Très satisfait du premier volume que j’ai lu de la collection DC Finest, j’ai bien évidemment continuer avec le deuxième volume consacré à Batman. Un volume qui contient donc le récit The Killing Joke, mais aussi Son of the Demon, ainsi que les numéros 413 à 422 de Batman et 580 à 586 de Detective Comics. Donc pas mal de lecture en perspective sur six cents pages.
Le volume débute par une intrigue en un seul épisode, avec une histoire d’armure de samurai. Ce n’est pas très original dans son déroulement, mais c’est bien sympathique à lire et j’apprécie d’avoir de temps en temps des petits récits qui tiennent en un seul numéro, avec un début, un milieu, une fin, des personnages assez bien faits, etc.
Le numéro suivant parle d’une enquête à propos d’un tueur de femmes. Une affaire qui va marquer particulièrement Batman / Bruce. C’est fait par le tandem Jim Starlin (à l’écriture) et Jim Aparo (au dessin) et c’est bien et beau. Avec une fin qui laisse un méchant gout d’irrésolu et de frustration.
On a ensuite un diptyque concernant Two-Face et un sosie. Cette histoire réintroduit un personnage existant déjà auparavant, quelque part dans les années 1950, sur une autre Terre (Crisis on Infinite Earth est passé par là est tout remis à plat, les créateurs peuvent donc introduire de nouvelles versions d’anciens personnages). C’est assez sympathique et j’apprécie les difficultés de Robin / Jason à garder son calme.
Vient alors un récit plus long, Son of the Demon. Il s’agit d’une histoire publiée indépendamment des séries Batman et Detective Comics et comptant environ quatre-vingt pages. Le style de Jerry Bingham est vraiment différent de celui pratiqué dans les deux revues à l’époque et c’est vraiment agréable à voir. L’histoire concerne évidemment Ra’s Al Ghul et sa fille Talia et l’intrigue est pas mal avec son lot de rebondissements. Il y a cependant une ou deux scènes vers la fin où j’ai trouvé que le comportement de Batman n’allait pas vraiment avec le personnage. Et puis je n’ai jamais été fan des romances Bruce / Talia.
Arrive alors deux numéros liés à l’event Millenium (un truc en rapport avec les gardiens dirigeant le Green Lantern Corps et les Manhunters). On sent bien qu’il s’agit de deux épisodes insérés dans un tout plus large, ça donne vraiment l’impression qu’il manque des choses, notamment la résolution de l’intrigue. Mais c’est joli à regarder (Aparo sur le premier numéro et Breyfogle sur le second) et le deuxième épisode raconte des choses sympas sur le passé du commissaire Gordon.
On passe à un épisode mettant en scène Nightwing, avec quelque interaction avec Jason et surtout une discussion un peu houleuse mais intéressante entre Bruce et Dick qui évoque les raisons de leur séparation. Et c’est encore Starlin et Aparo à la manœuvre.
L’arc suivant, Fever, couvre deux numéros et parle d’une drogue qui fait des ravages à Gotham. Un sujet qui ne peut qu’intéresser l’homme chauve-souris. Cet introduit le Ventriloque et Scarface qui deviendront par la suite des méchants récurrents de l’univers Batman. C’est bien et on n’échappe pas à une scène où Batman résiste à l’influence dévastatrice de la drogue, car cet homme à un mental en acier trempé. Le premier numéro a aussi une jolie couverture de Mike Mignola, ça fait toujours plaisir à voir.
Le duo Starlin / Aparo revient pour Ten Nights of the Beast, un arc de quatre numéros. Et on y croise pour la première fois un autre méchant appelé à revenir régulièrement : KGBeast. Oui, le nom est ridicule mais le personnage est loin de l’être. L’affrontement avec Batman est particulièrement difficile et ce dernier doit vraiment tout donner pour essayer d’empêcher le tueur implacable d’éliminer toutes ses cibles. Visuellement, y a de beaux moments d’action.
On continue avec l’introduction de méchants qui reviendront par la suite, avec cette fois Ratcatcher, un sale type bien décidé à appliquer une version très personnelle de la justice. J’ai trouvé l’arc bien sympathique et les rats arrivaient à être un peu flippants par moment.
Vous vous souvenez de l’affaire du tueur de femmes évoquée un peu plus haut ? Celle au sale goût d’inachevé. Et bien elle revient, pour deux épisodes. Parce que Batman n’oublie jamais rien. Mais il doit quand même pas mal se retrousser les manches, car son adversaire ne compte pas se laisser coincer tranquillement. Ces deux numéros amènent une conclusion un peu inattendue, mais intéressante, à cette affaire.
On part ensuite pour un arc en trois numéros, Night People. Le récit se passe au cours d’une seule nuit. On y introduit deux personnages, Corrosive Man et Kadaver, qui referont un peu surface dans l’univers Batman. J’ai bien aimé le point de vue des sfd qui se sentent purement oubliés par la justice. Et tout le récit est accompagné par un chroniqueur radio qui fait défiler les titres musicaux tout au long de la nuit. J’ai bien apprécié cette idée.
Le dernier numéro de cet arc contenait un petit récit bonus, For the Love of Ivy, où il est question d’une Poison Ivy malade. L’intrigue n’est pas très intéressante, le dessin n’est pas terrible et il y a vraiment des maladresse de mise en scène dans les scènes d’action, les dialogues sont mauvais par moment. Bref, c’est totalement oubliable.
Enfin, on termine ce volume par le récit qui lui donne son nom, The Killing Joke, une histoire d’une quarantaine de planches qui fait partie des histoires très marquantes de Batman, au même titre que le Year One présent dans le volume précédent. Graphique, il n’y a rien à redire, Brian Bolland fait un très bon travail. Je suis un peu moins enthousiasmé par le récit d’Alan Moore, parce que je ne suis pas fan de la partie parlant des origines du Joker. Pour moi, c’est vraiment un personnage que je conçois comme une personnification du chaos et qui n’a pas besoin d’une origin story allant au-delà du mystérieux chef du Red Hood Gang. En tout cas pas dans une histoire qui soit autant reliée à Batman et son univers « principal ». Dans un récit beaucoup plus détaché, comme dans le film de Todd Phillips, ça me convient très bien par contre. Bref, non seulement je ne suis pas convaincu par cette partie du récit mais en plus je trouve que ça n’apporte rien. L’histoire tiendrait sans problème sans cela. Car l’autre pan de l’intrigue est très fort et marquant. Barbara Gordon et son père vivent un épisode absolument traumatique et l’art de Bolland y contribue grandement. Ça peut être difficile à lire pour certaines personnes. Enfin, si le récit nous parle beaucoup du Joker et pas mal de Batman, je trouve que le héros du récit est Jim Gordon, qui parvient à ne pas sombrer dans la folie et s’accroche à son code moral avec une force vraiment impressionnante.
Voici donc un volume rempli de belles choses à lire et à voir. Certes, il y a un ou deux trucs vraiment pas terrible dans le lot, notamment For the Love of Ivy, mais ça n’est pas grand chose comparé au reste. Cette période, encore proche de Crisis on Infinite Earth et ses changements majeurs, est riche en introduction ou réintroduction d’adversaires plus ou moins récurrents de Batman. C’est aussi une période où y a de très bons artistes qui travaillent sur les deux séries, pour peu qu’on apprécie le style des années 1980. Si j’ai quelques réserves sur les récits à part que sont Son of the Demon et The Killing Joke, j’ai tout de même passé un bon moment en les lisant et graphiquement c’est vraiment très beau à regarder. Bref, c’est une bonne dose de Batman qui me fait plaisir. Je devrais parler prochainement d’un DC Finest consacré à un autre personnage, Catwoman, avant de revenir à l’homme chauve-souris avec des histoires se passant plus tôt, avec le volume Red Skies.

Batman – The Killing Joke and other Stories
écrit par Jo Duffy, Jim Starlin, Mike W. Barr, John Wagner, Alan Grant, Lewis Klahr, Steve Piersall & Alan Moore
dessiné par Kieron Dwyer, Mike DeCarlo, Jim Aparo, Jim Baikie, Pablo Marcos, Jerry Bingham, Norm Breyfogle, Dick Giordano, Mark Bright, Dean Haspiel & Brian Bolland
encré par Mike DeCarlo, Kim Demulder, Steve Mitchell, Ricardo Villagran, Joe Rubinstein & Denis Rodier
colorisé par Adrienne Roy, Anthony Tollin, Danny Vozzo & John Higgins
lettré par John Costanza, Annie Halfacree, Albert T. Deguzman, Agustin Mas, Todd Klein, Dan McKinnon & Richard Starkings
éditions DC Comics
607 pages