de Ken Scholes

Après deux volumes, Lamentation et Cantique, qui ont bien lancé sa série des Psaumes d’Isaak, l’américain Ken Scholes continue sur sa lancée avec un troisième tome intitulé Antiphon. Est-ce que ce nouvel opus confirme les bonnes impressions des précédents ?

La situation de démarrage de ce volume est un peu difficile à résumer pour qui n’aurait pas lu les précédents, mais on reprend le fil de l’histoire quasiment là où on l’a laissé à la fin de Cantique. La reprise du récit se fait assez facilement, je n’ai pas eu de difficulté à retrouver mes repères et à savoir qui fait quoi. Voila déjà une bonne chose.

Au niveau des protagonistes, on retrouve les mêmes, avec un petit point de vue supplémentaire, histoire d’apporter un peu de nouveauté. Pour les autres, les changements vont être nombreux. Rudolfo se retrouve dans une situation où il ne semble y avoir que des mauvais choix possibles. Neb évolue à un point qui fait sembler bien lointain le jeune homme innocent du tout début de Lamentation. Hivers essaie de trouver la bonne solution pour son peuple. Vlad Li Tam est comme hanté par le souvenir d’une relation étrange. Bref, tout le monde navigue à vue, généralement en plein brouillard, et il est difficile pour chacun de savoir vers quoi il/elle va. Le rideau continue de se déchirer et les personnages perçoivent de plus en plus l’ampleur du schéma de manipulations dans lequel ils ne sont que de simple marionnettes.

Si Cantique avait commencé à assombrir l’ambiance, Antiphon noircit indéniablement le tableau. Nos héros se débattent contre un destin qui semble implacable et l’on en vient presque à se demander comment certains arrivent à garder une once d’espoir et à continuer à lutter. Et j’avoue que par moment, je doute véritablement sur la façon dont certains personnages finiront l’histoire.

Scholes continue de faire évoluer son univers vers quelque chose qui tire de plus en plus vers la science-fiction. Les deux précédents volumes montraient que l’univers que connaissent les personnages est le fruit d’une sorte de cataclysme peut-être autant technologique que magique. Et j’ai la sensation d’assister à une sorte de nouvelle évolution de cet univers, un changement aussi important et violent que celui qui a mené à ce monde.

L’une des choses que j’apprécie depuis le début de la série, et qui est encore présente dans ce volume, c’est le rythme du récit. Les points de vue s’enchaînent avec une certaine rapidité et l’auteur fait évoluer son intrigue de manière régulière. Il ne perd pas deux cents pages à nous raconter une bataille ou une péripétie quelconque, comme c’est régulièrement le cas dans certains livres un peu épais.

L’un des aspects intéressant de cette série est le fait que les « méchants » que met en scène Scholes ont des motivations et des objectifs qui semblent parfaitement respectables, voire bons. Mais pourtant, le lecteur que je suis ne parvient absolument pas à adhérer à leur méthode. Et la question se pose : qu’est-ce qui prime entre la fin et les moyens ?

Au niveau de l’ambiance générale, je continue de ressentir ce petit parfum de Dune, une bien meilleure essence que celle distillée par Anderson et Herbert Fils. Et au centre de tout ça, et pourtant en marge parce que l’on n’a jamais son point de vue, Isaak, Le mécaserviteur, l’instrument involontaire du destin. Et bien que Scholes ne mette jamais en scène ses pensées, il parvient à lui donner une humanité et une dimension étonnante.

Les Psaumes d’Isaak fait véritablement partie des séries qui me marquent dans la fantasy de ses dernières années, de celles qui font que je continue à lire le genre parce qu’il ne cesse de m’offrir de belles surprises. Il reste deux volumes à venir dans cette série, encore deux occasions d’émerveillement et de plaisir, je l’espère.

AntiphonAntiphon (Antiphon)
de Ken Scholes
traduit par Olivier Debernard
illustration de Marc Simonetti
éditions Bragelonne
480 pages (grand format)

Pour ceux qui veulent continuer l’aventure

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