J’ai dit du bien des six premiers volumes de la collection Champs de Bataille des éditions Perrin. Le septième volume est consacré à une bataille dont j’ai déjà parlé à l’occasion d’un autre livre qui lui était consacré : Malplaquet. Et c’est Clément Oury, déjà auteur d’un ouvrage sur la guerre de Succession d’Espagne pendant laquelle a lieu cette bataille, qui s’y colle.
Quasiment inconnue du grand public, la bataille de Malplaquet a la réputation chez les connaisseurs de la période ou de l’histoire militaire en générale d’être « la défaite qui sauva le royaume ». En suivant la recette de la collection, Clément Oury va nous montrer si cette assertion est justifiée ou pas.
Comme d’habitude, on suit le plan de la collection : contexte, marche des événements jusqu’à la bataille, présentation des chefs et des troupes, déroulé de la bataille, conséquences immédiates et plus tardives et enfin mémoire de la bataille.
Je trouve que l’auteur s’en sort admirablement bien. Il montre bien l’aspect « bataille de la dernière chance » pour le régime d’un Louis XIV acculé. On voit aussi parfaitement comment l’emballement de ses adversaires en terme d’exigences lors des négociations diplomatiques a conduit le Roi-Soleil à tenter un dernier baroud d’honneur.
Fidèle à la formule de la collection, Oury utilise fréquemment des extraits de témoignages des acteurs, petits et grands, de la bataille. Cela enrichi bien le texte. Les quelques cartes couleur en milieu d’ouvrage sont toujours les bienvenues.
L’un des points particulièrement intéressants de cet ouvrage, c’est la démonstration que fait l’auteur sur l’issue de la bataille. Il propose une lecture de celle-ci à différentes échelles, pour voir si elle avantage ou pas quelqu’un. L’un des niveaux que j’ai trouvé révélateur, c’est la diplomatie puisque l’on voit que l’année suivante, les coalisés proposent à nouveau les mêmes exigences outrancières. A ce niveau, Malplaquet semble n’avoir rien changé. Et pourtant, Oury va un peu plus loin en se livrant à un petit exercice uchronique. Il imagine deux autres issues à cette bataille, soit une franche victoire de Marlborough et du Prince Eugène, soit une victoire de Villars et Boufflers, avec une conclusion assez paradoxale mais très enrichissante. L’histoire prend parfois des détours surprenant et cette bataille en est bien un.
Je l’ai aussi trouvé convaincant dans son explication de la différence de traitement entre Villars et Boufflers.
Toute la section sur la mémoire de la bataille est aussi fort intéressante. Notamment la partie sur le choix du nom de cet affrontement, un sujet pas souvent évoqué et dont j’ai fort apprécié que l’auteur le présente.
J’ai particulièrement aimé ce volume. Clément Oury s’est parfaitement coulé dans la formule imaginée par Jean Lopez, le directeur de collection, et le résultat est un livre à la lecture plaisante et enrichissante. Malplaquet est une bataille véritable atypique et à ce titre remarquable. Oury lui offre un ouvrage à la hauteur.
L’auteur a été invité pour parler de l’ouvrage dans un numéro du podcast Le fil de l’épée ainsi qu’à une conférence à l’école nationale des chartes.
Malplaquet 1709
de Clément Oury
éditions Perrin / Ministère des armées
240 pages plus annexes, notes, bibliographie et index (format moyen)
disponible en numérique chez 7 switch