Une fois n’est pas coutume voici des mémoires et pas n’importe lesquelles. William Heaney a deux particularités peu communes. Tout d’abord il passe une part non négligeable de son temps à faire produire de faux livres, délestant des acheteurs un peu trop vénaux d’un argent qu’il reverse à un foyer d’aide aux sans-abris. Attention, on ne parle pas là de faire du faux Da Vinci Code à la photocopieuse. Il s’agit d’art, du genre qui demande beaucoup de travail et une certaine somme de talent pour produire de fausses premières éditions de classique de la littérature.
D’autre part notre narrateur voit les démons qui pourrissent l’existence de tout un chacun et la sienne en particulier. Il faut dire que la vie de mister Heaney traverse une passe un peu difficile. Entre son ex-femme qui le harcèle à propose de leurs deux enfants, ses complices en production livresque qui ne tiennent pas toujours les délais requis, un ancien collègue d’université qui refait surface de façon désagréable et une troublante jeune femme qui semble vouloir faire plus que simplement discuter avec lui, William a plus de prétexte qu’il n’en faut pour déboucher régulièrement une bonne bouteille et lui régler son compte en moins de dix lignes. Et pas de la piquette à trois sous la carafe, non merci.
Avouons-le, il se pourrait que William Heaney n’existe pas et qu’il ne soit qu’un nom de plume d’un auteur anglais. Il se pourrait même que ce dernier soit Graham Joyce. Mais c’est juste une supposition.
Ce qui par contre est une certitude, c’est la très bonne qualité de cet ouvrage. Ces mémoires ne sont rien de moins qu’une sorte de conte moderne à la Capra, la belle histoire mâtinée de fantastique d’un homme qui cherche un sens à sa vie. La plume est très agréable et se lit avec plaisir et l’emballage est de toute beauté avec une dorure à chaud sur la couverture du plus bel effet.
Bref, l’objet est beau à voir et le texte réjouissant au possible. Une belle éclaircie de bonheur en ces temps maussades.
Mémoires d’un maître faussaire (Memoirs of a master forger)
de William Heaney
traduit de l’anglais par Mélanie Fazi
illustration de FBDO
Editions Bragelonne
336 pages
disponible en numérique chez 7switch