La collection Champs de Bataille des éditions Perrin continue son petit bonhomme de chemin et nous voici arrivé au huitième volume, consacré à la bataille de Pavie en 1525. Un livre écrit par un historien que j’ai déjà croisé sur L’atlas des guerres – époque moderne.
Comme d’habitude, on retrouve la formule de la collection, avec le contexte, le chemin menant à la bataille, le déroulement de cette dernière, ses conséquences immédiates et un peu plus tardives et enfin sa mémoire. Le tout avec un marque-page / chronologie et une cahier de cartes couleur au milieu du volume.
De toutes les batailles proposées jusqu’ici dans cette collection, Pavie est probablement celle que je connaissais le moins. J’en savais juste qu’il s’agissait d’une grosse défaite pour François Ier et c’est tout. Pas vraiment d’idée du contexte, du déroulement ou de ses conséquences, à part la capture du roi de France. J’ai donc appris énormément de choses avec ce livre. Et il y avait beaucoup à apprendre.
Tout d’abord, le contexte. Cette bataille, qui fait suite à un siège de la ville de Pavie, s’insère dans le cadre du joyeux foutoir que sont les guerres d’Italie. Une période où les rois de France ont décidé qu’ils avaient des ambitions transalpines et ont mené pas moins de onze guerres en soixante-cinq ans. Non seulement ceci n’est déjà pas simple, mais en plus la campagne de la sixième guerre, qui va mener au siège puis à la bataille de Pavie n’a rien de simple. Les différentes armées font pas mal de déplacements et heureusement que l’ouvrage a des cartes pour aider à s’y retrouver.
Pour le déroulement de la bataille, l’auteur essaie de rendre les choses claires, tout en montrant qu’elles ne l’étaient pas forcément pour les protagonistes à l’époque. Suivant le modèle de la collection, on a plusieurs extraits de témoignages, plus ou moins tardifs, des événements. Et Guinand essaie de nous guider à travers toutes les contradictions et les imprécisions ou manques de ces récits. Encore une fois, j’apprécie beaucoup les historiens qui n’oublient pas de nous contextualiser un peu les sources avec leurs avantages mais aussi leurs inconvénients.
Les suites de la bataille sont assez importantes. Non seulement la défaite française a un effet militaire au niveau des opérations dans la péninsule italienne, mais la capture de François Ier lui-même a des conséquences importantes. Le pouvoir royal doit se maintenir en France. Le roi doit négocier sa libération, en faisant des promesse qu’il ne tiendra pas forcément.
De plus, l’auteur montre que si Charles Quint semble le grand gagnant de la bataille et de la sixième guerre d’Italie, son ascendant provoque rapidement des renversements d’alliance et une septième guerre ne tarde pas à commencer.
Guinand montre que la tenue de cette bataille n’avait rien d’une évidence, pas plus que son issue. La mémoire en a gardé une image assez déformé et l’historien nous explique que la défaite de François Ier ne tient pas à une simple confrontation entre une chevalerie surannée et des lansquenets modernes. L’un des points que j’ai trouvé intéressant concerne les problèmes financiers de Charles Quint, qui semble en permanence au bord de la banqueroute et accumule les dettes vis à vis de ses troupes. Lorsque ses armées tentent de lever le siège de Pavie, il s’agit en fait d’une bataille de la dernière chance avant que non seulement la ville ne tombe mais aussi qu’une partie des troupes du Habsbourg ne lui fasse défaut.
Bref, il y a plein de choses intéressantes à voir dans cet ouvrage. L’auteur nous accompagne bien et nous guide avec assurance sur la route tortueuse qui mène à cette bataille. Puis il illustre ses conséquences diverses et montre par quel biais la mémoire a fini par en produire une image parfois un poil déformé. Tout cela en suivant la recette de la collection et en n’oubliant pas de parler des témoins, qui permettent de nous faire ressentir un petit peu à quoi ressemble la guerre de siège.

Pavie 1525
de Julien Guinand
éditions Perrin / Ministère des armées
311 pages, dont notes, annexes, bibliographie et index (format moyen)
disponible en numérique chez 7switch