Le premier roman d’Anthony Ryan, La voix du sang, a été plutôt une bonne surprise. Comme il s’agit du début d’une trilogie, je me suis intéressé au volume suivant, intitulé Le seigneur de la tour. Ryan a-t-il réussi à continuer dans la lignée de son premier roman ou bien s’est-il perdu quelque part en cours de route ?
Après une captivité et un procès, Vaelin se retrouve de retour dans son pays. Mais les choses ont bien changé en son absence et le royaume doit faire face à de nouveaux dangers. Ce sera pour lui l’occasion de recroiser certaines figures importantes de son passé.
On plonge dans ce deuxième épisode comme dans le premier : par l’intermédiaire du récit de « l’érudit ». Mais la suite s’en éloigne sensiblement puisque Vaelin n’est plus le seul personnage principal, mais partage le récit avec trois autres points de vue (quatre si on compte l’érudit). On a alors un regard extérieur sur celui qui était le protagoniste central du premier volume. Le problème, c’est que je n’ai pas autant accroché à ces nouveaux points de vue qu’à celui de Vaelin dans le premier volume. En particulier à celui de Frentis, pas pour le personnage lui-même mais à cause d’un autre personnage qui l’accompagne en permanence et qui m’insupportait. De son côté, le personnage de Reva laisse un goût de protagoniste avec un bon potentiel… mais mal exploité. Le problème est doublé par le fait que j’ai eu l’impression de ne pas retrouver le Vaelin du premier volume. Comme la sensation de me retrouver face à un ersatz.
L’univers s’élargit un peu et a évolué, la situation géopolitique ayant changé pendant l’absence de Vaelin. Certaines parties du récit ayant un peu d’avance sur le reste, on anticipe déjà une partie des événements à venir pour les autres personnages. Ce type de narration peut permettre de créer une belle montée en tension, mais ici la mayonnaise n’a pas pris et ça ne fait que rendre une partie du bouquin prévisible. La partie du siège de la cité tente bien d’offrir quelques grands moments, mais le souffle ne m’a jamais emporté, à la différence de Légende de David Gemmell ou de Memories of Ice de Steven Erikson. Tout ça n’est pas forcément lent et j’ai lu l’ouvrage assez rapidement en fait. Mais sans jamais réellement me sentir plongé dedans. En fin de compte, le récit le plus appréciable est celui de l’érudit, qui sert d’intermède entre les différentes parties du bouquin.
On ne peut pas toujours transformer l’essai et dans le cas d’Anthony Ryan c’est, pour moi, raté. Le seigneur de la tour perd en partie ce qui faisait le charme de La voie du sang sans apporter grand-chose d’intéressant en contrepartie. Alors que j’avais été assez satisfait du premier volume, je ressors déçu du deuxième, avec le sentiment de ne pas me sentir concerné par cette histoire. Ce volume se termine de façon un peu abrupte, sans doute pour inciter le lecteur à lire le troisième tome. Pas sûr que ça suffise dans mon cas.
Le seigneur de la tour (Tower Lord)
d’Anthony Ryan
traduit par Maxime Le Dain
illustration de Didier Graffet
éditions Bragelonne
733 pages (grand format)
Disponible sur 7switch