Volume après volume, on avance dans la réédition du Génie des alpages sous forme d’intégrale. Nous voici maintenant rendu au quatrième volume sur cinq prévus.
On a donc ici la reprise des albums dix à douze, soit Monter, descendre ça glisse pareil, Sabotage & Pâturage et Bouge tranquille. On y trouve beaucoup d’histoires en deux planches, et un ou deux récits un peu plus long.
On prend quelques nouvelles du conducteur de l’autobus suspendu. On voit une tentative de remplacement des moutons par un lama. On nous rappelle que les touristes sont une espèce nuisible que l’on n’hésite pas à chasser. On regarde Romuald tenter d’empêcher la nuit de tomber. On assiste à la visite d’un chercheur. Le chien prend un apprenti. On abime le paysage. On se moque tant de Roland de Roncevaux que d’Hannibal et de ses éléphants. On ergote sur un caddie de supermarché. On se moque des amateurs d’oiseaux. On découvre le saut à la perche. On dérange les archéologues. On découvre une pièce obscure de Corneille et on revisite un conte de fée.
Bref, il se passe encore beaucoup de choses, des plus anodines au plus improbables. Tant le berger que le chien ou les brebis ont des idées des plus farfelues et s’occupent de tout ça parfois avec un sérieux imperturbable ou au contraire dans la folie la plus complète. Comme c’est le cas depuis le début, certains gags sont la suite directe d’un autre puisque l’on y retrouve un personnage extérieur ou une référence à une situation précédente.
Si la plupart des histoires ont des dialogues, c’est parfois même très verbeux, F’murrr nous rappelle de temps en temps qu’il sait aussi faire dans le silencieux. On trouve encore aussi quelques illustrations indépendantes, façon gravure ou carte postale, comme L’attaque de la fourgonnette postale – 1952 qui raconte beaucoup de choses en un seul dessin.
J’ai l’impression que le trait évolue un petit peu au cours de ces trois albums, les brebis ayant un aspect un peu plus arrondi à la fin, je trouve.
Et l’auteur a toujours sa capacité à balancer quelques répliques avec des fautes ou un jeu de mot absolument scandaleux, comme ce « Aoh, je suffolke » qui montre bien que F’murrr n’a honte de rien.
Ce volume comporte aussi une préface écrite par un ethnologue, ainsi que des recherches sur les personnages, les postures, les décors ou encore le découpage des planches.
Encore une intégrale dont le relecture aura été un grand moment de plaisir. Je ne me lasse pas de parcourir encore et toujours cet univers improbable. Il ne me reste plus qu’à attendre la sortie de la dernière intégrale qui conclura cette réédiion.

Le génie des alpages – Intégrale 4
de F’Murrr
éditions Dargaud
186 pages