Catwoman – The Game, de Judd Winick & Guillem March

En attendant un possible troisième volume de la collection DC Finest consacré à Catwoman, j’ai décidé de relire toute la série de l’ère des New 52. Soit la quatrième portant ce titre, celle des DC Finest étant la deuxième (il y a une troisième série dans le courant des années 2000 jusqu’en 2011). Une série dont un souvenir assez contrasté. On va voir comment ça passe, une petite décennie après la fin de sa publication.

Commençons par un peu de contexte. En 2011, DC Comics publie l’event Flashpoint, un de ces événements qui a parfois des conséquences importantes pour l’univers DC, comme par exemple les grandes Crisis. C’est le cas de Flashpoint puisque cet arc mène carrément à une refonte complète de l’univers et une relance au numéro 1 de l’intégralité des publications de l’éditeur. Un changement que n’avait encore jamais tenté la maison d’édition. La troisième série Catwoman prend donc fin et est aussitôt remplacée par une quatrième. La grande conséquence de cette remise à plat de l’univers DC est la réécrite des origines des personnages, des statu quo variés, etc. Dans l’ensemble, de nombreuses séries vont aussi prendre une approche assez « dark & gritty », comme ce sera par exemple le cas de Batgirl sous la plume de Gail Simone.

Et donc, que ce passe-t-il avec Selina Kyle ? Le premier volume reprend les six premiers numéros de la série, en un arc qui signe le début de nouveaux problèmes pour la voleuse. On nous dévoile quelques éléments de son nouveau passé, on propulse sur la scène de nouveaux personnages : amie, alliée potentielle, policier, chef de gang, super-méchante, etc. La distribution est assez riche mais pas trop.

Graphiquement, y a quelques bonnes choses mais c’est assez blindé de fan service voire franchement putassier par moment. Alors que la série des années 2000 avait réussi à descendre d’un cran, on a l’impression d »être revenu dans les années Jim Balent. C’est pénible. Et en prime, on nous propose une nouvelle version de la relation entre Catwoman et Batman qui se résume essentiellement à des séances de jambes en l’air en costume. Là aussi, on est loin de ce que la série précédente proposait ou de ce que l’on pouvait voire dans des arcs comme Hush ou Heart of Hush. Et même pour ce qui est de proposer une relation charnelle sur les toits de Gotham, on aurait infiniment mieux quelques années plus tard avec le Rooftops de Tom King et Mitch Gerads. La relation Catwoman – Batman proposée dans ce volume est vraiment décevante au possible, avec deux personnages qui semblent complètement soumis à leurs pulsions. Ce qui me semble non seulement complètement ridicule dans le cas de Batman, mais même Selina m’a toujours donné l’impression de quelqu’un capable d’un minimum de self-control. En plus, tout ceci me parait assez inutile dans la mesure où à la fin de l’album cette relation prend fin. Or, cet album étant le début de la période New 52 qui se trouve justement être une refonte total de cet univers, on n’a pas besoin de perdre une partie du premier arc à modifier un statu quo. On aurait très bien pu intégrer facilement le fait que les deux personnages ne sont plus dans une relation. D’autant plus que c’est le cas sur la méconnaissance par Selina de l’identité réelle de Batman. Bref, c’est du gâchis.

Et franchement, c’est dommage parce que ce volume contient quand même quelques bonnes idées même si un poil classiques. Les actions de Catwoman ont des répercussions et son impétuosité qui la pousse à voler parfois un peu trop ou pas aux bonnes personnes ne peut que finir par mettre en danger celleux qui lui sont proches.

Bref, le début de cette série est assez conforme à mon souvenir : fracassant mais pas forcément dans le bon sens. C’est d’autant plus dommage qu’il y avait quand même matière à faire nettement mieux, pour peu qu’on baisse le volume sur le fan-service et la putasserie. Après, si on a tient à tout prix à voir l’homme chauve-souris et la femme-chat faire des galipettes sur les toits de Gotham City sans aucune subtilité, on sera servi.

On verra dans le volume suivant, des mêmes auteurs, si on reste dans cette voie ou s’ils avaient un peu corrigé le tir. J’avoue ne plus vraiment m’en souvenir.

Catwoman – Volume 1 – The Game (Catwoman – Tome 1 – La règle du jeu)
écrit par Judd Winick
dessiné par Guillem March
colorisé par Tomeu Morey
lettré par Sal Cipriano & Dezi Sienty
éditions DC Comics (anglais) Urban Comics (français)
143 pages

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