La campagne de Virginie de Grant, par Sylvain Ferreira

Si la seconde guerre mondiale est le conflit que j’étudie le plus, j’ai aussi un attrait assez prononcé pour la guerre de Sécession qui déchira les États-Unis au 19e siècle. Et en particulier pour Ulysses S. Grant, l’un des principaux généraux des armées de l’Union. Après une très bonne biographie signée Vincent Bernard, j’ai décidé de creuser un peu l’une de ses principales campagnes : celle de Virginie en 1864.

En introduction, Sylvain Ferreira parle brièvement de la place de cette campagne dans l’histoire militaire et notamment vis à vis de l’art opératif, la grande innovation de pensée militaire pendant la seconde guerre mondiale (et non, ce n’est pas la guerre-éclair), que l’on doit aux soviétiques.

L’auteur s’occupe ensuite de la traditionnelle mise en place de la situation. Où en est le conflit au début de l’année 1864 ? Après ses réussites à Vicksburg puis Chattanooga, Grant est catapulté à la tête de toutes les armées de l’Union et prépare sa stratégie pour en finir avec la Confédération. Du côté de cette dernière, si la situation globale n’est pas bonne, les dirigeants espèrent toujours infliger enfin une grande défaite aux armées de l’Union et ainsi influer sur l’élection présidentielle qui doit se tenir en fin d’année, avec l’objectif de faire tomber Lincoln. Ferreira présente aussi un peu l’état des forces en Virgine pour les deux côtés, ainsi que les quelques soucis que Grant s’apprête à rencontrer avec ses subordonnées : une partie des officiers généraux de l’Union ont été nommé par divers pouvoirs politiques, sans forcément de lien avec leurs capacités militaires réelles.

On s’intéresse ensuite à la campagne proprement dite. Chaque grande bataille de cette campagne est clairement décrite, carte à l’appui, tant sa genèse que son déroulement et ses conséquences. Mais surtout, et c’est là le point clé de cette campagne, on suit les mouvements des deux armées entre chaque affrontement, l’une tentant d’empêcher l’autre de se rapprocher de Richmond, capitale confédérée. C’est ici que j’ai trouvé le principal défaut de l’ouvrage : l’absence de carte plus globale permettant de relier les batailles entre elles et les mouvements des armées. C’est bien dommage, car c’est justement la façon dont Grant continue de chercher encore et encore la faille, sans jamais laisser l’initiative lui échapper, qui fait l’intérêt de cette campagne (une carte comme celle-ci aurait amplement faire l’affaire). Bien qu’il enchaîne les batailles indécises, voire les défaites, Grant conserve l’initiative et se rapproche inexorablement de Richmond, adaptant régulièrement ses plans à la situation. Et les armées de l’Union manquent de peu de se rendre maître de la ville de Petersburg, dont la prise aurait probablement signifié la chute de Richmond. Finalement, la campagne se termine avec le début du siège de Petersburg, qui durera neuf mois et dont la fin entrainera rapidement l’issue du conflit.

On voit donc comment Grant organise non seulement la stratégie générale des armées de l’Union mais surtout de quelle façon il dirige personnellement les opérations sur le théâtre de Virginie, en employant plusieurs armées dont il tente de coordonner les actions. Ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est de voir que si Grant accumule les batailles indécises, voire les défaites, et n’a pas atteint l’objectif qu’il s’était fixé pour la fin de la campagne (détruire l’armée de Virginie du Nord), il a gardé l’initiative pendant toute la campagne, cantonnant Lee dans la réaction et finissant par bloquer complètement l’armée de ce dernier à Petersburg. A partir de ce moment, il n’y a plus d’issue pour le général confédéré. Combinée aux opérations des armées sur les autres théâtres d’opérations, cette campagne de Virginie contribue largement à la victoire finale de l’Union.

Voilà une lecture que j’ai bien apprécié, à part le petit bémol du manque d’une carte globale c’est tout à fait correct, le texte étant assez dense et détaillant bien les manœuvres et leurs conséquences.

La campagne de Virginie de Grant
de Sylvain Ferreira
éditions Economica
157 pages, plus bibliographie (grand format)

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