L’homme-rune, de Peter V. Brett

Aujourd’hui, je vais me pencher sur le cas de l’un de ces auteurs de fantasy anglophones appartenant à cette génération qui a fait ses début littéraires ces dix dernières années. Tous comme ses collègues Joe Abercrombie, Scott Lynch ou Mark Lawrence, l’américain Peter V. Brett démarre avec une série ambitieuse en plusieurs volumes : le cycle des démons. Voyons donc un peu ce que vaut le premier tome, intitulé L’homme-rune.

Toutes les nuits, des démons nommés les chtoniens sortent de terre pour traquer les humains. Le seul moyen pour ces derniers de leur échapper est de se réfugier derrière des runes. Ainsi, toute maison porte des runes gravées, tout comme les murs des villes. Mais ces runes demandent de l’entretien et du savoir-faire, de plus les voyageurs doivent se montrer prudents pour ne pas se trouver à découvert lorsque la nuit tombe. Arlen, Leesha et Rojer, trois enfants, vont grandir dans ce monde et tenter de le changer à leur façon.

Ici, pas de grande quête pour aller défier l’incarnation du mal sur Terre et sauver le monde. Non, seulement des personnages qui ne veulent pas se contenter de survivre comme la majorité de leurs congénères et qui décident d’innover, de créer, bref d’évoluer pour s’adapter et rendre leur vie, et celles des autres, un peu meilleures.

Si le volume de texte est assez conséquent, tout en étant dans la moyenne du genre, il est assez riche en événements. Brett fait grandir ses personnages et n’hésite pas à utiliser quelques ellipses pour passer le temps. Nos héros sortent de l’enfance, traversent l’adolescence et entrent dans l’age adulte, ce premier volume couvrant à peu près quatorze années. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils changent. D’enfants apeurés ils deviennent des adultes combatifs et résolus, en particulier Arlen, toujours à la recherche d’une nouvelle idée pour mieux faire face aux chtoniens. Au-delà d’un récit de fantasy, L’homme-rune est aussi l’histoire de trois enfants qui ont refusé l’avenir qu’on avait tracé pour eux et qui ont décidé de créer leur voie.

Homme rune pocheDès les premières pages, Brett nous plonge dans un univers assez cohérent et réfléchi dans les détails, tous ces petits changements qu’impose un monde dans lequel les nuits sont vraiment synonymes de dangers mortels. Le rythme du récit est assez soutenu et les changements de points de vue participent à ce dynamisme tout en aidant à faire passer les ellipses. Si l’on n’échappe pas à certains clichés, après tout Arlen est un peu un enfant de fermier qui décide de sauver le monde, Brett tisse de bons personnages qu’il anime dans une trame dynamique.

L’homme-rune est un premier volume qui pose bien les bases de son univers, installe correctement ses personnages et proposent suffisamment en événement et intrigue pour ne pas être une simple (et longue) introduction de plusieurs centaines de pages. Il ne reste plus qu’à lire la suite, en espérant y prendre autant de plaisir.

Homme rune gfL’homme-rune (The Painted Man)
de Peter V. Brett
traduit par Laurent Queyssi
illustrations de Miguel Coimbra
éditions Bragelonne / Milady
432 pages (grand format) 672 pages (poche)

disponible en numérique chez 7switch

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6 réflexions sur « L’homme-rune, de Peter V. Brett »

  1. J’en avais entendu parlé quelque part (je crois que c’était le podcast d’Elbakin) et ça m’avait donné envie. Ta chronique ne fait que confirmer ce sentiment.

    C’est moi où le monstre de la version GdF fait terriblement penser à un Balrog ?

    Et une dernière (petite) question : comment passe-t-on de 432 pages en GdF à 672 pages en poche ?

    A.C.

    1. Il fait partie des Bragelonne grand format dont le texte est assez tassé :
      – 45 lignes par page
      – 75 à 80 signes par ligne
      Ce qui remit dans un format poche fait pas mal monter le nombre de pages.
      A titre de comparaison, La séparation de Priest en version Lunes d’encre, c’est 35 lignes de 60 à 65 signes.
      Bref, les livres dans les plus grands formats peuvent voir leur nombre de pages fortement augmenter lors de la reprise poche.
      Quelques autres exemples de « monstres » :
      – Vide qui songe, de Peter F. Hamilton, passe de 576 à 792 pages.
      – L’étoile de Pandore 1, toujours d’Hamilton, de 480 à 704 pages.
      – Le chacal de Nar, de John Marco, de 464 pages chez Bragelonne à… 992 chez Pocket ! Bon, la réédition par Bragelonne dans leur collection « 10 ans, 10 euros » a vu le texte un peu aérer : 672 pages.
      Tout ça pour dire que certains livres ne voit quasiment pas leur nombre de pages changer au passage au poche (voire même diminuer dans le cas de certains livres édités au Diable Vauvert) alors que pour certains, ça augmente sensiblement. 🙂

  2. Un bon souvenir de lecture, de la fantasy a priori très classique, et puis ce petit quelque chose en plus qui accroche le lecteur. Et les personnages principaux ont beau être des enfants (mais ils grandissent au fil du récit), l’auteur ne leur épargne rien dans un monde qu’il a voulu violent et dangereux.

    Bref, une bonne surprise, confirmée dans le deuxième tome et l’arrivée d’un personnage qui poursuit plus ou moins les mêmes buts qu’Arlen mais de manière fort différente (en revanche le schéma narratif n’est pas des plus adroit).

    J’attends de voir plus de critiques du troisième avant de me lancer dans l’achat, c’est du grand format, c’est pas donné… 😉

    1. Si mes souvenirs sont bons c’est un démon de pierre, et le film de Jackson donnant un côté un peu minéral à la bestiole de Tolkien la ressemblance n’est pas étonnante. 🙂

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