Le premier cycle, de quatre albums, de la série Frnck m’a énormément plu. Un véritable coup de cœur que j’ai et relu. Mais la série ne s’arrête pas là et un deuxième cycle lui fait suite. Les auteurs arrivent-ils à continuer dans la même voie ou bien le soufflé retombe-t-il ?
On retrouve Franck et les compagnons de sa tribu après l’éruption du volcan et leur fuite. Ils cherchent maintenant un nouveau foyer, un défi lorsque tout le monde est bloqué sur un tronc d’arbre dérivant au milieu d’une rivière.
On replonge très bien dans l’univers. Après une petite introduction en forme de flashback plein de tendresse, on repart à l’aventure. Et de l’aventure, il va y en avoir tout au long des cinq albums de ce deuxième cycle. Franck va connaître moult situations périlleuses, avec leur lot de chute, de catastrophe, etc. On a parfois bien mal avec lui des nombreuses contusions dont il écope. Mais il n’est pas seul dans cette histoire et les autres personnages vivent aussi de sacrées séquences agitées.
L’humour est toujours là aussi. Par les situations parfois cocasses. Par les répliques de Franck qui continue de jouer sur les anachronismes. Par les jeux de mots qui échappent aux personnages. Par la conjugaison très inventive de Gérard, qui maîtrise bien les voyelles mais donne un peu l’impression d’avoir avalé un Bescherelle de travers. Par les références à des œuvres connues, que ce soit Astérix ou Le Corniaud et toujours d’une façon qui ne gêne en rien celleux qui n’auront pas les références, tout en amusant tout le monde.
L’émotion enfin. D’abord concernant Franck, dont la relation avec la tribu continue d’évoluer. Il doit aussi faire face à des situations qui n’ont rien de facile et qui certaines laisseront probablement une marque durable sur lui. Tantôt mature, tantôt en demande de réconfort dont a besoin un enfant, les auteurs n’oublient pas de nous rappeler régulièrement que Franck n’est pas un adulte et qu’il a bien conscience du fait qu’il est particulièrement désarmé face à certaines situations. Et comme pour l’aventure, l’intensité de l’émotion prend de l’ampleur. Je ne suis pas passé loin de verser une larme en deux ou trois occasions, notamment à la fin du cycle. Frnck est une série pour enfant, elle est donc forcément « adoucie » sur certains aspects, mais les moments difficiles de la vie y sont bien présents.
Cette émotion concerne aussi les autres personnages, dont certains continue d’avoir un développement intéressant. Et surtout, les nouveaux personnages. Car la distribution de la série s’élargit largement dans ce cycle. Les auteurs ont manifestement bien pris confiance après le premier cycle et laisse leur ambition s’exprimer. On a donc toute une palette de nouveaux protagonistes, dont certains très attachants mais le quota détestable est aussi présent. Et c’est très plaisant de voir par moment la narration s’éloigner de Franck pour introduire ces nouveaux personnages. Les trois volumes médians consacrent chacun quinze à vingt-cinq planches en ouverture à d’autres intrigues avant que Franck ne fasse son apparition.
L’ambition se voit bien sûr dans l’ampleur que prend le récit. Je ne vais pas trop en dire sur ce point pour ne pas gâcher les nombreuses surprises qui émaillent le récit, mais il y a de quoi faire. Et plus d’une occasion de se donner envie de relire les pages/volumes précédents pour traquer des indices, tout en faisant attention car les auteurs ont semé une ou deux fausses pistes. J’avoue que même à ma deuxième lecture certains détails m’échappaient encore et que je ne les repérais qu’à la troisième. J’aime beaucoup cela, c’est un plaisir de se faire mener en bateau et de constater subitement que les choses sont plus complexes qu’on ne le pensait. D’ailleurs, l’un des éléments de ce deuxième cycle m’a semblé rentrer dans la catégorie « pas très cohérent mais bon c’est amusant alors je ne vais rien dire et profiter »… pour finalement prendre tout son sens plus tard. Bravo.
L’ambition est là aussi graphiquement. Brice Cossu continue de livrer des planches qui parviennent à être dynamique tout en étant dense avec de temps en temps des illustrations assez larges qui expriment bien l’intensité de certaines situations. Tout ça culmine avec une double planche déchirante, dont la simplicité tranche d’ailleurs avec le reste, souvent plein de détails. On trouve aussi quelques petites choses sympathiques, comme une nouvelle version d’une scène déjà vu mais que l’artiste a entièrement redessinée. Et toujours quelques petits trucs amusants en arrière-plan. J’en profite aussi pour dire que les pages de garde raconte aussi une forme d’histoire et ce depuis le premier volume.
Bref, ce deuxième cycle est pour moi une incontestable réussite. Bocquet et Cossu font monter les enchères et ça fonctionne parfaitement. Je ne sais pas dans quelle mesure tout était prévu dès le début, mais pour l’instant l’ensemble a une bonne cohérence. Ce qui n’est pas simple dès qu’il est question de voyage dans le temps. Toujours de l’aventure, de l’humour et de l’émotion qui fonctionnent bien. Toujours de belles planches, denses et en même temps bien lisibles. Plein de nouveaux personnages et de nouvelles intrigues, de nouveaux défis. Et au centre un Franck qui reste le moteur de cette série et qui donne envie de continuer l’aventure. Ce que je ferai avec grand plaisir, d’autant plus que ce deuxième cycle se termine d’une façon qui incite clairement à poursuivre le récit. L’histoire de Franck et de ses amis ne peut pas s’arrêter là.
Frnck, cycle 2
écrit par Olivier Bocquet
dessiné par Brice Cossu
colorisé par Yoann Guillo
éditions Dupuis
cycle de 5 albums de 54 ou 62 planches