Cookie Monster, de Vernor Vinge

Petit à petit, je poursuis mon exploration de la collection Une Heure-Lumière des éditions du Bélial. Après le très bon L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu et le très intéressant Cérès et Vesta de Greg Egan, je passe à un auteur que j’apprécie beaucoup : Vernor Vinge. L’éditeur a choisi une novella dont le titre pourrait faire croire à un texte parlant de Sesame Street : Cookie Monster.

Après diverses galères, Dixie Mae s’est trouvée un nouvel emploi dans le service client d’un géant high-tech. Son avenir s’annonce bien. Jusqu’au moment où elle reçoit un mail étrange d’un interlocuteur mystérieux qui semble en savoir un peu trop à son sujet.

Vernor Vinge est un auteur qui s’intéresse beaucoup à l’informatique et à ses dérivés plus ou moins lointains, tel que la virtualité ou la singularité technologique. Dans cette novella, on reconnait un peu sa patte de ce point de vue. On est plus dans un futur proche à la Rainbow’s End que dans les espaces d’un lointain futur à la Un feu sur l’abîme. Et c’est probablement cela qui rend le texte intéressant en terme d’idées. Novella oblige, l’intrigue n’est pas très longue mais Vinge l’organise assez bien en une sorte de petit jeu de piste. Et s’il s’aventure un peu dans les terres de la hard science, il le fait de façon abordable à tout un chacun.

Le ressort principal de l’intrigue n’est pas forcément très original. Cette idée a déjà été utilisée avant et de diverses façons. Vinge s’amuse d’ailleurs un peu à ce propos, en égrenant quelques unes des pistes suivies par ses prédécesseurs. Derrière cela, le traitement qu’il en fait est non seulement intéressant mais peut-être pas très éloigné d’un futur possible. L’angle d’attaque qu’il a choisi résonne assez bien avec l’obsession du rendement de certaines entreprises dans notre monde. Par contre, le rapport entre ce texte et la singularité technologique est assez tenu et bien moins marqué que dans d’autres œuvres de l’auteur, à commencer par La captive du temps perdu.

Cookie Monster n’est pas le meilleur texte de Vernor Vinge, ni le meilleur de la collection Une Heure-Lumière, mais il propose un traitement intéressant d’une idée déjà explorée par d’autres. Comme nombre de novella, ce texte peux frustrer les lecteurs qui voudraient que l’histoire aille plus loin. La couverture est dans la lignée du reste de la collection et j’aime bien ce choix de proposer un ensemble graphiquement cohérent. En fin de compte, le seul vrai défaut de cette novella tient en un choix de traduction pour un terme que, en tant que professionnel de l’informatique, je trouve très contestable. En tout cas, Cookie Monster peut être un bon choix pour les lecteurs qui voudraient découvrir l’auteur.

Cookie Monster (The Cookie Monster)
de Vernor Vinge
traduit par Jean-Daniel Brèque
illustration d’Aurélien Police
éditions Le Bélial
112 pages (format moyen)

disponible en numérique chez 7switch

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