J’ai parlé ici il y a quelques temps d’un volume de la série des aventures classiques de Spirou et Fantasio, n-ième avatar éditorial du personnage phare des éditions Dupuis. Un nouvel album de cette série est sorti, avec des artistes différents aux manettes.
Cette nouvelle aventure conduit nos héros à San Inferno, bourgade désolée au fin fond de l’Amérique Latine, où Fantasio espère décrocher le plus grand scoop de sa carrière… et surtout ne pas se faire devancer par l’infernale Seccotine.
On retrouve les ingrédients « classiques » de la série : Spirou et Fantasio, accompagnés du Marsupilami (mais sans Spip) et « encombrés » de Seccotine, enquêtent sur un trésor mystérieux qui va se révéler une énigme à tiroir.
Je trouve que l’écriture de Trondheim colle bien à la relation Fantasio – Seccotine. Ça se tacle bien comme il faut, avec un Fantasio insupportable et une Seccotine qui répond du tac au tac et n’hésite pas à piétiner le machisme de son collègue. J’ai trouvé aussi que l’intrigue proposée fonctionne assez bien, avec son lot de retournement de situation et de révélations. Les autres personnages sont assez bien dépeints, avec là aussi ce qu’il faut de clichés et de surprises. La présence du Marsupilami est bien gérée, avec sa fonction de générateur d’humour, tout en sachant ne pas s’en servir comme d’un deus ex machina.
Graphiquement, Tarrin continue dans la lignée de ce qu’il a produit dans son Spirou chez les soviets, avec un style qui a l’air « classique » sans pour autant être une copie conforme de celui de Franquin. J’ai trouvé ça vraiment agréable à regarder, notamment le Marsupilami qui est toujours plaisant à voir.
Le cadre choisi pour le récit est intéressant. En apparence un peu simple et même caricatural par certains aspects, il permet pourtant aux auteurs de bien remettre à leur place Fantasio et ses ambitions journalistiques et d’évoquer la misère et le désespoir.
Au final, j’ai bien aimé cet album. Je trouve qu’il y a un bon équilibre entre le sérieux, l’humour, le mystère et les surprises. L’humour de Trondheim colle très bien aux échanges entre Fantasio et Seccotine. Le trait de Tarrin correspond vraiment à ce que l’on pourrait attendre d’un style « classique » pour cet univers. Et je pense que le résultat final est nettement au-dessus de celui du précédent opus de cette série, que j’avais réévalué à la baisse depuis ma lecture. En tout cas, j’attends avec curiosité le prochain volume de cette série, si elle continue.
Les aventures de Spirou et Fantasio (classique) – Le trésor de San Inferno
écrit par Lewis Trondheim
dessiné par Fabrice Tarrin
éditions Dupuis
44 planches