La sagesse des foules, de Joe Abercrombie

Après Le problème avec la paix, on se retrouve une dernière fois, en tout cas pour le moment, dans l’univers de La Première Loi de Joe Abercrombie avec la conclusion de cette trilogie de L’âge de la folie. Voyons donc comment tout ce petit monde se remet de la fin du volume précédent.

Le roi Orso a réussi à l’emporter sur la coalition d’insatisfaisants divers et variés qui avait tenté de le renverser. Mais la situation est loin d’être stabilisée et on va voir très vite que c’est même tout le contraire.

Ce dernier volume de la trilogie est le plus épais et il s’y passe beaucoup de choses. Après deux tomes avec une situation qui évolue pas mal mais reste quand même dans une certaine continuité, cette fois c’est le chamboulement complet. On découvre donc les joies des changements de régime, avec leur cortège de règlements de compte, d’opportunistes qui montent ou descendent du train en marche et toute la foule de ceux que l’histoire va brouiller.

Si l’on voyait bien l’inspiration prise dans la Révolution Industrielle au début de la série, ce volume va très clairement lorgner du côté de la Révolution Française, même si on peut retrouver les principales caractéristiques observées ici dans d’autres événements historiques du même genre. Je trouve qu’Abercrombie adapte assez bien ses sources d’inspiration au contexte de son univers et à l’intrigue qu’il raconte. On voit bien que ce genre de situation génère une dynamique qu’il devient ensuite difficile de contrôler.

L’auteur est toujours aussi bon dans sa description de l’action mais j’apprécie aussi sa capacité à sortir régulièrement des mots bien sentis. On a quelques personnages qui jouent vraiment bien leur rôle et pour certains ça n’est pas juste une image puisqu’on a quelques protagonistes qui sont vraiment en train d’essayer de coller aux attentes d’autrui pour s’en sortir.

On a bien sûr une bonne dose de retournements de situation, de révélations, etc. Et certaines m’ont vraiment fait plaisir. Notamment la façon dont un personnage agaçant au possible se fait remettre à sa place.

Le volume de texte est vraiment conséquent. Abercrombie fait probablement partie de ces auteurices de fantasy qui pondent des pavés qui mériteraient peut-être une petite cure d’amaigrissement. Mais je trouve que ça se lit bien et rapidement. Et surtout l’ouvrage contient vraiment une belle dose d’événements et de changements qui font qu’il n’usurpe pas non plus vraiment son volume de texte.

La fin de l’ouvrage et de la trilogie résout pas mal de choses. Un certain nombre de protagonistes ont disparu et les survivants ont plus ou moins changé. Le monde dans lequel vit tout ce petit monde est aussi en train de changer d’époque. Cependant, on voit bien qu’il va probablement encore se passer beaucoup de choses. Sans que cela impose que l’auteur y revienne plus tard. Simplement, aucune conclusion n’est définitive, l’Histoire n’a pas de fin, n’en déplaise à Francis Fukuyama.

J’ai donc pris beaucoup de plaisir à lire le dernier volume de cette trilogie. Je suis content d’avoir replongé dans cet univers et dans la plume de l’auteur, que j’apprécie vraiment. J’ai aimé la trajectoire qu’il a fait parcourir à ses personnages ainsi que l’évolution qu’il propose pour son univers. Et puis j’ai vraiment eu l’impression qu’on m’offrait une friandise avec l’une des scènes de la fin du roman. Je vais probablement attendre un peu avant de replonger dans l’œuvre de l’auteur, mais je sais qu’il est déjà reparti pour un nouvel univers avec Les diables, que je trouverai donc bien le temps de lire un jour ou l’autre.

La sagesse des foules (The Wisdom of Crowds)
de Joe Abercrombie
traduit par Jean-Claude Mallé
illustré par Didier Graffet
éditions Bragelonne
814 pages (poche)

disponible en numérique chez 7switch

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