La voie de la colère, d’Antoine Rouaud

L’année 2013 aura vu quelques gros lancements de fantasy française. L’Atalante s’est occupé de Régis Goddyn et de son sang des sept rois, au sujet duquel j’avais dit pas mal de bien. J’ai Lu a proposé le premier volume de Martyrs, la nouvelle série d’Olivier Peru, à laquelle je devrai m’intéresser un jour ou l’autre. Enfin, Bragelonne a publié La voie de la colère, premier volume de Le livre et l’épée, trilogie d’Antoine Rouaud. C’est sur l’oeuvre de ce nouvel auteur que je vais me pencher aujourd’hui.

L’Empire n’est plus et la République a pris sa place. Une jeune historienne nommée Viola se met à la recherche de l’épée légendaire de l’empereur. Sa quête l’amène au fin fond d’une taverne de Masalia, où elle retrouve Dun-Cadal, héros de guerre du défunt empereur. L’ancien général va alors lui raconter son histoire, celle de Grenouille son apprenti et celle de la chute de l’Empire telle qu’il l’a vécu.

La voie de la colère démarre de façon plutôt classique, mais efficace. On plonge assez rapidement dans les souvenirs de Dun-Cadal et on découvre peu à peu le passé du personnage et sa relation avec son apprenti. Le style de Rouaud est fluide et l’on avance sans soucis dans l’ouvrage. L’alternance présent-passé se fait sans accroc et le rythme est suffisamment soutenu pour que l’on n’ait pas envie de reposer le bouquin.

Certains pourront reprocher à l’auteur de ne pas développer suffisamment son univers. Pourtant, tout ce qui est nécessaire à l’histoire est présent. Rouaud n’ensevelit pas son lecteur sous une tonne de détails superflus. De plus, La voie de la colère est un ouvrage centré sur la relation entre deux personnages, pas une intrigue basée sur des luttes dynastiques. L’auteur ne se disperse pas dans des histoires annexes ou des péripéties sans intérêt. Il en va de même pour les personnages secondaires, forcément moins étoffés que le duo autour duquel tourne l’histoire (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont secondaires).

Mais ce qui m’a vraiment charmé dans La voie de la colère, c’est la façon qu’a l’auteur de revoir l’histoire et les retournements de situations qu’il nous offre. Si la première moitié du récit est tout à fait sympathique, c’est la deuxième partie du roman qui le rend vraiment intéressant et remet en perspective pas mal de choses. J’apprécie aussi la capacité qu’a Rouaud de faire resurgir des éléments qu’on avait un peu négligés, voire carrément oubliés.

Sous des dehors de fantasy très classique, voire banale, Rouaud tisse en fait une toile beaucoup plus intéressante qu’il n’y paraît au premier abord et dont la vision de l’envers permet de mieux appréhender l’endroit. S’il est une leçon à retenir du roman, c’est que l’Histoire est un mensonge.

La voie de la colère est l’une de mes meilleures lectures fantasy de l’année, avec Le sang des 7 rois de Régis Goddyn et Servir Froid de Joe Abercrombie. L’ouvrage se termine d’une façon qui me permet de patienter tranquillement avant le volume suivant, lequel sera néanmoins attendu avec beaucoup d’intérêt pour voir si Rouaud est capable de renouveler la prouesse, qui devra forcément emprunter des sentiers différents de ceux de ce premier opus.

La voie de la colèreLa voie de la Colère
d’Antoine Rouaud
illustration de Larry Rostant
éditions Bragelonne
469 pages (grand format)

disponible en numérique chez 7switch

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3 réflexions sur « La voie de la colère, d’Antoine Rouaud »

  1. J’aime beaucoup ton avis. oui c’est exactement ça!! ce n’est pas de la fantasy classique. Il est plus simple à lire puisque moins lourds de description. On s’attache beaucoup à la relation maitre/élève et c’est la présentation de l’histoire qui en faite tout l’originalité, tout le charme. Merci 🙂

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