Double étoile, de Robert Heinlein

Robert Heinlein fut l’un des pionners de l’age d’or de la SF américaine (ou plus exactement anglophone). Avec Isaac Asimov et Arthur C. Clarke il fut un temps considéré comme l’un des trois grands auteurs dominant le genre. Comme ses deux co-religionnaires il a souvent manifesté un intérêt très poussé pour les diverses sciences et une volonté de produire des récits emprunts d’un minimum de crédibilité sur le plan technique.
Des trois grands c’est celui que j’ai découvert le dernier et de manière un peu tardive dans mon exploration du panorama de la SF. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et j’ai entrepris depuis quelques temps de combler mes lacunes concernant Heinlein.
Double étoile est un roman des années 50, une période où l’on envisageait encore très joyeusement la conquête du système solaire pour les décennies à venir avec des vols long-courrier pour les lunes de Jupiter, des colonies sur Mars et Vénus, des bases sur la Lune à ne plus savoir quoi en faire, etc. C’était aussi un temps où la majorité des romans ne dépassaient pas deux ou trois cents pages ce qui repose agréablement le lecteur après les huit cents pages d’un Au tréfonds du ciel de Vernor Vinge ou bien des trois mille de L’aube de la Nuit de Peter F. Hamilton.
Double étoile n’a pas en soit une intrigue particulièrement originale. Le narrateur, acteur de théâtre et de télévision, se voit confier un rôle inédit : celui de doubler une personnalité politique de premier plan malheureusement enlevée par des ravisseurs qui n’ont pas rendu public leur forfait. On assiste donc à la préparation du personnage à son rôle puis à toutes les petites péripéties qui émaillent ce genre de récit, voyant peu à peu le narrateur se fondre de mieux en mieux dans le personnage qu’il interprète et sa prestation se prolonger au fil des rebondissements.
Ce qui est très intéressant chez Heinlein c’est qu’il se contente rarement de l’aspect sciences dures de la SF. Il n’hésite pas à explorer aussi les implications politiques ou sociologiques soulevées par ses récits. Dans le cas présent il y a moins de grains à moudre dans ce domaine que dans le très bon Révolte sur la Lune (lecture vivement conseillée) mais Heinlein sait manier sa barque avec efficacité.
Si Double étoile est loin d’être l’un de ses meilleurs récits il constitue néanmoins un honnête reste de cet âge d’or qui fit beaucoup pour la SF et qui se lit encore aujourd’hui avec un certain plaisir, pour peu qu’on arrive à garder à l’esprit l’époque où il fut écrit.
Double étoile (Double star)
de Robert Heinlein
traduit par Michel Chrestien, révision de Julie Pujos
illustration de Chris Alan Wilton
collection Folio SF
éditions Gallimard
304 pages (poche)

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