La stratégie de l’ombre, d’Orson Scott Card

Que fais un auteur lorsqu’il a épuisé les possibilités de suite direct à un livre ? Il écrit d’autres livres se passant en parallèle de ceux déjà publiés. C’est en tout cas la solution qu’a retenu Orson Scott Card après en avoir fini avec Ender Wiggins dans Les enfants de l’esprit. Du coup, retour à la case départ avec La stratégie de l’ombre.

Nous revoilà donc à l’époque de la stratégie Ender, sur cette Terre plus ou moins unifiée contre la menace que font peser les doryphores sur l’humanité. Le pari de Card est de nous faire revivre le récit en le centrant cette fois sur Bean, le concurrent d’Ender. Ainsi le début de l’histoire, dans les bas fonds d’Amsterdam, est inédit. On assiste à la façon dont Bean, alors âgé de trois ou quatre ans, parvient à s’intégrer dans une bande d’enfants errants puis souffle à son chef solution sur solution pour améliorer leur sort. Une fois Bean extrait de cet enfer sur Terre on se retrouve dans le même schéma que la stratégie Ender, avec la formation à l’école de guerre, puis la mutation à l’école tactique jusqu’au final qui est cette fois en partie éventé par le personnage lui-même. Car Bean est un être totalement hors norme. En retard dans sa croissance il est au contraire loin devant le reste de l’humanité par sa capacité à analyser son environnement, même s’il semble avoir quelques soucis avec des concepts comme l’altruisme.

La première partie de l’histoire se passe dans un cadre d’une cruauté sans limite et malheureusement assez vraisemblable quand aux conditions de vie d’enfants abandonnés dans une société qui n’en a que faire. La suite nous replonge dans cette école de guerre dédiée aux enfants et qui les plonge dans une compétition sans fin, qui confine parfois à l’absurde, repoussant sans cesse leurs limites. On assiste alors à nouveau à certaines des scènes clés de La stratégie Ender avec le regard forcément différent de Bean, qui est régulièrement coincé dans la peau de celui qui a compris ce qui est en jeu mais ne peut intervenir.

La grande force de Card est sa plume – ou son clavier, c’est selon. En effet une fois entamée la lecture non seulement le texte coule tout seul au point de me permettre d’atteindre des records en vitesse de lecture mais surtout j’ai eu le plus grand mal à lâcher le livre une fois que je me suis lancé. Card est de ce point de vue l’un des écrivains les plus talentueux que je connaisse. Et on est loin du style poussif des préquelles de Dune, pour parler d’une autre série de livres dérivée d’un classique de la SF.

Bon, faut avouer qu’il y a une certaine suspension d’incrédulité à supporter, ne serait-ce que pour croire cinq minutes aux capacités intellectuelles de ces enfants surdoués décrits par Card. Ceci dit, si on a réussi à l’accepter sur La stratégie Ender alors ça passe tout aussi bien sur ce livre aussi.

Si ce roman n’est pas indispensable, il reste tout de même un très bon complément à Ender. Une sorte de petit bonus à un chef d’œuvre du genre. Seule la stratégie Ender me semble un préalable (pas forcément nécessaire d’ailleurs) à la lecture de la stratégie de l’ombre. Les volumes suivants de la première série (xénocide, la voix des morts et les enfants de l’esprit) sont eux tout à fait superflus de ce point de vue.

 

La stratégie de l'ombre
La stratégie de l’ombre – La saga des ombres 1 (Ender’s Shadow)
d’Orson Scott Card
traduit par Arnaud Mousnier-Lompré
illusration de Gess (grand format) Emmanuel Gorinstein (poche)
collection La dentelle du cygne (grand format) J’ai Lu SF (poche)
édition L’atalante (grand format) J’ai Lu (poche)
480 pages (grand format) 544 pages (poche)
Et pour acquérir ce livre c’est par là : grand format ou bien poche
Les deux volumes suivants :

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