L’eau dort, de Glen Cook

Maintenant un bon rythme dans ma relecture de La Compagnie Noire, j’en arrive au neuvième volume. Alors, est-ce que L’eau dort est aussi bon que dans mon souvenir et est-ce que Glen Cook s’en sort toujours bien avec sa troupe de mercenaires ?

Une quinzaine d’années ont passé depuis la fin de Elle est les ténèbres. Murgen étant toujours coincé là où lui et d’autres ont fini le volume précédent, c’est au tour de Roupille d’occuper le poste d’annaliste de la compagnie. Et un peu celui de capitaine par la même occasion.

Le profil de la Compagnie Noire a beaucoup changé. Alors que dans le précédent volume il s’agissait d’une assez large force armée en pleine campagne militaire avec grandes opérations, déluge de magie, etc., on passe cette fois à la clandestinité. Et ça change forcément pas mal le récit et son rythme. Si l’on trouvait déjà une Compagnie Noire en opposition au pouvoir en place dans La rose blanche, la situation est tout même bien différente : à l’époque, la Compagnie était installée dans la plaine de la peur et pas réellement cachée, cette fois on est en plein paysage urbain. Mais si la guérilla urbaine est une autre affaire que la guerre en espace ouvert, les membres de la Compagnie s’adaptent à la situation. On peut même dire que Gobelin et Qu’un-Oeil rivalisent d’imagination pour enrichir les graffitis et autres moyens de guerre psychologique.

Nouvelle annaliste, nouveau plume et nouveau regard sur les événements. Roupille n’était qu’un personnage assez annexe dans Elle est les ténèbres et la voilà maintenant propulsée sur le devant de la scène. On voit bien qu’elle a des idées – et des obsessions – différentes de celles de ces prédécesseurs. Elle a aussi une opinion sur leur façon de rapporter les faits et j’aime toujours quand le nouvel annaliste parle un peu de son regard sur les écrits précédents. Cela permet de rappeler que l’annaliste de la Compagnie Noire n’est jamais neutre dans son écriture, quand bien même iel tenterait de l’être.

Vu la façon dont c’était terminé le volume précédent, la distribution de cet épisode propulse sur le devant de la scène des gens que l’on apercevait peu auparavant, ainsi que quelques nouveaux. Comme toujours dans cet univers, les personnages ne sont pas simplement blancs ou noirs mais reflètent toute une panoplie de nuances entre les deux. C’est aussi une nouvelle occasion de voir que la Compagnie Noire est une entité en perpétuelle évolution. Son effectif change régulièrement, que ce soit en volume ou dans sa composition. Mais La Compagnie survit toujours, quelles que soient les épreuves.

Cet épisode a son lot d’action, de découvertes et de révélations. Et si l’on a quelques éclaircissements sur certains points, on ajoute aussi de nouveaux mystères à d’anciens encore un peu obscurs. Néanmoins, on sent bien à la fin de L’eau dort qu’un cap est en train d’être franchi.

J’avais un bon souvenir de ce livre raconté par Roupille et le plaisir est toujours là à la relecture. J’aime bien sa façon de voir les choses, l’ambiance de guérilla urbaine est agréable et l’écheveau des mystères commence doucement à se démêler. Je vais pouvoir me lancer dans la relecture du dernier épisode disponible en français : Soldats de pierre. Avant peut-être de passer à la VO pour Port of Shadows, le dernier épisode en date qui n’est toujours pas traduit chez nous.

L’eau dort (Water Sleeps)
de Glen Cook
traduit par Frank Reichert
illustrations de Didier Graffet / Slava Gerj
éditions L’Atalante / J’ai Lu
320 et 320 pages (format moyen) / 352 et 352 pages (poche)

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