Batman – Year One & Two

Les comics de super-héros, c’est bien. Mais sur les personnages les plus connus, on croule sous les titres existants. Et quand on aime bien un personnage et qu’on a envie de creuser pour voir ce qui a été publié avant, ça n’est pas toujours facile de mettre la main sur des arcs en particulier, une fois sorti des grands classiques. DC Comics s’est enfin décidé à lancer une collection regroupant des trucs plus ou moins anciens dans des gros volumes. Et sans surprise, je m’intéresse au premier des volumes consacrés à Batman.

Ce premier volume couvre la période 1985-1986, avec les numéros 401 à 412 de Batman et 568 à 579 de Detective Comics. Une ère marquée par un récit mythique parmi les publications estampillées du chevalier noir : Year One.

Mais le volume ne commence pas là. On passe d’abord par deux numéros liés à un event intitulé Legends, mais qui ne semblent pas reliés fortement à cet event, ce qui est tant mieux quand on les lit séparément des autres séries impliquées dans ce crossover. On a ensuite un numéro avec un faux Batman. Puis deux numéros avec une Catwoman qui tombe sous l’influence du Joker. On retrouve alors l’imposteur le temps d’un numéro, avant de passer à l’Épouvantail. Tout ça se lit avec un plaisir variable. Il faut apprécier le style graphique de l’époque, notamment au niveau des couleurs (ceci est valable pour tout le reste du volume).

Et l’on arrive enfin à Year One. Écrit par Frank Miller et dessiné par David Mazzucchelli, ce récit fait partie des plus célèbres consacrés à Batman. Et c’est toujours un plaisir de relire cette vision des début du chevalier noir dans les rues de Gotham. Avec un Bruce Wayne qui cherche sa formule, fait des erreurs et construit une relation avec un Jim Gordon lui aussi en pleine mutation. Les quatre numéros de ce récit ont leur lot de passages marquants, tant par le texte que par le dessin.

On a ensuite un numéro spécial de la série Detective Comics, un numéro qui sacre les cinquante ans de la série depuis 1937 (mais pas du personnage puisque Batman est né deux ans après dans le numéro 27). Un récit d’une bonne cinquantaine de pages et divisé en cinq parties, Batman apparaissant brièvement dans la première et pleinement dans la dernière. On y croise surtout Slam Bradley, détective privé apparu pour la première fois dans cette série dès son premier numéro (il est donc plus vieux que Batman et Superman), puis Elongated Man et enfin un célèbre détective britannique résidant Baker Street. Et j’ai pris plaisir à tout ça. J’aime bien Slam Bradley, que j’avais surtout croisé dans Catwoman pendant la période Ed Brubaker ainsi que dans le Gotham City Year One écrit par Tom King. Et je suis un fan de Sherlock Holmes.

On enchaîne avec deux numéros avec le Chapelier fou et un Robin en danger, avec aussi une apparition de Leslie Thompkins. Puis deux numéros où l’on revient un peu en arrière en voyant comment Bruce congédie Dick Grayson du rôle de Robin, puis comment il fait la connaissance de Jason Todd et finit par lui proposer de reprendre le poste de sidekick. C’est le moment où je réalise que j’ai oublié de préciser que les premiers numéros de ce recueil correspondent aux premiers numéros mettant en scène le Batman post-Crisis on Infinite Earth, un gros event qui a bouleversé toutes les publications DC Comics entre 1985 et 1986, mettant fin (provisoirement) à la multitude de Terre parallèles développées au fil des décennies. Toutes sont fondue en une seule (Earth One) et c’est la raison pour laquelle l’éditeur peut sortir plusieurs récits proposant de nouvelles versions des origines de ces différents personnages. Ici donc, celle de Jason Todd qui devient un enfant des rues, alors que la version pré-Crisis était un enfant de cirque, comme Dick Grayson. Bref, je me suis bien amusé à voir Jason Todd jouer l’agent infiltré chez une bande de méchants dirigée par un adversaire un poil original.

On passe ensuite à deux numéros où Two Face sert d’antagoniste principal, avec une relation particulière entre le méchant et Jason Todd. Une histoire où l’on voit que ce dernier a du mal à contenir sa colère face à certaine révélation. Le caractère parfois explosif du garçon est bien rendu et ça ressortira plusieurs fois par la suite. On a un petit passage avec une roulette géante qui semble tout droit sortie de la série télé avec Adam West.

On a un annual de Batman contenant deux histoires. La première, signée Alan Moore, est centrée sur Clayface (une des x versions du personnages, je serai infoutu de préciser plus) avec une obsession malsaine et c’est pas mal. L’autre parle d’un Oswald Cobblepot réformé et qui semble avoir trouvé l’amour. Mais Batman n’est pas très convaincu par cette histoire (ce garçon est terriblement suspicieux). Et j’ai bien aimé aussi.

Si on a fait un récit intitulé Year One pourquoi ne pas en faire un que l’on appellerait Year Two. Visiblement quelqu’un a eu cette idée « géniale » chez DC. Et d’y consacrer quatre numéros de Detective Comics, avec le retour d’un tueur nommé The Reaper qui hantait les rues de Gotham vingt ans auparavant, un Bruce Wayne qui se découvre un nouvel amour, une Leslie Thompkins qui assiste à l’histoire avec une certaine impuissance, un Joe Chill (le meurtrier des parents de Bruce Wayne) qui fait son retour, etc. Je n’ai pas trouvé ça mauvais mais pas forcément bon non plus par moment. Notamment le fait de voir Batman utiliser un pistolet et pas n’importe lequel : celui qui a servi à tuer ses parents. Ça m’a semblé un peu trop en dehors des clous par rapport au personnage.

On a rapidement un numéro où Batman et son sidekick habituel Robin affrontent une mime qui a fait un choix de carrière criminel et enfin un épisode où le duo est face à un chirurgien peu scrupuleux. Cette dernière histoire est l’occasion de voir que Batman sait que la misère peut pousser les gens aux dernières extrémités.

Voici donc un volume sacrément rempli, où l’on a deux récits « longs » (en quatre épisodes), un numéro anniversaire avec une histoire qui se développe bien aussi et à côté tout une série de petites histoires en un ou deux numéros. Il y a à boire et à manger, l’ambiance alternant pas mal. Graphiquement, c’est un peu varié et on y croise plusieurs grands noms de l’époque (Mazzucchelli, Aparo, Infantino, Breyfogle…) Pour peu que l’on apprécie le style de l’époque – je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde – il y a de quoi se faire plaisir. Mon côté complétiste est bien satisfait de disposer d’un tel regroupement par ordre plus ou moins chronologique de numéros des deux séries principales consacrées à Batman. Et j’ai déjà le volume suivant en stock, un volume qui contient notamment les récits indépendants Son of the Demon et The Killing Joke. J’en parlerai probablement ici dans quelques temps.

Batman – Year One & Two
écrit par Barbara J. Randall, Joey Cavalieri, Max Collins, Mike W. Barr, Frank Miller, Alan Moore
dessiné par Trevor Van Eeden, Klaus Janson, Jim Starlin, Alan Davis, Paul Neary, Denis B. Cowan, David Mazzucchelli, Terry Beatty, Dick Giordano, Carmine Infantino, Al Vey, E. R. Cruz, Chris Warner, Ross Andru, Dave Cockrum, George Freeman, Norm Breyfogle, Todd McFarlane
encré par Greg Brooks, Mike DeCarlo, Don Heck, Paul Neary, Alfredo Alcala
colorisé par Adrienne Roy, Daina Graziunas, Richmond Lewis, Carl Gafford, Lovern Kindzierski, Julianna Ferriter
lettré par John Costanza, John Workman, Todd Klein, Romeo Francisco, Richard Starkings, Agustin Mas, Albert DeGuzman
éditions DC Comics
632 pages

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