Un soupçon de haine, de Joe Abercrombie

L’année dernière, j’ai relu tous les romans de Joe Abercrombie situé dans son univers de La Première Loi, ainsi que le recueil de nouvelles qui y est lié. Je peux maintenant entamer ma lecture de sa nouvelle trilogie qui fait suite à tout ça.

On retrouve Adua, son roi, son conseil et ses perpétuels problèmes aux diverses frontières, mais aussi à l’intérieur. Et on est une quinzaine d’années après la fin de Pays rouge, soit près d’une trentaine depuis la fin de la première trilogie.

J’ai pris plaisir à replonger dans cet univers et à retrouver certains personnages connus, même si ces derniers ne sont plus au centre des événements. Une nouvelle génération de protagonistes occupe le terrain et j’ai apprécié de faire connaissance avec eux. Abercrombie est plutôt doué pour croquer des personnages bourrés de défauts.

Les intrigues nous promènent dans plusieurs régions de l’Union, avec leur lot de drame, d’action et de retournements de situation. Classiquement chez l’auteur, certains personnages vont voir leur situation changer drastiquement, se faire des promesses de changement pour plus tard et ne pas forcément les tenir une fois la situation résolue. On retrouve aussi celleux qui tentent d’échapper à l’image qu’on leur colle, et ça n’a rien de simple.

J’aime beaucoup le contexte dans lequel Abercrombie fait évoluer ses personnages. L’univers de La Première Loi n’est pas figé, il évolue. Et cette nouvelle série se passe clairement en pleine révolution industrielle. Les usines poussent comme des champignons, l’exode rural pousse les gens vers les villes, les ouvriers de tous âges travaillent dans des conditions infectes, etc. J’ai en particulier apprécié de voir l’émergence d’un mouvement luddite. C’est évidemment bien utile pour l’auteur parce que ça lui permet d’offrir de la tension, des antagonistes, etc. Mais c’est aussi une approche crédible de ce type de bouleversement, puisqu’elle reflète ce qu’il s’est réellement passé au moment de la Révolution Industrielle.

Abercrombie met bien en scène cette classe riche qui estime que leur statut est un dû et que les pauvres devraient leur être reconnaissant de leur laisser parfois quelques miettes. Toute ressemblance avec l’époque actuelle est probablement (pas du tout) fortuite. Par moment, j’ai même perçu que l’un des antagonistes du récit n’était pas un personnage mais la cupidité elle-même.

J’ai donc bien apprécié ce premier volume. L’auteur met plein de choses en place pour la suite, mais il n’oublie pas de livrer des intrigues dont un certain nombres de fils sont à peu près rassemblés et résolus à la fin du volume, avec aussi leur lot de surprises. L’une d’elle aurait pu ne pas en être une puisque j’avais relu les romans précédents il n’y a pas si longtemps. Mais je n’ai pas tiqué sur le détail qui aurait pu me mettre la puce à l’oreille et donc ça a été plaisant à découvrir. Le changement d’époque et l’évolution du monde sont bien mis en scène. Bref, tout ça m’a plu et je vais donc pouvoir m’attaquer tranquillement au volume suivant, Le problème avec la paix.

Un soupçon de haine (A Little Hatred)
de Joe Abercrombie
traduit par Jean Claude Mallé
illustré par Didier Graffet
éditions Bragelonne
718 pages (poche)

disponible en numérique chez 7 switch

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