La moitié d’une guerre, de Joe Abercrombie

J’ai parlé à plusieurs reprises sur ce blog de Joe Abercrombie, l’un des auteurs de fantasy britannique les plus marquants depuis une dizaine d’années. Ses derniers ouvrages, La moitié d’un roi et La moitié d’un monde, m’ayant bien plu, j’ai donc décidé d’en terminer avec sa trilogie de La mer éclatée avec La moitié d’une guerre. En attendant une possible traduction de son nouveau recueil de nouvelles situées dans le même univers que ses premiers romans.

Après deux volumes à tenter d’échapper aux manigances de Grand-Mère Wexen et à chercher des alliances, le Gettland va devoir affronter la guerre avec les armées du Haut-Roi. Et c’est le royaume allié du Trovenland qui paie le premier l’addition. Seule survivante de la lignée royale, Skara cherche refuge auprès des alliés de son grand-père et commence à préparer sa vengeance.

Abercrombie applique le même principe que dans le volume précédent : mettre de côté les personnages principaux du volume précédent, sans les perdre pour autant, tout en introduisant de nouveaux protagonistes. D’un côté nous faisons connaissance avec Skara, jeune princesse, dernière de sa lignée qui essaie de marchander pour protéger son royaume sans vraiment disposer d’une monnaie d’échange. De l’autre côté, nous découvrons Koll, jeune apprenti au service de Père Yarvi tiraillé entre la voie professionnelle qui s’ouvre à lui et sa relation avec Rin. Entre les deux on trouve Raith, jeune guerrier partagé entre son roi à qui il doit obéissance et la jeune princesse à qui il est prêté en guise de garde du corps. Et tout ça fonctionne aussi bien que dans les volumes précédents. Je trouve cette façon de procéder intéressante. Si l’on observe comme une forme de répétition à voir trois fois de jeunes personnages évoluer en des adultes, on peut voir aussi la confrontation de chaque nouvelle génération à celle qui l’a immédiatement précédée. On constate ainsi de quelle manière les protagonistes des volumes précédents s’éloignent ou pas de la voie qu’ils espéraient suivre.

Comme son titre l’indique clairement, ce roman contient sa part de bataille et d’action. Sur ce plan, Abercrombie est égal à lui-même et la violence est présente. Comme pour les deux précédents volumes, l’auteur allège légèrement la chose par rapport à ses romans destinés à un public adulte sans pour autant se trahir. Le côté jeune lectorat de cette série continue de s’exprimer aussi par le rythme, résolument plus rapide. Et une fois encore j’apprécie beaucoup cette concision qui permet à Abercrombie de faire avancer son intrigue assez rapidement sans se perdre dans des péripéties sans intérêt. Ainsi le parcours de Skala entre sa fuite du Trovenland et son arrivée dans le Gettland aurait pu donner lieu à quelques chapitres narrant des étapes intermédiaires, quelques rencontres, deux-trois frayeurs, etc. mais finalement rien qui n’aurait vraiment eu d’importance. On l’évacue donc et on garde l’essentiel.

Le parcours des différents personnages de cette série est intéressant. Comme c’est fréquemment le cas chez Abercrombie, chacun n’a pas vraiment ce qu’il voulait à la fin. Tous ont cherché leur voie, leur place dans le monde. Certains ont essayé de coller à l’image que l’on avait d’eux, d’autres au contraire de s’en éloigner. Avec succès ou pas. Le parcours de Yarvi est particulièrement intéressant puisqu’il est celui que l’on aura vu évoluer le plus longtemps. Que de changements il aura connu depuis le tout début du premier volume et pas tous forcément dans le bon sens. Abercrombie sait nous rappeler que la part de ténèbres enfouie en chacun de nous peut finir par nous dévorer.

Avec La moitié d’une guerre, Joe Abercrombie conclut sa trilogie young adult de façon tout à fait satisfaisante. L’avenir promet encore beaucoup de choses à ses personnages, mais on les a suivi le temps de les voir trouver chacun leur voie et ce voyage en leur compagnie était bien agréable. Vivement la prochaine aventure sous sa plume.

La moitié d'une guerreLa moitié d’une guerre (Half a war)
de Joe Abercrombie
traduit par Juliette Parichet
illustration de Didier Graffet
éditions Bragelonne
357 pages (grand format)

disponible en numérique chez 7switch

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