Stormdancer, de Jay Kristoff

Il y a tellement de séries de livres que je n’ai pas encore fini que je suis parfois un peu hésitant à en démarrer une nouvelle. Évidemment, lorsqu’il s’agit d’une nouvelle série d’un auteur fétiche, l’hésitation n’est pas longue. Pour les autres auteurs, c’est déjà moins évident, en particulier pour ceux que je ne connais pas du tout. Il faut alors un ou plusieurs bons arguments pour que je me décide à m’y lancer. La série La guerre du Lotus de Jay Kristoff a donc dû aligner quelques bons appâts pour que je décide de la commencer. Voyons ce que raconte son premier volume, Stormdancer.

Après une première scène qui nous montre Yukiko dans une situation périlleuse, le recit revient en arrière pour nous expliquer comment on en est arrivé là. Démarre alors l’histoire de Yukiko et de son père à qui le shogun donne pour mission de capture un griffon, mythique créature. La mission a tout d’une chimère mais personne ne peut contester les ordres du tyran tout puissant sans le payer chèrement.

Si quantité de noms, à commencer par ceux des personnages, peut faire croire que l’histoire se passe dans le Japon du passé, on constate quand même assez rapidement qu’il n’en est rien. Même en faisant abstraction des cartes placées au début de l’ouvrage, on remarque rapidement qu’outre les créatures fantastiques telles que les onis le livre contient aussi des éléments de steampunk. En fait, Stormdancer se révèle un mélange un peu étrange au premier abord. Le monde est donc d’inspiration japonaise, avec son shogun, ses samurais et tout ce qui fait le charme de ce contexte historique. On y trouve aussi des éléments fantastiques tout droit sortis des légendes du pays du soleil levant. Mais Jay Kristoff a rajouté par dessus tout ça une sorte d’habillage steampunk : divers engins mécaniques à commencer par des dirigeables. Bref, c’est le Japon sans tout à fait être le Japon avec un habillage cosmétique par dessus. Ou pas.

L’assemblage que propose Kristoff n’est pas que cosmétique et trouve un sens par son récit. Dans son monde, la culture du lotus y a tout de notre exploitation du pétrole ou du charbon : nécessaire au fonctionnement de l’économie et en même temps destructeur de notre environnement. Avec Stormdancer, Kristoff nous raconte l’histoire de gens qui tentent de réenchanter leur monde face à l’industrialisation. Et les tenants de cette dernière, la guilde du Lotus, sont évidemment prêts à tout pour préserver leurs intérêts et n’hésitent pas à parler de nécessité vitale concernant leur activité, justifiant par la même la guerre permanente que le pays mène contre les étrangers. Toute ressemblance avec le monde réel est certainement le fruit du hasard. Et ça ne paraît pas tellement exagéré quand on regarde un peu les discours qu’on tient parfois dans notre univers.

Si le début de Stormdancer est un peu dense en informations (mais il y a un glossaire à la fin), le récit est assez dynamique et on se laisse porter par l’histoire avec plaisir. Élément clé de l’histoire, les relations entre les personnages sont assez bien rendues, en particulier entre Yukiko, son père et Buruu. Et tout ça est en fait assez accessible à un lectorat adolescent. L’une des rares choses à m’avoir fait un peu grincer des dents sont les katana-tronçonneuses, qui cherchent évidemment à représenter ce steampunk japonisant mais que je trouverai plus à leur place dans Warhammer 40.000.

Bref, tout ça fait un bouquin que j’ai lu assez rapidement et avec beaucoup de plaisir. L’univers créé par Jay Kristoff est bien fichu, la thématique sur l’environnement assez bien traitée (les descriptifs de lieu ravagés par la pollution évoquent terriblement certains endroits de notre planète). Et en auteur intelligent, Kristoff termine l’ouvrage avec un semblant de fin permettant de s’arrêter là ou de poursuivre la série dans le deuxième volume. Et c’est probablement cette dernière option que je vais choisir.

StormdancerStormdancer (Stormdancer)
de Jay Kristoff
traduit par Emmanuelle Casse-Castric
illustration de Sylvie Veres
éditions Bragelonne
393 pages (grand format)

Disponible en numérique sur 7switch

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