Dune : Première partie, de Denis Villeneuve

Ayant lu le roman Dune plusieurs fois et même vu une fois l’adaptation de David Lynch, avec une BO signée Toto que j’aime beaucoup, le projet d’une nouvelle adaptation dirigée par Denis Villeneuve m’intéressait. Surtout qu’il était prévu en deux parties, ce qui laissait présager un rythme assez proche de celui du roman. N’ayant pas pu voir le film a l’époque de sa sortie en salle, je l’avais inscrit dans ma liste « à regarder quand je trouverai le temps ». C’est donc maintenant le cas. Voyons donc comment j’ai digéré ce premier volet.

L’empire dépend de la guilde, la guilde dépend de l’épice et l’épice n’est trouvable que sur une seule planète : Arrakis. Après plusieurs décennies de gestion par la maison Harkonnen, l’empereur décide de confier le contrôle de la planète à la maison Atréides. Paul, fils du duc Leto Atreides, va accompagner son père dans cette mission qui a tout du piège.

Dans l’ensemble, ce premier volet correspond à peu près à ce qui était le premier volume de l’édition française en deux tomes du roman. Je n’ai pas l’impression que le scénario intègre beaucoup de choses nouvelles, même s’il y a quand même quelques trucs dans certaines scènes qui n’étaient pas présents dans le livre. Je l’ai lu trois ou quatre fois et un certain nombre de scènes et de détails sont restés assez bien gravés dans ma mémoire. Et j’ai à peu près tout retrouvé de cela.

Par contre, il y a des choses qui semblent peu présentes voire carrément absentes. L’importance de l’épice pour le fonctionnement de l’empire et de son économie est certes évoquée, mais ça semble très vite passer au second plan, voire être carrément oublié. Je n’ai pas non plus eu l’impression de voir la moindre référence au Jihad Butlérien. On voit bien que Thufir Hawat est particulier, mais je ne suis pas sûr que le mot mentat soit prononcé une seule fois et leur importance est totalement évacuée. Visiblement, ce ne sont pas des aspects, pourtant marquants, de cet univers que le réalisateur souhaite explorer.

Je connais l’univers de Dune et ses règles, je n’ai donc pas du tout été perdu dans les détails qui sont exposés. Mais j’ai eu l’impression que la présentation du contexte et ses différents éléments sont fournis assez graduellement et ça ne devrait pas trop perdre les gens qui ne le connaissent pas du tout.

Du côté de la distribution, je suis satisfait de ce premier volet. Timothée Chalamet me convient très bien en Paul Atréides. Il est certes un peu plus vieux que le personnage au début de l’intrigue (mais il vieillit de quelques années dans le roman) mais je trouve qu’il arrive à envoyer par moment l’image d’un jeune homme pas tout à fait sorti de l’enfance. On ressent aussi ses inquiétudes par rapport à ses visions. Tout les autres interprètes me semblent bons dans leur rôle, d’Oscar Isaac en Duc Leto à Jason Momoa en Duncan Idaho, en passant par Rebecca Ferguson en Jessica ou Charlotte Rampling en Révérende Mère Mohiam, toutes et tous m’ont convaincu.

Je pense que le personnage de Jessica est celui qui a subit le plus de modifications par rapport au roman. J’ai l’impression qu’elle est plus présente dans l’intrigue et que ses inquiétudes pour son fils et ses doutes sur le plan du Bene Gesserit sont plus visibles.

Visuellement, tout ça est très beau. Y a des décors, des costumes, du paysage désertique, des effets spéciaux, etc. Bref, y a de la thune et ça se voit. Certains plans font bien ressentir la petitesse des personnages face à l’immensité du paysage. Villeneuve connait son boulot et il s’en sort bien de ce côté. On n’échappe pas à certains filtres et à l’omniprésence de certaines teintes dans la colorimétrie. Bon, du fait qu’une bonne partie de l’intrigue se passe sur une planète qui est essentiellement un désert de sable et de roche, ça n’est pas déconnant de rester dans une palette précise. Les architectures et couleurs utilisées permettent bien de reconnaître les planètes où l’on se trouve. Par contre, il y a un truc qui m’a un peu chiffonné : la plupart des lieux m’ont paru relativement vide. On a de grands espaces intérieurs qui sont finalement assez dépeuplé de meubles et autres accessoires. Que cela soit le cas sur l’une des planètes/cultures représentées, pourquoi pas. Mais j’ai eu la sensation que c’était systématique. Or, on suit essentiellement des personnages appartenant des familles puissantes de cette univers, pas des prolos entassés à douze dans un F3. Où est la richesse de ces familles ? Pourquoi rien ne ressemble à Versailles ou à la cour du Duc de Bourgogne à son summum ? Le luxe m’a semblé totalement absent de ce film et je trouve ça bien dommage.

Il y a par contre des détails que j’ai vraiment aimé du côté visuel. Les lasers, qui semblent vraiment dangereux et font flipper. Les boucliers ont ce caractère un peu étrange que j’y trouvais dans le livre. L’espace semble grand et le film montre vraiment bien l’immensité des moyens de transports spatiaux, que ce soit les vaisseaux des familles ou les nefs de la Guilde. La Voix a une façon d’être mise en scène qui me convient bien. Et puis, il y a l’épice, que l’on voit assez peu dans ce premier volet mais que j’ai beaucoup aimé apercevoir en suspension dans l’air à quelques occasions.

Il y a par contre une chose qui m’a vraiment agacé dans le film : la musique. Si Hans Zimmer est tout à fait capable de produire des morceaux produisant une belle ambiance, avec un peu de subtilité, il semble en revanche incapable de tenir dix minutes sans faire beugler le klaxon de camion qui est malheureusement sa marque de fabrique la plus évidente. C’est pénible, c’est lourdingue et franchement, j’en ai marre de subir ça dans tous les films sur lesquels lui ou l’un de ses émules ont travaillé.

Au final, j’ai bien aimé ce film. Les choix faits par Denis Villeneuve sont différents de ceux de David Lynch. Le résultat semble plus proche du roman sur certains points mais s’en éloigne probablement sur d’autres. Il faudra voir ce que donne le deuxième volet pour vraiment faire le bilan à ce niveau. Indépendamment du roman qu’il adapte, je trouve que le film est beau à voir, c’est bien fait, à part la musique régulièrement lourdingue qui, pour moi, gâche plusieurs moments du film.

Dune : Première partie (Dune: Part One)
réalisé par Denis Villeneuve
avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Josh Brolin, Jason Momoa, Stellan Skarsgård, Dave Bautista, Zendaya, Javier Bardem, Charlotte Rampling et d’autres
2h35

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