L’espace de la révélation, d’Alastair Reynolds

Les relectures sont souvent un plaisir, l’occasion de redécouvrir un ouvrage beaucoup apprécié dont j’ai oublié certains détails. C’est aussi la possibilité de voir dans des textes un peu anciens d’un auteur, des choses que l’on a retrouvé par la suite dans les plus récents. Bref, j’ai relu L’espace de la révélation, premier roman d’Alastair Reynolds.

Milieu du 26e siècle, sur une planète en orbite autour de Delta Pavonis, une équipe d’archéologues cherchent des éléments pour comprendre comment la civilisation autochtone a pu disparaître soudainement, près d’un million d’année auparavant.

Je ne suis pas très dépaysé par ce retour dans l’univers d’Alastair Reynolds puisque j’ai récemment terminé Inhibitor Phase, son plus récent ouvrage dans le même contexte. Mais c’est un plaisir de voir que dès ce premier roman, de nombreux éléments de cet univers sont déjà présent. Les Schèmes Mistifs, Yellowstone, les Ultras et leur gobe-lumens, etc. On trouve aussi dès le départ des personnages adeptes de modifications physiques, le côté froid de l’espace entre les étoiles que des vaisseaux mettent des années à parcourir, le technobabillage ou encore quelques références à l’art, notamment à la musique. Bref, beaucoup de marqueurs qui reviennent ensuite régulièrement dans les romans de l’auteur.

Outre le fil narratif qui démarre dans un contexte de xénoarchéologie, centré sur la figure de Dan Sylveste, le récit propose deux autres intrigues, l’une sur une Ultra dans son vaisseau et l’autre sur une ex-soldat naufragée involontaire sur Yellowstone. Naturellement, tout ce petit monde va se retrouver et il n’y a d’ailleurs pas grand mystère dans la présentation des intrigues sur ce point. Donc, pas de convergence entre des éléments en apparence sans rapport, façon polar à l’ancienne, mais cohérence clairement visible dès le début. Voilà qui peut faciliter la tâche aux lecteurices un peu novice en terme de space-opera et qui pourront donc se concentrer sur les éléments propres à cet univers et les intégrer petit à petit.

L’ouvrage est assez épais et l’auteur prend son temps pour faire progresser certains éléments. Cependant, même à la relecture je n’ai pas trop une sensation de délayage. Reynolds prend simplement son temps, en posant bien les situations et les personnages. Il travaille aussi bien ses ambiances. Chez lui, l’espace n’est pas vraiment chaleureux, c’est globalement vide et froid et on le ressent. On trouve aussi des petits touches horrifiques par moment et je trouve qu’il ne manquerait pas grand chose pour que certaines scènes basculent dans l’horreur si l’envie en prenait l’auteur. Reynolds est aussi à l’aise pour provoquer un peu de ce vertige que j’apprécie chez lui et d’autres auteurs de la même trempe, à commencer par Stephen Baxter. On sent bien par moment que les événements qui ballottent les personnages présentent une ampleur peu commune.

Voici donc une relecture qui s’est très bien passée. J’ai pris énormément de plaisir à replonger dans les débuts de cet univers, constatant que dès le départ Reynolds disposait déjà de nombreux éléments que l’on retrouvera par la suite. Et j’ai pu vérifié que l’intrigue propose son petit lot de rebondissements et de révélations que l’auteur parvient à distiller jusqu’à la fin, même quand on croit avoir tout saisi. Bref, je n’ai pas fini d’apprécier cet univers et son créateur.

L’espace de la révélation (Revelation Space)
d’Alastair Reynolds
traduit par Dominique Haas
illustration de Chris Moore / Alain Brion
éditions Presses de la Cité / Pocket
708 pages (grand format) /896 pages (poche)

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